Général Konaté, visite d’Alpha Condé, opposition : les confidences de Dr Faya Milimono…

NZEREKORE- De la sortie controversée de l’ancien président de la transition, le Général Sékouba Konaté, à la visite annoncée d’Alpha Condé en forêt, en passant par les manifestations projetées par l’opposition, Dr Faya Milimono, leader du Bloc Libéral dit tout. L’opposant qui était de passage dans la ville de N’zérékoré, s’est confié à notre correspondant local. Lisez…
Africaguinée.com : Dr Faya Milimono bonsoir ! Quel est l'objectif de votre visite en région forestière ?
Dr. FAYA MILIMONO: Ce voyage est d'abord social pour commencer. J'avais eu un décès, c'est ma belle-mère qui est décédée je venais dans ce cadre, mais j'ai profité aussi pour entamer une tournée du parti en commençant d'abord par Faranah pour coïncider à la date de sacrifice à Gueckedou. Le second objectif, c'est vraiment de s'assurer que les structures du Bloc Libéral aussi bien en forêt, en Haute Guinée, dans une partie du fouta et de la Basse Côte fonctionnaient correctement. Et c'est ce que nous sommes en train de vérifier. On ne se limite pas simplement aux chefs-lieux des préfectures, nous allons dans les sous-préfectures pour s'assurer effectivement que nos structures existent et sont fonctionnelles. Partout où nous constatons des faiblesses, nous essayons de les corriger. Autre chose par rapport à cette tournée, nous essayons de travailler avec nos structures pour corriger toute erreur dans les listes que nous sommes en train de préparer pour les élections prochaines. Et aussi l'évaluation de nos chances par-ci par-là en vue de prendre la décision d'aller en alliance avec un parti mais aussi identifier les communes dans lesquelles sans faire recours à une alliance quelconque nous pouvons présenter notre liste et avoir la chance de remporter.
Que dites-vous des menaces de manifestations annoncées par l'opposition républicain sur l'impunité ?
Je crois que si l'opposition avait souvent fait cela, ça serait quelque chose de très louable. Parce qu'on a donné l'impression que les seules raisons pour lesquelles l'opposition marchait c'était pour les élections. Je crois que les populations sont soumises à des difficultés sérieuses. L'insécurité bat son plein, la misère en crescendo, nous avons les jeunes qui n'ont pas d'emplois qui meurt par dizaines ou par centaines dans les désert ou dans la méditerranée. Nous avons des villes guinéennes qui sont les plus salles au monde. On n’arrive même pas à se débarrasser des ordures. Ce sont des situations qui menacent directement la vie de chacun des guinéens. Alors si l'opposition marche pour cela, je crois que ça a encore plus de sens.
Dites-nous quelle sont vos relations actuelles avec l'opposition républicaine ?
Bon nos relations avec l'opposition républicaine sont ce qu'elles sont. L'opposition républicaine à un moment donné du débat sur l'accord du 12 octobre a pensé que nous avions des positions différentes. Ce qui était un crime d'après eux. Donc ils ont pensé ne pas inviter le Bloc Libéral, on s'en est pas plaint. Parce-que après tout, nous menons un combat. C'est pour les valeurs, c'est pour construire un Etat de droit. Et qui croit à la construction d'un Etat de droit, ne peux pas supposer exclure quelqu'un à cause de son point de vue. Mais puisque cela fut, on ne s'en plaint pas on continue notre combat aussi longtemps que Dieu nous donne la santé, nous continuerons à mener le combat. On est dans des plateformes très dynamiques, qui font preuve de plus de sérénité et d'intelligence dans l'action. Le Front National pour la Défense des Citoyens en est une de ces plateformes. Il y'a également la CPR, la Coalition Politique de la Rupture. Donc on n’est pas isolé, nous continuons donc le combat.
La division au sein de l'opposition n’est-elle pas à l’avantage du pouvoir en place ?
Écoutez ! On est tous unanime à l'idée que l'opposition doit faire preuve d'unité, pour contrer les velléités de modification constitutionnelle et de beaucoup d'autres choses que nous concocte le pouvoir du professeur Alpha CONDE. Cependant, l'unité pour l'unité on se poserait la question en quoi ça aurait un sens ? Lorsque vous menez un combat ensemble, vous avez un point de vue différent. Ce qui est tout à fait normal sur l'intérêt politique. On n’est pas obligé d'avoir les positions superposées les unes sur les autres. On peut avoir des points de vue différents. En pareil circonstance, chacun devait travailler à argumenter son point de vue pour convaincre l'autre. Mais lorsqu’on procède par exclusion, une unité de saccade pouvait encore être plus dommageable qu’une division qui permet aux uns et aux autres de comprendre quelles sont les positions.
