Faut-il craindre l’effet « domino » après le coup d’Etat au Mali ?Bah Oury tranche

Bah Oury

CONAKRY-Le coup d'Etat survenu au Mali fait réagir certains leaders de la classe politique guinéenne. C'est le cas de BAH Oury, qui, interrogé par Africaguinee.com, a indiqué que ce qui est arrivé était prévisible.


AFRICAGUINEE.COM : L’armée malienne a renversé le régime d'Ibrahima Boubacar Keïta ce mardi 18 août 20. Selon vous ce coup d'Etat est-il prévisible ?

BAH OURY : C’était totalement prévisible. Ce n’est pas l’armée malienne qui a renversé Ibrahima Boubacar Keïta. C’est monsieur Ibrahima Boubacar Keïta qui s’est lui-même renversé. Il n’a pas écouté son peuple, il n’a pas tiré les leçons de l’histoire, de la volonté du peuple malien de changer la gouvernance, d’avoir une gouvernance vertueuse, crédible, démocratique, réconciliatrice, fédératrice de l’ensemble des composantes du peuple malien, que ce peuple soit originaire du nord du centre, de l’est ou de l’ouest. C’est cela qui a amené cette situation-ci.

Mais il ne faut pas prendre des raccourcis. Cette situation c’est aussi une alerte et une dernière chance pour l’Etat malien dans sa globalité. Il faut que la classe politique malienne qu’elle soit proche de monsieur IBK ou de l’opposition se remette en cause parce qu’ils sont en partie aussi des éléments du problème malien. Le peuple malien n’a plus confiance en sa classe politique parce que celle-ci s’est profondément compromise dans les gouvernances antérieures et actuelles. Croire que monsieur IBK est parti et le problème est résolu se serait se tromper. Il y a une profonde dynamique de réflexions de changement de paradigme et de remise en cause qui doivent être opérées afin que le Mali retrouve sa stabilité, sa cohésion interne et la sécurité pour l’ensemble de ses populations. Et nous avons intérêt nous aussi à encourager cet élan parce que la sécurité du Mali va de pair avec la sécurité régionale.

La CEDEAO doit repenser à tout ça au lieu d’avoir les attitudes compromettantes et à géométrie variable qui ne correspondent ni aux principes, ni aux protocoles, ni aux chartes aussi bien de l’Union Africain que de la CEDEAO. Il faut que les responsables africains pour une rare fois, se rendent compte que ce qui se passe dans le sahel, c’est une situation d’une grave importance. Nous avons toutes les crises qui sont cumulées. Les crises migratoires du fait de la mauvaise gouvernance et de la pauvreté, nous avons une crise environnementale avec un désert qui progresse, qui remette en cause des équilibres naturelles, qui amènent des populations à être des exilées climatiques dans leurs propres pays, nous avons tous les problèmes avec le djihadisme, le terrorisme, les luttes intercommunautaires, des problèmes économiques qui n’en finissent pas, des crises agricoles qui amènent nos populations à se poser la question s’ils peuvent pouvoir se nourrir. Nous avons de manière endémique des crises scolaires avec une jeunesse de plus en plus nombreuse dont les Etats sont incapables d’envisager une perspective quelconque. Tout cela nous l’avons et on croit qu’on va fonctionner comme par le passé c’est se leurrer. Le processus de changement va être très dur mais il est en train d’arriver.

Peut-on dire que la CEDEAO a perdu sa crédibilité et qu'elle n'est plus capable de résoudre les crises qui affectent la sous-région ?  

Elle doit se remettre en cause surtout avec la situation malienne, la situation guinéenne notamment. Parce que la situation guinéenne est l’élément le plus illustratif des disfonctionnements graves aussi bien de la CEDEAO que de l’Union Africaine. Il y a eu un coup d’Etat qui a été fait en Guinée, ils n’ont rien dit alors que dans la charte de l’Union Africaine, c’est bien explicite. Comment des organisations peuvent-ils revendiquer une autorité, une crédibilité ou une légitimité quelconque si elles n’assument pas le respect scrupuleux de ses protocoles et de ses chartes ? Donc c’est la raison pour laquelle l’organisation a perdu de la crédibilité. Ceci explique cela.

Avec le coup d'Etat qui s'est passé au Mali doit-on craindre un effet domino en Guinée ?

Les traditions de deux armées sont différentes. L’armée malienne a toujours été au-devant de la scène lorsque des crises populaires interviennent. Elle a été le facteur de dénouement aussi bien avec Moussa Traoré qu’avec Amadou Toumany Touré (ATT) et avec la situation actuelle. Ce qui n’est pas le cas en ce qui concerne l’armée guinéenne. L’armée guinéenne c’est autre chose. Elle a toujours été du côté du puissant et de celui qui dirige jusqu’à la dernière minute.

Propos recueillis par Diallo Boubacar

Pour Africaguinee.com

 

Créé le 19 août 2020 17:12

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