Gouvernement : L’ancien Ministre Alhousseine Makanera se confie à notre rédaction (Exclusif)
CONAKRY- Après son départ du Gouvernement, l’ancien Ministre de la Communication, Alhousseine Makanera Kaké vient de livrer ses ambitions. Ce membre du bureau politique national du RPG Arc-en-ciel fait aussi des révélations sur son passage à la tête du département de la Communication. De la lutte contre l’épidémie Ebola à sa tentative de démission, Alhoussein Makanera dit tout ! Ou presque. Entretien exclusif !!!
Comment avez-vous accueilli votre départ du Gouvernement ?
Très sincèrement, j’ai accueilli le décret qui m’a limogé avec beaucoup de soulagement.
Ah bon ?
Absolument ! Je n’ai pas été surpris. Vous pouvez demander à mes collaborateurs, il y a plus de huit mois, je n’avais aucun objet dans mon bureau. Donc, la seule chose que je regrette, c’est la chaleur, la tendresse que mes collaborateurs et mes collaboratrices m’ont exprimées pendant mon séjour au département de la communication.
Expliquez-nous réellement ce qui s’est passé ?
C’est que, vraiment je n’avais pas eu les coudées-franches pour travailler. En Guinée, malheureusement, on est contre deux personnes : ceux qui ont le talent et les réformateurs. L’exemple le plus éloquent, c’est la riposte à Ebola. Quand Ebola a commencé, j’ai pris l’initiative de regrouper les communicateurs, le département de la communication, le ministère de la santé, (en ce moment Dr Sakoba n’était pas encore coordinateur de la riposte à Ebola) pour développer une stratégie de riposte sur le plan de la communication. On a fait la guerre contre Ebola, nous étions à deux doigts d’en finir, mais on a donné des instructions pour empêcher les gens de communiquer. Et Ebola est répartie de plus belle en tuant des gens. On a fait encore un an derrière Ebola tout simplement parce que certaines personnes ne veulent pas qu’on dise à d’autres qu’ils ont bien travaillé.
Il y a quelques mois des rumeurs sur votre démission se sont propagées dans les médias. Avec le recul pouvez-vous nous dire si elles étaient fondées ?
Les rumeurs étaient bien fondées. Vous pouvez mener vos enquêtes. Quand j’ai vu que je ne pouvais continuer, j’ai décidé de partir. Parce que moi, contrairement à beaucoup de guinéens, je ne me bats pas pour des décrets. Dans mon histoire, partout où je suis passé, je n’ai jamais été médiocre, je n’ai jamais été un complément d’effectif. Si je ne connais pas, j’ai le courage de le dire. Si je ne peux pas faire quelque chose, j’ai le courage de le dire aussi.
Pourquoi vous êtes revenus sur votre décision à l’époque ?
Lorsqu’on décide de partir, ce n’est pas pour porter ombrage à qui que ce soit ou pour faire du mal à quelqu’un. (…), lorsque la décision a été prise, la nouvelle s’est propagée, il y a eu des réactions. J’ai compris qu’il fallait que j’attende. J’ai compris qu’en ce moment, même si l’acte était louable, le moment n’était pas opportun pour le faire.
Pourquoi ce n’était pas opportun ?
Puisque les gens pouvaient confondre cela à une espèce de vengeance. Nous étions à un moment pré-électoral. Donc, il a eu beaucoup d’interprétations. C’est ce qui m’a amené à reconsidérer ma position et de me mettre au service de la nation.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous durant l’exercice votre fonction de Ministre de la Communication ?
C’est la moralisation de la gestion. Je crois que c’est sur ça que je me suis buté. La moralisation des recettes générées par mon département a été la chose la plus difficile. Et jusqu’à présent, je crois savoir que c’est un défit pour tous les guinéens de faire en sorte que les biens de l’Etat soient convenablement gérés. Ça me fait mal au cœur quand je vois les directeurs des entreprises publiques distribuer des centaines de millions et qu’on fasse échos de cela. Quand je vois ça je me dis qu’on a encore du chemin à parcourir.
Quels sont vos projets après votre départ du Gouvernement ?
Je voudrais vous dire que j’accueille ce départ avec soulagement parce que je me promène à travers la ville, je vois comment je suis accueilli par la population. Curieusement, je suis même étonné de constater que mêmes les gens de l’opposition m’apprécient. Au contraire je pensais que les radicaux de l’opposition ne voulaient plus me voir.
Quand je passe dans les quartiers en jean ou en casquette, je vois que les populations ont effectivement apprécié mon passage à la tête du département de la communication.
La question est de savoir ce que vous comptez faire après votre départ du Gouvernement…
Je me retourne au sein de mon parti politique pour faire en sorte que l’idéal pour lequel nous nous sommes battus depuis toujours, qu’il soit réalisé.
Vous vous retournez donc au RPG-arc-en-ciel ?
Oui je retourne au RPG-arc-en-ciel, je continue à me battre parce qu’il faut absolument que notre pays puisse reprendre sa place dans le concert des nations. Enrichi de l’expérience gouvernementale je me permettrais de dire aujourd’hui que je vais la partager avec les militants du parti.
Il se dit que vous avez des ambitions présidentielles dans l’horizon 2020. Qu’en est-il ?
Il n’y a pas quelqu’un qui n’a pas d’ambitions. C’est le parti politique qui présente quelqu’un candidat. Laissons le temps au temps. L’essentiel est que je suis et je demeure du RPG-arc-en-ciel et je continuerai à me battre. C’est le RPG qui déterminera en 2020 qui va être candidat, pas moi.
Comment observez-vous la crise qui secoue votre parti, le RPG-arc-en-ciel ?
Je crois qu’en tant que membre du bureau politique national, je ne voudrais pas étaler sur la place publique la crise à l’interne du parti. Je prie Dieu que cette crise soit rapidement résolue. Que la lucidité et la sérénité prennent les devants pour qu’on se concentre sur l’essentiel.
Monsieur Makanéra merci.
Tout le plaisir a été pour moi.
Interview réalisée par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 655 31 11 12
Créé le 13 janvier 2016 04:53Nous vous proposons aussi
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