CONAKRY- Après les législatives, les candidats se bousculent déjà pour le perchoir de l'assemblée nationale. D'ailleurs, le parti de Papa Koly Kourouma n'exclue pas de briguer ce fauteuil, même si l'opposition conteste toujours les résultats du scrutin. Dans cet entretien accordé à notre rédaction, le Ministre d’Etat chargé de l’énergie, Papa Koly Kourouma exprime son opinion sur la situation politique en Guinée sans oublier le bilan de son département pour la fourniture de l'eau et l'électricité. Avec son parti, “Générations pour la Réconciliation, l’Union et la Prospérité“, il affiche ouvertement ses ambitions…
AFRICAGUINEE.COM : Quelle lecture faite-vous des résultats définitifs du scrutin législatif du 28 septembre dernier qui ont été rendus publics par la cour suprême la semaine dernière ?
PAPA KOLY KOUROUMA :A notre avis, la cour suprême a rendu une décision très sage. Une décision que je qualifie de politico juridique. Elle a décidé de mettre les parties dos à dos, et je pense que c’est une bonne décision qui vient confirmer les résultats provisoires qui ont été donnés par la CENI. Je pense que les acteurs politiques devraient prendre acte de cette décision, et se mettre tout de suite à la tâche pour faire avancer les choses pour que désormais la Guinée sorte de cette transition en mettant en place un parlement sorti des élections démocratiques.
Toutes les parties ont eu à porter des griefs au niveau de la cour suprême, et la cour suprême a tranché en se déclarant incompétente pour certains recours. Je pense que ce qui est là, il n’y a jamais d’élections parfaites. Il y a des standards auxquels on peut se référer. Nous estimons que les élections se sont passées en Guinée dans les normes. Il est important qu’on prenne acte et qu’on avance.
AFRICAGUINEE.COM : Quel est votre avis sur la décision de l’opposition de saisir les juridictions supra nationales ?
PAPA KOLY KOUROUMA : C’est son droit. Vous savez, le fondement principal de la politique, ce sont les contradictions. Dès lors qu’il n’y a pas de contradiction, il n’y a pas de démocratie. Quand on n’est pas satisfait, on le dit. Mais ce qu’il faut savoir, c’est la Guinée qui gagne. Il y a quand même ce qu’on appelle la démocratie. L’opposition est entrain de jouer son rôle. Ça c’est son rôle, c’est sa partition ça. Donc, on ne peut l’empêcher de jouer cette partition. Moi je pense que l’opposition est dans ses droits.
Maintenant, saisir des juridictions supranationales, le problème est de savoir est-ce que ces juridictions sont compétentes pour recevoir les recours qu’ils vont porter à leur niveau, ça c’est ma question.
Quant à saisir ces juridictions, c’est leur droit. Mais nous estimons qu’on finira toujours par s’entendre, se mettre autour de la même table et discuter des problèmes politiques là où ça doit se discuter.
Aujourd’hui, qu’est-ce qui préoccupe les guinéens ? C’est de pouvoir changer le lieu des débats. Pendant plus de trois ans, les débats se sont fait dans la rue, accompagnés de violence. Le parlement devait pouvoir contenir désormais ces débats. C’est pourquoi, nous souhaitons maintenant que ce parlement soit mis en place de façon multicolore, (mouvance et opposition) pour que les débats soient continus là où il faut.
Et nous pensons que les acteurs politiques guinéens, ce sont des acteurs qui peuvent mieux faire. Chacun est entrain d’aller consulter sa base. Moi je suis certain qu’au retour des consultations qui se font à la base, il va y avoir de consensus, et des positions seront prises qui seront débattues. Le parlement sera mis en place et nous sortirons de la transition.
AFRICAGUINEE.COM : Nombreux sont les observateurs qui ont été surpris des résultats obtenus par votre formation politique, le GRUP, qui n’a eu qu’un seul siège. Quel commentaire faîtes-vous ?
