Gambie : cinq ans après la chute de Jammeh, la presse respire un air de liberté…

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BANJUL- La presse gambienne respire un air de liberté depuis le départ pour l'exil de Yahya Jammeh, l’ancien dictateur chassé du pouvoir en 2017. En 2016, ce pays disposait moins de 10 radios privées, victimes d’abus et de musèlement. Cinq ans après, la donne a changé drastiquement. La Gambie dispose d’une trentaine de radios privées en 2021, et 6 télévisions ont vu le jour. Ces améliorations sont saluées  et célébrées dans le monde la presse gambienne.


Malgré la prédominance de la presse en ligne, les journaux papiers du pays résistent au temps avec au moins 4 quotidiens qui se retrouvent dans les kiosques chaque matin. L’autre bonne nouvelle, c'est qu'aucun journaliste n’est en prison ou en exil depuis l’arrivée "surprise" d’Adama Barrow au pouvoir. La presse gambienne sort de sa torpeur, mais elle a toujours du mal à oublier les atrocités qu’elle avait subies pendant les 22 ans de règne  de Jammeh. Depuis l’arrivée de Adama Barrow au pouvoir, la parole se libère. Le 04 décembre 2021, les gambiens vont élire leur prochain président. La presse est au cœur de ce rendez-vous électoral.

Lamine Diouf, membre de l’union de la presse gambienne et chroniqueur à la radio Taranga Fm savoure bien ces avancées  dans ce petit pays de moins de 2 millions d’habitants, bordé par l’océan atlantique.

«Beaucoup de choses ont changé en Gambie, en matière de liberté de presse, il faut le reconnaitre. Sinon avant il y avait des situations graves voire dramatiques contre les journalistes. Le cas de Taranga Fm en est illustration. La radio a été fermée 4 fois sous le règne de Jammeh. Une fois même, c’est un ministre de la santé qui avait fermé la radio sous le régime de Jammeh. Depuis  la gouvernance de Barrow, les medias ont connu cette liberté d’expression et ils touchent le maximum de citoyens. Les lois liberticides  de Jammeh contre la presse sont encore là mais elles ne sont pas appliquées. A vrai dire la liberté de la presse a fait du chemin en Gambie », explique Lamine Diouf, journaliste-chroniqueur  et membre  de GPU (union de la presse gambienne)

5 ans après le départ en exil de Yaya Jammeh, les masses médias foisonnent avec des débats contradictoires sur la marche du pays. De moins de 10 chaines de radios en 2016, la Gambie dispose d’une trentaine en 2021. Au moins 6 télévisions ont vu le jour.

« Aujourd’hui 33 radios émettent dans le pays, 6 télévisions et plusieurs quotidiens. La parole est libre depuis 5 ans. Ce sont des améliorations qu’il faut saluer. Au temps de Jammeh tu n’osais pas écrire ou critiquer son régime. Les medias n’avaient plus d’avenir dans ce pays. Maintenant Dieu merci. Moi, j’ai été arrêté en 1995, en 2009 aussi. Chaque fois on m’arrêtait pour m’obliger à révéler ma source ou bien Jammeh m’intimidait pour ne pas parler du retard de l’enquête sur la mort de mon collègue Deyda Haydara. Maintenant nous sommes libres avec Barrow », soupire M. Diouf.

Comme à Wesfield, dans tous les quartiers d’affaires et les grandes avenues de la capitale, des quotidiens foisonnent aux points des ventes. Des distributeurs à motos, à vélo et des piétons font le tri des grands titres chaque matin pour les proposer aux lecteurs qui sont des clients potentiels. Il faut tout de même dire que l’écoulement se heurte bien à des obstacles liés au développement de l'internet. La survie des journaux dépend du marché de la publicité.

«  Les journaux s’écoulent moins maintenant c’est pourquoi nous mélangeons les journaux papiers au site web que nous avons greffé à nous journaux. Notre survie est liée aux petits marchés de publicité que certains opérateurs économiques nous donnent » révèle le doyen Pape Sène.

Abass Bangoura, ce guinéen d’origine est distributeur de journaux à certains abonnés fidèles. Chaque matin il les dépose aux ayants droit : «  Je n’ai pas de clients qui achètent par jour, j’ai des abonnés, il y a ceux qui prennent pour 6 mois ou un an. Donc dès la parution du journal, le matin j’envoie directement », explique-t-il.

En Gambie, l’avènement du net et sites d’informations ne détourne pas définitivement les lecteurs des journaux papiers. Des intellectuels s’en procurent pour s’informer des dernières nouvelles du pays. Chaque matin, comme Babukar Jorbateh, ils sont des dizaines à  se rendre aux kiosques des journaux : « Tous les matins je viens lire ces journaux, pour savoir réellement qu’est-ce qui se passe dans le pays. Donc chaque matin je suis là pour la lecture», explique un citoyen dans les rues de Banjul.

Si la liberté d’expression a été retrouvée, il n’en demeure pas moins que le métier de journalisme mérite d’être encadré. Car quelquefois,  des dérapages sont enregistrés dans certains médias. D’où la nécessité d’aller vers la professionnalisation du métier afin éviter les dérives. LAMINE  Diouf indique que son pays est sur le chemin de la professionnalisation.

« C’est un problème entier ! Partout où vous allez il y a certains qui obéissent aux règles déontologiques. Par contre il y a une catégorie qui se montre récalcitrante. Comme le dit l’adage une seule patate pourrie peut affecter tout un sac. En définitive, il faut oser dire que les journalistes sont professionnels, parce que nous avons le code de conduite Thierno Diallo qui a été développé par l’union de la presse gambienne. L’objectif est de s’assurer que la pratique du journalisme se fait dans le respect des règles, nous avons également le conseil des medias auprès duquel les citoyens qui se sentent offenser peuvent se plaindre », explique-t-il.

Malgré le vent de liberté qui souffle, le cadre légal qui régissent la presse gambienne mérite d’être amandé. Les lois laissées par Jammeh résistent encore au temps même si elles ne sont pas appliquées sur la presse gambienne.

 

Alpha Ousmane Bah (AOB)

Envoyé spécial d’Africaguinee.com

À Banjul

Créé le 22 novembre 2021 10:33

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