Grande interview : Tibou Kamara livre des secrets de la transition et de la présidentielle de 2010…

Tibou Kamara, Ministre d'Etat Conseiller personnel du Président de la Républiqueu

CONAKRY- Il était 12h (GMT) lorsque le Ministre Conseiller personnel du Président Alpha Condé est arrivé dans nos locaux. Avec le Ministre Tibou Kamara, nous avons abordé plusieurs sujets dont les évènements du 28 septembre 2009, les deux transitions et la présidentielle de 2010. Sans langue de bois, le Conseiller personnel du Chef de l’Etat a également abordé avec nous la question relative à la crise politique que traverse le pays, les difficultés qu’il rencontre dans l’exercice de sa mission. Homme de confiance de plusieurs Chefs d’Etat, Tibou Kamara nous livre ici son secret. Exclusif !!!


 

AFRICAGUINEE.COM : Comment avez-vous réussi à obtenir l’autorisation de la marche du 04 octobre dernier qui avait été interdite par le Gouverneur Mathurin Bangoura ?

Tibou Kamara : Je pense que c’est le Chef de l’Etat qu’il faut féliciter pour avoir fait preuve de hauteur de vue et de sagesse. Cela n’est pas étonnant pour qui connait son histoire liée à une longue opposition consacrée à défendre les droits et les libertés dans notre pays. Ensuite féliciter le Chef de file de l’opposition qui a bien voulu accepter qu’un autre itinéraire que celui qu’ils avaient proposé soit choisi pour le leur manifestation, mais qui a aussi appelé ses militants au clame et à la retenue pour que la manifestation se déroule dans les meilleures conditions.

C’est donc l’esprit de concertation et le souci de parvenir à un accord pour préserver la paix sociale tout en permettant l’exercice des droits et des libertés, c’est ce qui a abouti à ce que non seulement la manifestation ait lieu, mais qu’elle ait lieu dans le calme, l’ordre et la paix.

Vous êtes à la fois le Conseiller personnel du Chef de l’Etat et un ami du Chef de file de l’opposition. Est-ce une position facile à supporter ?

La relation avec l’un et l’autre remonte très loin dans le temps. Lorsque l’un n’était pas Président et l’autre n’avait même pas encore commencé à faire la politique à plus forte raison incarner une opposition. Donc, ce sont des relations d’amitié et de confiance qui ont résisté aux épreuves politiques et aux vicissitudes du temps. Je m’en réjoui et m’en félicite. Cela permet aujourd’hui d’aider à un meilleur climat dans les rapports entre les deux hommes, à pouvoir parler chacun dans l’intérêt de notre pays et aussi pour une meilleure promotion de notre démocratie.

Malgré vos efforts, la crise perdure toujours. Quelles sont les démarches que vous êtes entrain de mener pour ramener toutes les parties autour de la table du dialogue ?

Chaque fois que l’opposition manifeste ou menace de le faire, c’est parce qu’elle estime n’avoir pas été entendue ou avoir épuisé toutes les voies de recours. Le dialogue entre le Chef de l’Etat et le Chef de file de l’opposition a permis d’ouvrir une session du dialogue entre les acteurs politiques qui a abouti à la conclusion d’un accord pour non seulement consolider le processus démocratique, mais aussi permettre d’aller à des élections apaisées en particulier. Donc, cet accord a évité au pire et le cycle de manifestations qu’on a connues par le passé. Mais il est évident que parfois on rencontre des difficultés dans l’application de l’accord. Je peux vous dire que c’est indépendamment de la volonté du Chef de l’Etat dans la mesure où d’ailleurs, chaque fois qu’il y a eu un blocage ou des incompréhensions, il est intervenu pour aider à une sortie de crise comme il l’a fait à l’occasion de la dernière manifestation.

Je pense qu’il appartient à chacun de nous aussi bien du côté du pouvoir que dans l’opposition de rester dans l’esprit de l’accord qui a permis d’obtenir une trêve dans le débat politique, mais surtout une source de confiance entre les acteurs. C’est cela qui a éviter que l’opposition n’ait recours à la rue, c’est ça qui permettra aussi à notre pays de connaître la stabilité.