PAPA KOLY KOUROUMA : Ces résultats reflètent la stratégie que nous avons eu à mettre en place. Vous êtes témoins oculaires de ce qui s’est passé dans notre fief, dans la région de Nzérékoré. Nous avons eu à donner des consignes de vote à ceux que nous appelons nos grands électeurs. Je pense que ces consignes là ont été suivies. Et si aujourd’hui nous avons eu un député, nous pensons que nous méritons ce député. Et nous avons gagné parce que la mouvance a gagné. Ce que je vais vous rappeler aujourd’hui, je pense qu’il est important de le dire, le parti GRUP est une nouvelle formation, mais c’est le nom qui a changé. Les Hommes restent encore là. Nous avons les mêmes Hommes qui, hier se sont battus qui ont mouillé le maillot pour le RDR (Rassemblement pour la Défense de la République, Ndlr), qui nous avait porté à la candidature des présidentielles de 2010, et ces Hommes sont encore là.
Donc, nous pensons que le parti GRUP est jeune de par sa naissance, mais grand parti par son implantation. Ce que je puisse vous dire également, c’est qu’à l’issue du premier tour des élections présidentielles, le RDR et ses alliés ont signé un accord politique avec le RPG. C’est ce qui est, et demeure encore dans son contenu, dans sa consistance, et que nous pensons que le Président de la République tient à respecter.
Au moment arrivé, on parlera de cet accord politique, mais il existe bel et bien, que nous disposons, parce qu’il existe bon nombre qui ne sont pas au courant de l’existence de cet accord politique, mais je vous informe qu’il existe.
Quant à notre position par rapport à notre alliance, nous sommes de la mouvance. Je le dis et je le redis. Cet accord là nous engage. Nous sommes dans l’esprit de cet accord et nous souhaitons que l’esprit de cet accord demeure.
AFRICAGUINEE.COM : Selon nos informations, cet accord là prévoit que la présidence de l’Assemblée nationale vous revienne. Est-ce que vous confirmez ça aujourd’hui ? [IMG2]
PAPA KOLY KOUROUMA : Moi je vous dirais tout simplement qu’il y a un accord. Cet accord est là, et j’estime que l’esprit de cet accord sera respecté. Je pense que le Président est dans les bonnes dispositions pour le respect du contenu de cet accord. Même si à un moment donné il n’y a pas eu de respect de l’ensemble de ce qui est écrit dans sa généralité, j’estime qu’on est en voie de respecter ces accords.
AFRICAGUINEE.COM : Est-ce que vous êtes satisfaits des résultats définitifs du parti GRUP ?
PAPA KOLY KOUROUMA : Mais, qu’est-ce qu’on peut faire ? On aurait souhaité avoir la majorité absolue. Si on n’arrive pas à avoir la majorité absolue et qu’on s’en sort au moins avec une majorité relative, nous disons que ça va et que ce sont les réalités du terrain qui auraient donnés ces résultats. On ne peut pas faire autrement. On est dans un jeu démocratique, ce jeu démocratique a voulu que les résultats soient ce qu’ils soient, donc on ne peut que se soumettre à ces résultats.
AFRICAGUINEE.COM : Aujourd’hui, bon nombre estiment que la mouvance a perdu du terrain avec ces résultats, notamment à cause de la perte de toutes les circonscriptions de la capitale Conakry. Votre réaction ?
PAPA KOLY KOUROUMA : Non, la mouvance n’a pas perdu du terrain. La mouvance reste toujours majoritaire. Maintenant, perdre des circonscriptions, ça c’est un fait. Et perdre la majorité, ça c’est une autre chose. A partir du moment où nous avons la majorité, nous pensons que c’est ce qui est essentiel. Vous verrez qu’à la présidentielle, on a eu entre 51, 52%. Et donc, cette majorité que nous avons reflète la même chose. Je pense qu’il est temps maintenant que nous travaillions davantage pour pouvoir dépasser ces résultats dans les prochaines consultations électorales à venir. Et ce qui doit se faire, c’est maintenant, occuper le terrain davantage et essayer de se dépasser. Il faut que la mouvance se dépasse et améliore son score.
AFRICAGUINEE.COM : Votre candidat va-t-il tenter de briguer la présidence de l’Assemblée nationale ?
PAPA KOLY KOUROUMA : Briguer la présidence de l’Assemblée nationale c’est une chose. Mais pourquoi pas si ça devait être le cas. Notre candidat peut bien briguer la présidence, mais cela se fait dans une espèce de consensus au sein de l’alliance parlementaire que nous allons avoir.
AFRICAGUINEE.COM : Est-ce que des négociations sont déjà entamées avec le RPG arc-en-ciel ?
