Fertilité : la qualité du sperme baisse-t-elle ?

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La concentration en spermatozoïdes a baissé de 32% entre 1989 et 2005, selon des études françaises.


 

Selon des chercheurs de l'Institut de veille sanitaire (InVS) et de l'Inserm qui se sont penchés sur les dossiers de 26.000 hommes participant à un programme d'assistance médicale à la procréation avec leur partenaire (en raison de la stérilité de celle-ci), une diminution de la concentration du sperme atteignant 32,2 % aurait été retrouvée entre 1989 et 2005. Pas de quoi étonner le Pr Bernard Jégou, directeur Inserm à Rennes (Irset-Inserm U 1085) et spécialiste des facteurs environnementaux jouant sur la spermatogénèse, ni le Pr Louis Bujan (CHU Toulouse): «La baisse de la concentration du sperme d'environ 2 % par an est avérée par d'autres études dans des Cecos, du moins entre les années 1973 et 1996, mais pas de façon universelle.»

 

Pour autant, les spécialistes de la fertilité sont formels: «Il n'est pas établi que la baisse de la concentration du nombre de spermatozoïdes ait une incidence dans la population générale car la concentration en spermatozoïdes, chez la majorité des hommes, est très supérieure aux besoins pour arriver à avoir un bébé. C'est plus préoccupant chez les hommes qui ont une hypofertilité au départ et, surtout, chacun aimerait comprendre quels sont les facteurs responsables pour mieux les combattre», estiment le Pr Stéphane Droupy (CHU Nîmes) et le Pr Célia Ravel (CHU Rennes).

 

Or lorsqu'il s'agit de pointer d'éventuels coupables, il faut faire attention à ne pas se laisser emporter par ses intimes convictions, expliquent le Pr Jégou et le Pr Bujan: «Il est très difficile d'établir un lien de causalité entre un facteur environnemental isolé et la baisse de la fertilité car, dans la vie quotidienne, nous sommes tous soumis à divers facteurs susceptibles de jouer sur la fertilité, que ce soit des produits chimiques comme les pesticides ou les phtalates, ou encore des agents physiques – radiations naturelles, exposition à la chaleur, ondes électromagnétiques, altitude – des agents biologiques (virus, bactéries) ou des facteurs socioculturels: stress, addictions, etc. De plus, on ne peut pas dire qu'il y a danger pour tous, au seul motif que cela a été démontré chez les professionnels exposés à forte dose au même produit».

 

N'exclure aucune cause

 

Enfin, on ne peut se permettre d'exclure aucune cause d'emblée. «En l'occurrence, extrapoler que si en Aquitaine et Midi-Pyrénées (deux régions fortement agricoles) la qualité du sperme a subi une forte dégradation en raison de l'exposition à des produits pesticides, c'est faire un raccourci très audacieux entre ce que l'on observe et les hypothèses actuellement susceptibles d'expliquer ce phénomène, insiste le Pr Jégou. Si l'explication était aussi évidente, il faudrait expliquer pourquoi la Bretagne, qui est une région non moins agricole, ne connaît pas de dégradation spermatique selon cette étude.» Les données compilées par l'InVS provenant de laboratoires très différents, avec des méthodes d'analyse variables d'une région à l'autre, mieux vaut être prudent. Enfin, à exposition égale, certains seront plus touchés que d'autres, ce qui prouve qu'il y a aussi des prédispositions individuelles dont il faut tenir compte.

 

«Pour toutes ces raisons, il serait utile de poursuivre les recherches sur l'infertilité masculine et ce, par des chercheurs indépendants», poursuit le Pr Droupy. «Or il faut bien avouer que depuis l'arrivée de la FIV avec ICSI qui permet à des hommes d'avoir un bébé à partir d'un seul spermatozoïde, il n'y a plus vraiment de budget consacré à la compréhension de la fabrication des spermatozoïdes dans le testicule», conclut le Pr Bujan.

 

Source: le figaro.fr

Créé le 21 mai 2014 09:10

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