Expiration du mandat des députés : Qu’en pense Bah Oury?

BAH Oury

CONAKRY- Sous la bannière de quel parti politique Bah Oury sera-t-il candidat aux élections législatives prochaines ? Comment éviter une crise institutionnelle pouvant amener le Chef de l’Etat à être seul aux commandes  ? Bah Oury animateur du Mouvement le « Renouveau » a répondu à questions.


AFRICAGUINEECOM : Le mandat des députés expire le dimanche 13 janvier prochain sans qu’il n’y ait un calendrier pour l’organisation des élections législatives. Qu’en pensez-vous ?

BAH OURY : Je pense qu’il faut déplorer le fait que les élections communales aient pris un temps extrêmement long. Plus de 11 mois maintenant on n’a pas fini avec l’installation des communes. Ceci est du ressort de la responsabilité du ministère de l’administration du territoire et c’est très dommage. Par rapport à la situation de l’Assemblée Nationale  cette question relève  de la responsabilité de la Cour Constitutionnelle qui devra apprécier la manière et l’aptitude juridique qu’elle doit avoir pour éviter que le pays soit dans un vide  du  point de vue parlementaire.

Plusieurs cas de figures se présentent aujourd’hui. Certains acteurs politiques préconisent que les députés bien qu’étant illégitimes continuent de siéger au parlement jusqu’à la mise en place de la nouvelle Assemblée.  Quelle est votre position sur cette proposition ?

Il faudra que la Cour Constitutionnelle spécifie le temps nécessaire soit en prolongeant le mandat des députés soit en donnant la possibilité au président de la République de légiférer par ordonnance jusqu’à la mise en place de la prochaine Assemblée Nationale. Il faudrait que ceci soit limité dans le temps de manière précise pour ne pas que le pays évolue dans une forme d’ignorance du délai imparti pour la mise en place de la prochaine législature.

Selon vous comment éviter une crise institutionnelle pouvant amener le Chef de l’Etat à être seul aux commandes en légiférant par ordonnance ?

Déjà cette Assemblée Nationale a outrepassé le délai imparti pour son mandat et la prochaine Assemblée n’est pas encore mise en place. Donc on se retrouve devant un problème à caractère institutionnel  et constitutionnel. Il y a deux possibilités : soit la Cour Constitutionnelle en dépit de la fin du mandat des députés le prolonge. Ce qui peut augurer une certaine forme  d’impunité par rapport au respect des mandats ou de l’autre côté pour donner la liberté au Président de la République de légiférer par ordonnance.  Ces deux possibilités existent et permettront de s’activer entre temps pour organiser les prochaines élections législatives.

Cette situation n’est-elle pas le résultat de l’échec de la classe politique actuelle ?

La classe politique, celle de l’opposition dite Républicaine, celle  de la mouvance présidentielle et précisément ceux qui ont signé les accords politiques et le ministère de l’administration et du territoire  notamment en la personne du Général Bouréma Condé. Ils sont responsables largement  de la situation actuelle.

Comment sont-ils responsables ?

Ils ont fait perdurer des situations qui auraient dû avoir des solutions. Par exemple l’installation des communes devrait intervenir très rapidement après la proclamation des résultats définitifs par la CENI. Ce qui n’a pas été le cas. Ils se sont mis à tergiverser, à signer des accords  qui sont en réalité des arrangements intra-personnels  et ça a mis le pays dans une situation  de retard par rapport à l’installation de ces élus.  Et pire, ils ont  outrepassé leur pouvoir de statuer sur cette question parce que le vote a été organisé le 04 février 2018 et la proclamation des résultats par la CENI  donne plein pouvoir au ministre de l’administration du territoire d’installer les élus communaux dans un temps précis. Mais c’est ce qu’il n’a pas fait. Donc il a contribué à faire en sorte que ces dérapages puissent exister aujourd’hui.

Vous dites que vous serez candidat aux prochaines élections législatives de 2019 et présidentielles de 2020 si elles ont lieu. On voit déjà vos effigies circuler sur les réseaux sociaux. Dites-nous c’est sous la bannière de quel parti politique sachant que les candidatures indépendantes ne sont pas admises ?

D’ici là on aura réglé la question avec quel parti ou avec quelle coalition. Soit l’UFDG, soit toute autre alternative  qui se présentera mais comme on dit il faut aller step by step. Et le temps permettra de résoudre certains problèmes  qui existent aujourd’hui.

Une nouvelle CENI est attendue dans les prochains jours. Pensez-vous qu’elle sera différente de celle qu’on a connue ?

La question de CENI devrait être repensée. Cela fait bientôt 30 ans l’organe  régulateur des élections a été mise sous cette forme dans notre pays. 30 ans d’expérience c’est largement suffisant pour tirer le bilan et les enseignements. On avait pensé que la CENI  sous cette forme c’était une manière d’avoir des élections pluralistes indépendantes, apaisées et acceptables  de tous.  A l’épreuve des faits, il s‘est avéré qu’il y a beaucoup de problèmes pas seulement en Guinée mais un peu partout en Afrique. Donc, il faut repenser les choses. Il n’est interdit dans les prochaines années de revoir un ministère  de l’intérieur  ou une agence spécialisée uniquement dédiée à la consultation électorale dans  notre pays et même dans d’autres pays africains.

On peine à sortir des élections communales  près d’un an après le scrutin. Comment tenir de tenir de nouvelles élections de portée nationale dans ces conditions ?

Il y a une classe politique qui a montré son narcissisme au détriment de la stabilité de la Guinée. J’espère qu’avec les prochaines élections législatives le nettoyage sera en partie fait pour permettre à la Guinée d’avoir une classe politique beaucoup plus ancrée dans une démarche constructive que dans une démarche destructive qui ne fait que générer la violence. Il faut qu’on change de ce point vue de leaders  en termes de ténors de mouvance liée au pouvoir aussi bien de l’opposition. Il faut que les choses changent.

Votre avis sur l’adoption de la loi sur  la polygamie en Guinée ?

Personnellement vous me coincez,  parce que les faits sociaux c’est difficile de légiférer. La polygamie est un fait social, culturel. Légiférer autour de cela peut susciter des controverses, amener à l’espace  public à être dans une certaine mesure confisqué par les tenants d’une seule forme de culture. L’Etat est laïc donc il y a des communautés  sur le plan de leur religion la polygamie est tolérée  et d’autres de par leur religion la polygamie est prohibée de ce point de vue la loi doit être générale et applicable à tous. Il faut se garder de légiférer par rapport aux faits sociaux. Les éléments sur lesquels il faudrait légiférer c’est de légiférer de telle manière qu’un homme et une femme  qui contracte un mariage que ces mariages soient présentés qu’au point de vue du droit que les deux partis soient rassurés par rapport à leur droit.

 Je pense que les femmes subissent beaucoup de discrimination surtout les femmes qui sont dans des couples polygames par rapport aux questions de succession et d’héritage. Je pense c’est de ce côté qu’il faut légiférer pour ramener une certaine égalité entre les garçons et les filles de par le droit successoraux et aussi protéger les femmes qui sont dans des couples dit polygames pour que leur droit ne soit pas confisqué ou annulé. Etre polygame ou de  n’est pas être polygame c’est la liberté de conscience de chacun. Je ne suis pas pour la polygamie.

Interview réalisée par Bah Aissatou

Pour Africaguinee.com

Tél : (+224) 655 31 11 14

Créé le 9 janvier 2019 18:03

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