PAPA KOLY KOUROUMA : Moi je pense qu’il ne devrait pas y avoir de négociations formelles. Ce qui doit se négocier est déjà transcrit dans l’accord politique que nous avons avec le RPG depuis 2010. Alors, pourquoi on va changer le contenu ? Pourquoi on va se mettre à faire encore une autre négociation ? Peut être on peut améliorer, mais je ne crois pas que ça soit nécessaire à l’étape actuelle.
AFRICAGUINEE.COM : Monsieur le ministre, parlons maintenant de votre département. Ces derniers temps, il y a des coupures intempestives au niveau de certains quartiers de Conakry malgré la venue d’Agrekko. Dites-nous quel est l’état des lieux actuellement ?
PAPA KOLY KOUROUMA : Oui, mais vous parlez seulement que des coupures intempestives, vous ne parlez pas aussi des améliorations dans certains lieux. Donc, il faut mettre la balance. Au moment où on parle de coupures intempestives, c’est un indice de performance. Ça veut dire qu’il y a une amélioration. Coupure intempestive, ça veut dire qu’il y a la lumière et c’est ce qu’on coupe. Quand il n’y a pas de coupures intempestives, on dit qu’il y a une obscurité totale. Mais j’aurais voulu qu’on prenne le sens positif en disant qu’il y a eu des améliorations et qu’il y a quelques réglages à faire, et que ces réglages là, je pense qu’ils ne vont pas tarder. C’est ce qui fait qu’on ressent les coupures intempestives. Sinon, quand il n’y a pas de coupures intempestives, ça veut dire qu’il n’y a pas d e lumière.
AFRICAGUINEE.COM : Quels sont ces réglages M. le Ministre ?
PAPA KOLY KOUROUMA : Mais justement, les citoyens devaient pouvoir comprendre parce qu’avoir la lumière et subir des coupures intempestives, ça veut dire qu’il y a des déclenchements par-ci par-là. Ça veut dire que l’état du réseau n’est pas satisfaisant, parce qu’il faut le faire avec beaucoup de faiblesse. Donc il faut rafistoler par-ci par-là, tout en étant dans un programme de réhabilitation des équipements de production, des équipements de distribution et de transport. Mais ce qu’il faut déjà se féliciter, c’est du fait qu’il y a au moins une fourniture. C’est quand il y a fourniture qu’on peut sentir ces variations courantes, non courantes.
AFRICAGUINEE.COM : Le contrat avec la société Agrekko devrait durer combien de temps ?
PAPA KOLY KOUROUMA : Le contrat de base c’est pour six mois. Nous avons fait un programme et un agenda. Nous avons programmé la sortie de cette location, mais je ne pense pas qu’en date, que nous soyons en mesure de respecter ce timing qui était prévu pour six mois. Je pense qu’on sera encore obligé de repousser pour trois autres mois afin de pouvoir mettre en place les 100MWT/H en audit et également réparer l’ensemble des groupes de la centrale de Tombo 5 et 3.
AFRICAGUINEE.COM : Vous avez récemment effectué des missions à Dakar et à Abidjan dans le cadre du projet d’interconnexion entre les pays membres de l’OMVG. Quels sont les résultats obtenus lors de cette mission?
PAPA KOLY KOUROUMA : Nous avons effectué une première mission à Dakar, c’était dans le cadre de l’organisation de la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG), là-bas, il était question de parler de la ligne d’interconnexion entre la Guinée, la Gambie, le Sénégal et la Guinée Bissau, et également le mise en œuvre du barrage de Sambagalou. Vous savez, le barrage hydroélectrique de Kaléta faisait partie du projet de l’OMVG. Nous l’avons retiré pour organiser seulement dans le cadre guinéen tout en restant dans l’esprit sous-régional. Mais, cela devait être accompagné par une ligne d’interconnexion, et il fallait boucler le financement. A la date d’aujourd’hui, vous n’avait pas encore le financement. On a dû réunir les bailleurs de fonds au tour de ce projet pour demander ceux là qui avaient fait des promesses, dans le cadre du phasage du barrage hydroélectrique de Kaléta, pour que ce financement soit réorienté vers la ligne d’interconnexion dans la mesure où nous allons avoir la première turbine fonctionnelle du barrage hydroélectrique de Kaléta en juin 2015.
