Faya Millimono : « La démocratie est prise en otage en Guinée… » (Interview)
CONAKRY- A la veille de la tenue des prochaines consultations électorales, les partis politiques partageant la même vision se rapprochent. Une alliance politique entre plusieurs formations politiques dont le Bloc libéral et l’Union des Forces Républicaines est annoncée dans les prochains jours. Dr Faya Millimono, le chef de file du BL revient ici sur plusieurs pans de cette alliance en gestation.
AFRICAGUINEE.COM : Le Bloc Libéral et d’autres formations politiques notamment l’UFR, le PEDN s’apprêteraient à signer une alliance politique. Quelles en sont les motivations réelles ?
DR FAYA MILLIMONO : Ecoutez, les alliances sont toujours au rendez-vous lorsque les élections s’annoncent, mais dans le cas précis, le Bloc libéral qui a été contacté pour une alliance en gestation, pense que le préalable à la signature d’alliance sur l’échiquier politique de notre pays est le diagnostic de l’opposition dans notre pays pour conquérir le pouvoir. Nous voyons des alliances naître et disparaître comme l’ARC-EN-CIEL. Eh bien, ça ne nous empêche pas de continuer à répéter les mêmes erreurs. Nous devons faire sereinement le diagnostic de notre opposition et mettre les jalons pour la construction d’alliances durables parce que reposant sur des choses un peu solides.
Vous dites que l’objectif de la création de cette nouvelle alliance est de faire un véritable diagnostic de l’opposition guinéenne pour aller sur de nouvelles bonnes bases, mais nous apprenons de l’autre côté que l’alliance que vous êtes en train de créer viserait à se doter d’une candidature unique au compte de la présidentielle de 2020.
Vous savez, ce sont des choses qu’il ne faut pas simplement annoncer ou mettre en l’air pour qu’elles deviennent une réalité. C’est pour cette raison qu’au niveau du Bloc libéral, nous ne sommes pas dans la précipitation en pareille circonstance. Le préalable, c’est ce à quoi on s’en tient pour l’instant, c’est faire en sorte que nous ayons un diagnostic véritable de notre opposition et découvrir ce qui fait que l’opposition guinéenne n’aie pas encore réussi à créer l’alternance dans notre pays. Une fois que cela est en place, nous pouvons sereinement nous asseoir autour de la table. On n’a pas besoin de le faire devant les médias, nous pouvons sortir devant les médias pour annoncer qu’une alliance est née. Il ne sert à rien de dire qu’une alliance est en formation et vous venez dire ça aux médias. Parce que si vous ne vous entendez pas sur les termes de l’alliance, à quoi aura servi une telle annonce ?
De qui est venue cette idée de création d’alliance ?
Ecoutez, ce que je sais et ce que je peux vous dire concrètement, c’est que depuis quelque temps, le BL avec les collègues de la CPR (Coalition des Partis pour la Rupture), nous avions entrepris des démarches pour réunifier l’opposition. Et pour réunifier l’opposition, il faut en faire un diagnostic et donc cela nous a amenés au QG (Quartier Général) de l’UFDG pour rencontrer le chef de file de l’opposition, nous avons été vers d’autres partis politiques de l’opposition. Et l’idée qui est née était de mettre en place un comité devant réfléchir à l’avenir de l’opposition dans notre pays et de nous proposer des alternatives. Nous avions eu une réunion au siège du BL, au cours de laquelle, nous avions donné des orientations au comité. Alors, pendant que ce comité est en train de travailler, pendant que ce comité n’a pas encore rendu son travail, on me tend un document parlant de l’alliance qui inclut à la fois les locales, les législatives et les présidentielles. Je n’ai pas compris trop pourquoi on veut sauter les étapes. Ce n’est pas une course de vitesse, c’est une course de fond.
Qu’est-ce qui vous unit à ces partis politiques ?
Ecoutez, il est clair que dans l’espace politique dans notre pays aujourd’hui, l’unité est indispensable, même pas nécessaire, c’est indispensable pour arriver à redonner l’espoir à notre pays. On voit bien que la démocratie dans notre pays est prise en otage. Eh bien pour la sortir de là, il faut que nous soyons créatifs et il faut aussi que nous mesurions un peu nos ambitions personnelles en mettant en avant l’intérêt supérieur de notre pays. Donc, si cette alliance en gestation, si on ne va pas dans la précipitation comme certains ont commencé, si les choses de manière sereine avec les préalables en place devaient aller vers cette alliance, je crois qu’elle pourrait redonner l’espoir d’une démocratie dans les prochaines années dans notre pays.
Que répondez-vous à ceux qui estiment que l’alliance que vous comptez créer vise à briser les blocs UFDG et RPG-ARC-EN-CIEL ?
Je crois que ça, c’est une erreur de penser qu’on peut créer une alliance contre une entité, bien sûr que ce sont des adversaires politiques. Mais on crée une alliance pour promouvoir des valeurs auxquelles on croit, mais pas contre quelqu’un ou contre une entité. Parce que nous sommes sur l’échiquier politique, le Bloc Libéral est dans cet espace politique pour conquérir le pouvoir, et pour le conquérir, nous aurons besoin à un moment donné de ceux qu’on peut taxer aujourd’hui d’être des ennemis. Non, on ne peut pas créer une alliance politique contre un individu, contre une entité, mais pour les valeurs auxquelles on croit.
Comment votre nouvelle alliance en passe d’être créée compte affronter les prochaines élections ?
Pour l’instant ce qui nous préoccupe au niveau du Bloc Libéral, nous traitons des choses au cas par cas. Nous avons ciblé un ensemble de circonscriptions du territoire national et il y a des circonscriptions dans lesquelles nous comptons aller en alliance avec un ou deux partis politiques, voire plus, mais il y a des circonscriptions où nous comptons aller seuls. En tout cas, au niveau du Bloc Libéral, nous sommes en train de mener n’est-ce pas ces contacts pour qu’au cas par cas, nous puissions aller effectivement à ces élections de manière à les gagner.
Merci !
C’est moi qui vous remercie.
Interview réalisée par Sâa Momory Koundouno
Pour Africaguinee.com
Créé le 2 novembre 2017 10:15Nous vous proposons aussi
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