Que pensez-vous de l'avenir des accords du 12 octobre dernier ?
Les accords du 12 octobre, nous sommes d'accord avec tout le monde sur tous les autres points de l'accord, à part un seul point. Même si à cause de ce point certains ont laissé croire que nous sommes opposés à l'ensemble des points contenus dans l'accord. Nous pensons qu’à part le point 2 de l'accord, les autres points de l'accord devront être appliqués. Si nous sommes une nation qui a le souci de créer un climat de paix, un climat de sérénité, il faudrait que nos lois soient respectées. Il faudrait que notre constitution soit respectée et il faudrait que nos lois qu'on signe aussi soient respectées. Dès lors qu'on tourne le dos à un engagement fait, à la loi, à la constitution ou à un accord signé, on ne fait pas une œuvre utile à la paix dans notre pays.
A vous entendre vous voulez dire que le point 2 des accords du 12 octobre dernier serait en contradiction avec la constitution ?
C'est ce que nous croyons. Peut-être que la cour constitutionnelle nous dira le contraire ou donnera raison à celui qui la mérite. Nous nous pensons que non seulement c'est en contradiction avec la constitution, mais également ça conduit à moins de démocratie que nous l'aurions souhaité sans compter que ça politise d'avantage la société guinéenne ce qui n'est pas saint. (…) Nous nous pensons que c'est une menace à la paix dans le pays, c'est une polarisation à outrance, c'est une violation des droits de liberté de la population et moins de démocratie et donc en porte-à-faux avec la constitution. Tout cela réuni, nous pensons que ce point 2 de l'accord du 12 octobre devait être rejeté par la cour constitutionnelle.
Que pensez-vous de la sortie médiatique de l'ex président de la transition Guinéenne, le général Sekouba KONATE sur les évènements du 28 septembre 2009?
Bon j'ai écouté et j'ai lu sur Africaguinée notamment sur d'autres sites des déclarations et contre déclaration de la part du général Sekouba KONATE. Je crois la chose à faire est comme Maître SACKO l’a dit. C'est d'entendre Sekouba qui était le ministre de la défense nationale et donc deuxième ou troisième personnalité du CNDD. Alors lorsqu'on écoute ce qu'il déclare, il y'a de quoi vouloir qu'on entende sa version des faits, peut-être qu'il pourrait être impliqué comme n'importe quel autre qui aurait joué un rôle quelconque dans les évènements et du 28 septembre et du 03 décembre. Parce qu'on a l'impression qu'on ne parle que du 28 septembre étant que c'est des crimes très sérieux qui ont été commis le 28 septembre mais c'est tout autant de crime finalement qu'on a connu le 03 décembre. Donc si on veut tourner la page de ces dix mois ou de ces quelques mois du CNDD, il faut que nous fassions la lecture exhaustive de tout ce qui s'est passé.
Quel est votre avis sur la visite annoncée du chef de l'Etat en forêt pour la célébration de la journée du paysan ?
Le professeur Alpha CONDE est annoncé en forêt pour parler de la journée du paysan, au moment où le paysannat forestier est sous lourdes épreuves. J'ai été jusqu'à Diecké, j'ai été à Bignamou, j'ai touché du doigt les réalités auxquelles les populations sont soumises. Ça m'a rappelé ce que nous avons vécu sous le régime du PDG-RDA. Lorsque la Côte D'ivoire faisait en sorte que les plantations de café et du cacao assurent les dépenses des planteurs, en Guinée, les planteurs de café et de cacao étaient à un moment donné obligés de transformer ces plantations en champ de riz parce que l'effort fourni pour faire ces plantations, n'était pas récompensé. L'état qui était le seul acheteur, imposait des prix qui étaient dérisoire par rapport à la sous-région. Je vous donne l'exemple d'un kilo de café à l'époque qui était pris avec nos parents à 45 sily alors que traverser avec ce kilo-là du côté de la Sierra Leone, vous obtenez en monnaie léonaise ce qui était l'équivalent de 380 sily. C'est comme ça qu’on a découragé la production du cacao et du café et cela est en train de se passer aujourd'hui avec les palmerais et la culture d'hévéa.