L’opposition dénonce également l’impunité qui entoure les assassinats enregistrés lors de ses manifestations…

La solution c’est d’éviter les manifestations parce que malheureusement, lors qu’il y a des manifestations, malgré les précautions que l’Etat prend pour préserver l’ordre public et la vie des citoyens, et aussi la bonne foi de l’opposition à marcher pacifiquement, il y a toujours des risques de débordement et des comportements incontrôlés de certains qui conduisent à des scènes malheureusement de violence et parfois provoquent la perte en vies humaines de certains de nos concitoyens. Je pense qu’on peut par le dialogue régler les problèmes qui peuvent se poser de temps en temps. Il faut éviter de recourir à la manifestation et aussi de l’autre côté, nous avons le devoir et la responsabilité de toujours créer les conditions de la confiance et du dialogue avec l’opposition pour ne pas l’amener à douter de notre bonne foi et la sincérité de nos engagements. Donc, C’est une responsabilité partagée de préserver la paix et de faire en sorte que les droits et libertés reconnus aux citoyens s’exercent dans l’ordre et la discipline et la sécurité de chacun.

En ce qui me concerne, je pense que la bonne foi du Président et la volonté politique de résoudre les problèmes notamment les engagements contenus dans l’accord politique nous aident beaucoup à ne pas aller dans une escalade regrettable pour le pays. L’opposition aussi depuis quelques temps est plus ouverte au dialogue et essaie d’éviter autant que possible de recourir aux manifestations lorsqu’une autre solution est possible. Je pense que ce sont des malentendus et des incompréhensions qui surviennent de temps en temps. Et aussi avec les difficultés qu’on rencontre dans l’application de l’accord, on peut avoir le sentiment parfois que c’est un regain de tension ou qu’on retombe dans la crise d’avant. Mais moi je suis convaincu qu’on tient le bon bout et que la raison comme on l’a vu avec les dernières manifestations va habiter chacun d’entre nous pour préserver l’essentiel qui est notre pays.

Le 28 septembre dernier cela a fait huit ans depuis qu’il y a eu les massacres dans un stade de Conakry. Que vous rappelle ce triste souvenir ?

Je rappelle d’abord que c’est une page triste de l’histoire de notre pays parce qu’elle est émaillée de violences politiques depuis notre indépendance, mais ce qui s’est passé le 28 septembre 2009 est quelque chose d’extraordinairement difficile à supporter pour les familles et pour les citoyens guinéens qui aspirent à la justice et à la vérité. Moi j’ai exprimé mon désaccord avec ce qui s’est passé en démissionnant et aussi comme beaucoup d’autres citoyens je souhaite que la vérité soit connue et que la justice soit rendue aux victimes, de manière à ce que cessent les violences politiques d’une part, mais aussi que le sentiment d’impunité n’encourage pas de récidiver dans la violence. L’impunité qui amène souvent à recommencer. Si on prend l’habitude de sanctionner les délits et les crimes, il est évident que notre société sera meilleure. Je pense que c’est un défi pour la justice guinéenne de faire la lumière sur ces évènements tragiques. C’est une demande sociale que cette justice soit rendue. Il faut en tenir compte parce que pour faire un deuil, les familles ont besoin de connaître la vérité, elles ont besoin qu’on leur rende justice. Donc je milite avec tant d’autres pour que la vérité soit connue et que la justice soit rendue aux victimes.

Moi à l’époque, malheureusement je n’étais pas à un poste qui me permet d’apporter un témoignage qui pourrait éclairer la justice dans l’instruction qui est en cours. Mais lorsqu’elle a eu besoin de moi, je me suis présenté et j’ai réitéré à cette occasion qu’à chaque fois que ce sera nécessaire et que l’instruction aura débouché sur la nécessité que je sois entendu, je reste disponible pour la justice surtout dans ce dossier très sensible pour notre histoire et qui pour la conscience nationale est une interpellation quotidienne. Moi personnellement, je n’en sais pas grand-chose, mais si on estime que ma contribution est utile à connaitre la vérité, je suis disponible à apporter cette contribution. Mais en tout état de cause, sur ce drame que le pays a connu, il faut que la vérité soit connue et que justice soit rendue aux familles des victimes.

A l’époque vous étiez très proche du capitaine Moussa Dadis Camara et il se dit que vous étiez dans les négociations pour amener les forces vives à renoncer à la tenue de cette manifestation le 28 septembre. Qu’en est-il monsieur le ministre d’Etat ?