Il ne sera pas rentable d’avoir la production de Kaléta sans ses lignes d’interconnexion. Quand bien même que nous devons donner 30% de productibles de Kaléta aux autres pays membres. Et c’est ce qui justifiait d’ailleurs la rentabilité de cette ligne. Les partenaires techniques et financiers étaient là, ils ont renouvelé leur promesse. A la date d’aujourd’hui, en se tenant à ces promesses, nous avons pratiquement bouclé le financement de ce projet. Il y a également le barrage de Sambagalou qui va être réalisé. On a fait l’appel d’offres qui est déjà signé. On a fait le dépouillement, un contrat est en cours de signature.
A Abidjan, c’était dans le cadre du projet de la ligne d’interconnexion entre la Côte d’ivoire, la Sierra Léone, le Libéria et la Guinée. Ce projet avance, le bouclage est fermé. Un comité de pilotage a été mis en place, et la direction (…) a lancé un appel d’offres. A Abidjan il était question de signer l’accord international de ce projet sans compter que l’ensemble des pays ont déjà ratifié le protocole d’accord. Mais ce qui restait, c’est la mise en place du projet de ce rapport international par les ministres en charge de l’énergie de ces pays. C’est de cela qu’il s’agissait à Abidjan. Mais il y a eu quelque chose qui est important, c’était le siège de la société qui aura la charge de réaliser ce projet. La discussion a été menée, nous avons joué à l’arbitrage. Ceux qui étaient intéressés par cette question, c’était le Liberia et la Côte d’ivoire, et je pense que les évaluations sont en cours. Chaque pays a fait des offres qui sont en évaluation par le WAQF, qui va nous donner les résultats au courant de la semaine prochaine, pour pouvoir désigner la direction et sélectionner un directeur pour que le projet commence.
AFRICAGUINEE.COM : Monsieur le ministre, la conférence d’Abou Dhabi c’est pour le 24 et 25 novembre prochain. Quelles sont vos attentes au niveau du secteur de l’énergie par rapport à cette rencontre des bailleurs de fonds ?
PAPA KOLY KOUROUMA : A ce niveau nous avons des projets importants que nous allons présenter à Abou Dhabi. Vous savez le secteur de l’énergie a connu une étude diagnostique qui a été réalisée. Cette diagnostique a fait des recommandations pour l’amélioration du secteur et de d’EDG (Electricité De Guinée, Ndlr), sur plusieurs axes.
A la date d’aujourd’hui, pour mettre en œuvre ce plan de renforcement du secteur, nous avons ciblé cinq projets prioritaires. Ces cinq priorités que nous avons aujourd’hui sont évaluées. A la date d’aujourd’hui, nous avons des promesses de financement de ces projets. Mais nous avons également un gap de 64 millions de dollars qui ne sont pas encore obtenus. A Abu Dhabi nous comptons non seulement présenter ces cinq projets prioritaires, mais aussi un projet que la Banque Mondiale nous a demandé d’ajouter à ces cinq projets. Donc, nous allons présenter six fiches, cinq fiches sont déjà là. Et nous allons compléter à six fiches pour que ça soit présenté à la conférence d’Abu Dhabi. Les investisseurs s’intéressent à la question de l’énergie, il y aura également la question de comment faire en sorte que les privés s’intéressent au secteur de l’énergie en République de Guinée vu le potentiel que nous avons. Nous cherchons aujourd’hui des partenaires qui s’intéressent à ces secteurs. On peut être producteur, exportateur de l’énergie tout comme on l’est aujourd’hui avec nos minerais. La Guinée n’est pas que scandale géologique, la Guinée est aussi scandale énergétique dans le sens positif, dans la mesure où nous avons un potentiel de plus 6000 mégawatts, ce qui pouvait développer la Guinée aujourd’hui, à moindre coût, notre pays peut être pourvoyeur de l’énergie dans la sous région. Voilà les projets que nous comptons présenter à Abu Dhabi, et nous pensons qu’en présentant ces projets, il y aura des gens qui vont s’intéresser à ces secteurs q et qui viendront développer le secteur de l’énergie.
AFRICAGUINEE.COM : Merci Monsieur le ministre.
PAPA KOLY KOUROUMA : C’est moi qui vous remercie.
Entretien réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou
Pour Africaguinee.com
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Créé le 19 novembre 2013 19:38