Si vous traversez de l'autre côté vers le Libéria, vous trouverez qu'un kilo est vendu à l'équivalent de 10.000 GNF au moins alors que les paysans, les planteurs de Diecké et de Bignamou, sont forcés de vendre leurs productions à SOGUIPA pour 4252 GNf, à peine la moitié. Est-ce que ceci est de nature à encourager le paysannat guinéen ? Je ne crois pas. J'espère que quand le Président sera en région forestière, il sera placé devant tous ces problèmes, il essayera de donner solution. Parce qu'il ne suffit pas de déclarer qu'on veut développer une politique en faveur du paysannat, il suffit de le faire. Pour qu’effectivement qu'il apporte une valeur à ce monde paysan.
Pour nous, selon nos informations que nous obtenons, on est en train de mettre la venue du Président sur le fil de la journée du paysan. Mais le vrai objectif est d'entendre peut être un discours dans lequel la forêt demanderait un troisième mandat du professeur Alpha CONDE. Ça c'est la limite dans le temps parce que le professeur Alpha CONDE a encore trois ans et demi devant lui pour ce mandat. S'il ne veut pas les réduire à quelques mois ou à un an, je crois qu'il doit faire très attention par rapport à l'éventualité d'un troisième mandat. Ce que nous n'en voulons plus.
Un mot sur l’exploitation de la forêt classée de Ziama et celle de Diecké par la société COUJU CORPORATION (forêt forte) ?
C'est aujourd'hui même que j'ai rencontré la direction de forêt forte, qui m'a présenté la situation telle qu'on la comprend, telle que les dirigeants de la société la comprenne. L'historique de l'exploitation forestière a été abondamment donnée par la direction de forêt forte, qui nous a permis de comprendre d'avantage l'ampleur du problème, les causes du problème. Ce que nous retenons aujourd'hui, par rapport à l'exploitation de la forêt de Ziama et celle de Diecké, c’est que de notre point de vue, on ne devait pas toucher à la forêt de Ziamma ni à la forêt de Diecké. Déjà il y'a eu exploitation forestière et il y'a encore exploitation forestière.
Ce que nous constatons malheureusement, c’est qu'il n'y a pas reboisement. Et s'il n'y a pas reboisement, le couvert végétal disparait et cela entraîne un changement climatique dangereux, qui nous met à risque de devenir un pays saharien comme le Burkina Faso, comme le Niger. Ça menace directement la génération future de notre pays. Nous comprenons que forêt forte n'est pas la seule cause de la déforestation. Mais aussi bien que les dirigeants de forêt forte et nous-mêmes, nous faisons le même constat. C'est dangereux la disparition de couvert végétal. Qu'est qu'il faut faire ? Il faut mettre chacun devant ses responsabilités. D'abord les gouvernants qui se sont succédés, qui se sont comporté de manière irresponsable autant dans l'exploitation. Ils ont donné des autorisations d'exploitation de manière anarchique dans les années 2000 et cela a entraîné assez de violence sur la forêt en région forestière, sans qu'une disposition quelconque n'ait été prise pour essayer de réparer les dégâts qui ont été causés.
Aujourd'hui, l'Etat continue à avoir des taxes selon la convention qui lie forêt forte avec l'état guinéen, la forêt forte doit payer des taxes dont une partie devait être utilisée sur les terrains exploités pour le reboisement. Puisque l’Etat ne le fait pas, il préfère empocher l'argent, ou l’utiliser à d’autres fins. C'est un problème suffisamment important pour mériter toute l'attention des uns et des autres. Quant à nous, il n'est pas question de toucher ni à Ziama, ni à Diecké sans aussi longtemps que les responsabilités soient situées pour que les gens essayent de corriger ou de réparer le dégât déjà causé.
Dr Faya Milimono merci.
C’est à moi de vous remercier.
Interview réalisée par SAKOUVOGUI Paul Foromo
Correspondant régional d'Africaguinée.com à Nzérékoré.
Tel: (00224) 628 80 17 43
Créé le 11 avril 2017 09:55Nous vous proposons aussi
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