Non je pense comme souvent qu’il y a toujours des avis divergents. Et à cette époque ça n’a pas fait exception à la règle. Lorsque l’opposition a appelé à manifester si je me rappelle bien pour s’opposer à une éventuelle candidature du capitaine Dadis à l’élection présidentielle, comme toujours il y avait deux avis. Ceux qui estimaient qu’elle n’était pas appropriée et donc il fallait interdire la manifestation et ceux qui ont estimé comme moi, qu’il fallait laisser faire la manifestation en prenant bien sûr la précaution qu’elle se déroule calmement. Finalement le Président Dadis a été convaincu de la nécessité de laisser faire la manifestation mais à deux conditions qu’il a indiquées ; Que ce ne soit pas le 28 septembre qu’il estimait être une fête nationale, qu’il fallait épargner les contestations ou des revendications politiques, et puis le stade qu’on disait à l’époque du 28 septembre en rénovation, il a souhaité que la manifestation se tienne ailleurs notamment au stade de Nongo. Ces deux demandes, il a eu l’occasion d’en discuter avec le Président de l’UFR (Union des Forces Républicaines, Ndlr), Sidya Touré. Pour ceux qui s’étonnent que ce soit à une heure tardive, tout le monde sait qu’à cette période, le travail se faisait la nuit au camp Alpha Yaya. Donc il n’y avait rien d’extraordinaire. Malheureusement il n’y a pas eu de compromis entre Sidya Touré et lui autour de la manifestation que l’opposition avait projetée de faire à l’époque. Naturellement parce que ce n’était pas autorisé, il y a eu des accrochages, malheureusement entre les forces de l’ordre qui voulaient empêcher la manifestation et l’opposition qui était déterminée à manifester. Avec malheureusement le bilan tragique que nous connaissons, et qui jusqu’aujourd’hui pèse sur la conscience nationale et interpelle chacun d’entre nous par rapport à la nécessité non seulement d’établir la vérité dans ce drame mais de rendre justice aux familles des victimes.

Moi personnellement je n’étais pas présent au moment des faits. D’ailleurs j’ai vécu tout ça à distance, à domicile. Je n’ai rien à me reprocher comme j’ai eu à le dire à maintes occasions. D’ailleurs ce n’était pas évident. Pour marquer mon désaccord, j’ai eu à démissionner et j’ai même quitté le pays pendant toute la période qui a suivie avant la deuxième transition ne se mette en place. C’est un évènement tragique que je regrette comme tant d’autres guinéens et pour lequel je souhaite que la lumière soit faite et que justice soit rendue à toutes les victimes et à leur famille.

Le ministre Koutoubou Moustapaha Sano a écrit un livre pour dire sa part de vérité sur la transition en général et en particulier sur les massacres du 28 septembre 2009. Quelle appréciation faites-vous de ce livre ?

Je n’ai pas lu le livre, mais comme vous l’avez si pertinemment dit, c’est sa version des faits. Ce qui ne veut pas dire que c’est la vérité. J’ai d’autant plus de raisons de douter que ce ne soit la vérité parce que comme vous le savez le premier ministre Kabinet Komara qui a été invité à la dédicace de ce livre, séance tenante, sans aucune précaution a démenti un paragraphe du livre qui concerne les conditions dans lesquelles les leaders politiques ont été libérés. Moi-même ce matin invité dans une émission de radio j’ai relevé beaucoup de contrevérités dans le livre qu’il a écrit.

Lesquels ?

