Guinée : Des « signes évidents » d’une incompréhension entre la junte et des acteurs politiques

CONAKRY-Près de deux (2) mois après le coup d’Etat contre Alpha Condé, la transition a toujours du mal à démarrer véritablement son "turbo". Le flou qui entoure jusque-là sa durée, et le non achèvement de la mise en place de ses organes, alimentent toutes sorte de suspicions.
Finis le temps de l’euphorie et les liesses populaires, l’opinion devient de plus en plus regardante vis-à-vis des actions posées par la junte. Entamée à la mi-octobre, les nominations des membres du Gouvernement continuent de tomber au compte-gouttes. L’équipe de Mohamed Béavogui n’est toujours pas complète. Une situation bien inédite qui soulève des interrogations.
La classe politique observe de près cette situation alors que ses revendications n’ont pas encore trouvé de réponses. Or, elle n’a pas manqué de signifier son insatisfaction par rapport au quota à elle alloué au Conseil national de la transition, l’organe législatif, par le CNRD (comité national du rassemblement pour le développement. Jusque-là, la junte n’a pas donné suite à ses préoccupations.
Certains acteurs politiques commencent déjà à s’impatienter et prévient qu’« une transition qui dure est un danger ». Si l’initiative des concertations avec la classe politique et sociale avait été saluée, leur issue n’a pas produit les résultats escomptés. Certains acteurs politiques restent encore sur leur faim par rapport à certaines décisions prises par le Cnrd.
« Nous estimons qu'il est important que la junte rencontre les partis majeurs. On a tous salué la décision de la junte, mais il y a des critères de choix qui doivent être mieux élaborés », préconise Saikou Yaya Barry.
Bah Oury qui avait été reçu par le chef de la junte, vient de sonner une alerte qui en dit long sur ses inquiétudes et surtout les risques d’une transition qui dure. “La transition, son rôle principal, c’est de jeter les bases permettant aux régimes démocratiques qui seront installés par la suite pour continuer de travailler (…) Une transition qui dure devient un danger pour la transition, c’est la raison pour laquelle, il faut avoir une période optimale. Aller au-delà des 2 ans et demi, c’est mettre la transition en danger », avertit l’opposant.
Même son de cloche chez Fodé Oussou Fofana qui veut une transition courte. « Il ne faut pas que la transition soit trop longue. On parle de transition. Quand la transition est trop longue, ce n’est plus une transition. Elle doit être courte. Ce que je souhaite pour le colonel Doumbouya, c’est qu’il rentre dans l’histoire par la grande porte en organisant une transition, mettre les institutions en place, favoriser le retour à l’ordre constitutionnel », a averti le vice-président de l’UFDG, tandis que Cellou Dalein Diallo déplore le manque de « dialogue » entre la junte et la classe politique.
Ces différentes alertes présagent une éventuelle crise entre le Cnrd et la classe politique. En tout cas, les prémisses sont là. Au colonel Doumbouya de savoir lire et comprendre le message pour prendre des mesures adéquates.
Abdoul Malick Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 669 91 93 06
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