Par exemple lorsqu’il parle du deuxième tour de l’élection présidentielle en expliquant que Ben Sékou Sylla (ancien président de la Commission électorale nationale indépendante, Ndlr) est venu voir le Général Konaté pour lui dire qu’il avait l’intention d’éliminer les votes dans certaines circonscriptions pour favoriser une deuxième place de Sidya Touré, mais tout le monde sait que ça ne s’est pas passé comme ça. De cela, je tire la conclusion qu’il y a rien de vrai parce que d’abord il y a deux sources authentiques. Vous-mêmes vous avez eu à rencontrer le Général Sékouba Konaté, souvent il vous a expliqué dans quelles circonstances Sidya Touré qui était 2è à la faveur de l’élimination des voix dans les circonscriptions favorables au président actuel, comment il s’est retrouvé de la 2è place à la 3è place. Et Alpha Condé qui avait été injustement mis à la 3è place parce que les votes dans ses fiefs ont été arbitrairement annulés est remonté à la 2è place. Mais cette discussion n’a eu lieu qu’entre le Général Sékouba Konaté, Ben Sékou (paix à son âme) et moi-même. Je tiens à redire que c’est moi qui ai demandé à ce que la vérité des urnes soit rétablie. Parce que lorsque Ben Sékou a expliqué que c’est à la suite de l’élimination des voix dans les fiefs d’Alpha Condé qu’il s’est retrouvé à la 3è place, et que Sidya est monté à la deuxième place, je lui ai dit que c’était injuste parce que le vote sur l’ensemble du territoire national a connu beaucoup d’irrégularités, pourquoi alors faire une élimination sélective des voix ? Parce que si on tenait compte des irrégularités, c’est tout le vote qu’il fallait annuler, ce n’était pas dans une partie du pays et dans le fief d’un des candidats surtout que cela modifiait l’issue du scrutin. Donc je l’assume pleinement parce que ce n’est pas une faveur que j’ai faite au Président Alpha Condé, c’est une injustice que j’ai évitée. Il fallait une égalité, une équité entre les candidats. Le Général n’a jamais été impliqué en cela. C’est avec Ben Sékou que la discussion a eu lieu, c’est vrai en présence du Général. C’est moi qui ai rétabli la vérité des urnes. Le Général n’a jamais eu une discussion où il proposait d’éliminer des voix au profit de Sidya. Il était venu avec des résultats qui donnaient Cellou 1er, Sidya 2ème, Alpha Condé 3ème , mais à la faveur d’un arbitrage discrétionnaire qui l’a amené à éliminer injustement et arbitrairement des voix dans les fiefs favorables à Alpha Condé. Donc lors qu’on dit que Ben est venu avec une proposition que le Général a rejetée, il a donné l’instruction de rétablir les résultats, je m’inscris en faux contre cela et jusqu’à preuve du contraire, je viens de le dire, la discussion a eu lieu entre Ben Sékou, et moi-même en présence du Général. Je ne me souviens pas que Koutoubou ait été présent pour prétendre pouvoir dire ce qui s’est passé ce jour-là.

Et quand il parle de la composition du Gouvernement, il n’était pas présent. C’est une discussion qui a eu lieu en dehors de lui, pendant son absence parce que moi-même j’ai dû intervenir à la demande d’une personne proche de lui pour qu’il soit maintenu dans le gouvernement parce qu’il faisait partie des personnes qui figuraient sur une liste noire de Jean Marie Doré, civils et militaires qu’il ne voulait pas voir figurer dans le Gouvernement pour des raisons qu’il m’a expliquées.

Nous avons appris que vous étiez pressenti au poste de Premier Ministre pendant la transition ?

Lorsque le Général a été appelé à conduire la transition, c’est vrai, il m’a fait la proposition d’être le Premier ministre. Mais moi j’ai estimé que je n’étais pas le mieux placé pour occuper cette fonction ? Et d’ailleurs cela est intervenu avant la nomination et le choix de Jean Marie Doré pour le poste. Donc, je n’ai jamais eu l’ambition d’être premier ministre à cette période et même maintenant. Moi je suis le cours normal de ma vie et je ne force pas le destin. Donc lorsque j’ai décliné l’offre du Général, je lui ai proposé de prendre Jean Marie à ma place, ce qu’il a accepté volontiers. Et par la suite, c’est un choix qui a été entériné par les forces vives. Là aussi parce qu’il y avait des hésitations de la part de Jean Marie qui a estimé que c’était mieux pour lui de compétir à la faveur des élections qui allaient venir que d’occuper un poste de premier ministre de la transition.

Jean Marie Doré avait semble t-il posé deux conditions ?

Absolument !

Lesquels ?

La première condition c’était tout en étant Premier Ministre de pouvoir être candidat à l’élection présidentielle. Ce qui n’était pas compatible parce qu’on ne peut pas être juge et partie. Lorsque cela n’a pas marché, il a demandé alors que la transition soit la plus longue possible pour qu’il ait le bénéfice de l’action qu’il conduirait à la tête de l’exécutif. La transition a eu lieu sur un an alors qu’il estimait peut être à tort ou à raison qu’il fallait un minimum de deux ans sinon de trois ans pour faire une transition la mieux élaborée possible et la plus achevée. Malheureusement aucune des deux conditions n’a été acceptée parce que le contexte à l’époque ne le permettait pas. Et aussi la volonté du Général Konaté c’était une transition rapide au bout de laquelle on aurait fait les élections.

Vous avez travaillé avec tous les régimes pratiquement, du Général Lansana Conté à Alpha Condé. C’est quoi votre secret ?

Je pense qu’i faut rendre grâce à Dieu de pouvoir être utile à son pays et de répondre chaque fois à l’appel qui nous est fait. Je pense qu’on ne peut pas faire la politique et s’engager pour son pays si on n’a pas le souci des autres et si on n’est pas animé par un patriotisme certain. Moi je suis un ouvrier de la République. Ceux qui estiment avoir besoin de moi, quand il s’agit de servir les intérêts du pays, je reste disponible, mais je n’en fait pas une condition pour servir mon pays. Je pense qu’on n’a pas besoin d’être à un poste ou d’avoir une responsabilité publique pour être utile aux autres et pour servir son pays. Mais le destin a voulu que chaque fois qu’il y a un changement, que ceux qui en sont légitimement fondés à nous diriger estiment que modestement je peux leur apporter une contribution pour la réussite de leur mission. Je m’honore de cela et cela m’engage à toujours continuer d’avoir un comportement exemplaire parce que finalement il n’y a que la loyauté qui paie et la sincérité dans les relations personnelles qu’on peut avoir et aussi dans la collaboration lorsqu’il s’agit de l’Etat. Je tacherai de mériter toujours la confiance qu’on pourrait placer en ma modeste personne.

Pendant votre exil vous aviez des relations très tendues avec le Président Alpha Condé. Est-ce que le come-back a été facile pour vous ?

L’avantage que j’ai, c’est que j’ai connu le Président Alpha Condé avant qu’il ne soit Président. Depuis qu’il était dans l’opposition, on se fréquentait, nous avions pris l’habitude de discuter de tout à propos des problèmes du pays, des inquiétudes que chacun pourrait avoir. Aujourd’hui encore on a gardé cette habitude. La seule chose qui a changé, c’est qu’il est devenu président de la République, il faut en tenir compte en ayant à l’esprit que nous ne pouvons donner qu’un avis. Nous ne pouvons être à la limite qu’être consulté par lui, mais personne ne peut prendre la décision et personne ne peut décider à sa place. C’est cela qui a changé et moi je le respecte et je connais mes limites par rapport à sa fonction, à son statut et à la responsabilité qu’il incarne. Je n’abuse pas ni de l’amitié, ni de la confiance.

Est-ce qu’il vous arrive d’avoir des coups-bas de la part de certains de ses collaborateurs ?

Les rapports de pouvoir sont toujours des rapports de rivalité et malheureusement parfois de violence et d’incompréhension. J’ai parfois le sentiment d’être incompris et même de rencontrer beaucoup d’hostilité parce que ce n’est pas toujours qu’on partage mes idées et les convictions. Mais comme j’ai l’habitude de le dire, tant que j’aurai le soutien et la confiance du Président de la République qui m’a nommé, je continuerais la tâche et je me dévouerais davantage. L’adversité fait partie de la vie, mais l’essentiel c’est d’avoir une grande force de conviction et d’être porté par un idéal qui nous permette de supporter cette adversité.

Vous êtes dans les locaux d’Africaguinee.com, avez-vous un message à l’endroit de nos lecteurs ?

Très sincèrement et sans démagogie, je voudrais vous féliciter pour le travail que vous faites parce que vous êtes un des rares sites, il faut avoir l’honnêteté de le dire, qui ne tombe pas dans l’invective, comme on le voit très souvent, qui ne reprend pas des débats de caniveaux. Vous êtes pour la contradiction fondée sur l’idée, sur les arguments. Moi-même j’en ai fait l’expérience avec vous. C’est un respect admirable pour vos lecteurs, cela aussi vous honore parce que le journalisme impose un sens très élevé de responsabilité.

Donc, de mon point de vue personnel et très modeste, vous faites un site de référence pour ceux qui veulent vraiment s’informer sur le pays. Parce que non seulement, il y a le sérieux des informations, mais il y a un équilibre entre les acteurs qui montre qu’il n’y a pas de partie pris, il n’y a pas de prise de position en faveur d’un camp contre l’autre, comme on le voit parce que malheureusement les contradictions politiques se retrouvent aussi dans les medias. Vous avez résisté à la tentation et à la facilité de choisir un camp contre un autre comme c’est très courant. Vous faites en sorte que la parole soit donnée à tout le monde et que chacun se sente impliqué et que personne n’ait le sentiment d’être lésé par rapport à un autre. Il faut garder cette équité, cette distance avec les acteurs parce que c’est ce qui fera vote honneur personnel et la crédibilité de votre site d’ailleurs qui est réelle, mais que vous devez renforcer, en restant vous-mêmes comme vous le faites.

 

Entretien réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 655 31 11 11

Créé le 10 octobre 2017 14:31

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