Entreprenariat : les ambitions de Aguibou Barry « Fapel »… (Interview)
CONAKRY- Récipiendaire du prix « La France s’engage au sud », Aguibou Barry nourrit de grandes ambitions pour son pays la Guinée. Le Président Directeur Général de la société « Fabrication de Pompes à Eau à Labé (FAPEL) », revient dans cette interview sur ses impressions après avoir reçu ce prix des mains du Président François Hollande. Au Président Alpha Condé, à son Gouvernement, et à ses autres partenaires, Aguibou Barry a livré un message…
AFRICAGUINEE.COM : Bonjour Monsieur Barry !
AGUIBOU BARRY : Oui bonjour !
Vous rentrez de la France où vous avez été distingué par le président Hollande à travers le prix ‘’La France s’engage au Sud’’ en tant qu’entrepreneur. Quels sont vos sentiments après avoir reçu cette distinction ?
J’ai un sentiment de fierté, de joie en recevant ce prix dédié à l’entrepreneuriat innovant. C’est un honneur pour toute la Guinée surtout pour la jeunesse. Je voudrais vraiment être le porte flambeau des jeunes pour leur dire qu’avec la volonté et la détermination, qu’on peut réussir chez nous ici.
Je suis très content. ‘’La France s’engage au sud’’ est un prix, mais au-delà du prix, il y a un accompagnement qui suit, plus des formations. Donc nous avons passé 10 jours d’accélération et de formation pour pourvoir bien travailler davantage et plus rapidement encore afin de mieux développer ces projets en Guinée, en Afrique.
Au départ, il y avait 800 candidats en compétition. Dites-nous ce qui a été votre secret pour être parmi les 10 lauréats ?
Bon ! C’est le travail, vous savez depuis l’an 2000 je suis sur cette recherche. Aujourd’hui toute la Guinée sait ce que c’est FAPEL-Guinée. Donc je ne suis pas du tout surpris parce que le bon travail donne toujours un bon résultat. J’ai travaillé d’abord pour avoir les relations au niveau national et international. Ce sont ces efforts qui ont porté fruit aujourd’hui. Et je rappelle que ce n’est pas mon premier titre. En 2014 j’ai obtenu le trophée de l’innovation au Salon de Solidarité Internationale à Paris également. C’était un salon organisé par plus de 35 ONGs internationales humanitaires, là aussi j’étais parmi plus de 1000 candidats, j’avais réussi à obtenir le prix de l’entrepreneuriat innovant. Donc, je ne suis pas surpris par rapport au prix ‘’La France s’engage au Sud’’.
Vous travaillez dans la fabrication des pompes à eau et les meubles, quels sont vos projets ?
Aujourd’hui j’ai beaucoup de projets en perspectives. Mais je voudrais rappeler d’abord que j’ai été reçu par le Président Alpha Condé en 2013. Il m’a beaucoup encouragé d’aller de l’avant. A travers des cadres qu’il a instruits de m’accompagner, ça m’a galvanisé davantage. Dans le cadre de nos projets, nous sommes en train de travailler avec une société française du nom de SOVEMA basée au sud de la France. Avec cette société nous avons développé une pompe commune. La pompe en question est déjà expérimentée à Labé et en France sous leur bande d’essais. Parce que pour lancer une pompe sur le plan international il faut obligatoirement passer par les bandes d’essais et SOVEMA a passé pendant 6 mois les deux pompes sous les bandes d’essais et ça été une réussite. Ces pompes sont déjà installées à Labé. Nous voudrions installer une unité industrielle de fabrication des pompes. Ce sera une première en Guinée et en Afrique. Ce qui permettra de former les jeunes et créer de l’emploi pour les mêmes jeunes. Nous envisageons d’installer cette unité à Mamou. Je voudrais donc former des jeunes pour pérenniser ce projet en Guinée et sur le continent.
Je suis en train de travailler avec le ministère de l’enseignement technique, de la formation professionnelle, de l’emploi et du travail. Une convention est déjà signée pour la formation des étudiants sortants, ou des diplômés des CFP (centre de formation professionnelle) de Labé. Nous allons étendre ce projet sur toute l’étendue du territoire national avec le ministère de l’enseignement technique et de la formation professionnelle et emploi jeunes à la demande du Ministre Damantang.
En dehors de la formation et de l’emploi pour les jeunes, dans les projets futurs, je voudrais lancer deux types de pompes. Nous allons d’abord lancer la pompe à usage domestique ensuite lancer la pompe d’irrigations. Avec la pompe d’irrigation il y aura deux variantes, une pour les ménages directs qui sera moins couteuse. L’objectif est de la vendre à moins de 4 millions de francs guinéens. La seconde sera pour les communautés villageoises. Elle sera vendue autour de 9 millions GNF. L’objectif recherché, c’est de permettre à tout le monde d’accéder à l’eau potable avec un moindre coût surtout dans les ménages où des femmes et des enfants parcourent des kilomètres pour trouver de l’eau. La problématique de l’eau on en a partout. Et si on a une pompe qui permet de répondre à ces besoins, l’objectif de mise en place de cette unité industrielle serait en partie atteint. Je précise que l’unité industrielle de pompe sera installée à Mamou ensuite progressivement dans les autres préfectures du pays.
Avez-vous un appel à l’endroit des autorités ?
Oui c’est l’accompagnement d’abord, qu’on sache aujourd’hui que la Guinée a une pompe. C’est une pompe guinéenne qui est à la portée de tout le monde, compétitive sur le plan international développée avec une société industrielle. L’accompagnement de l’Etat pour ce projet est très important. Pour ce faire, il faut surtout avoir les marchés dans les projets de l’Etat.
Je voudrais remercier l’Etat à travers le PACV (programme d’appui aux communautés villageoises, Ndlr). Dans tous les projets d’installation de pompe et appel d’offres, le PACV demande à ce que les pompes Fapel soient mises sur le marché, c’est vraiment encourageant pour la fabrication locale, cela encourage les PME locales d’aller de l’avant. Je remercie le chef de l’Etat de m’avoir accompagné techniquement jusque-là. Parce qu’aujourd’hui nous avons deux prix internationaux : le prix de l’innovation à Paris et celui que je viens d’avoir la France s’engage au Sud avec le président Hollande. Grâce à la clairvoyance du Chef de l’Etat qui est vraiment un bâtisseur, et qui m’a vraiment accompagné, encouragé à faire du bon travail et faire en sorte que la pompe soit pérenne.
Vous pouvez gagner des milliers de marchés aujourd’hui mais quelques années après tout peut s’arrêter si les pompes sont de mauvaise qualité. C’est pourquoi nous avons vraiment bien travaillé sur la qualité de la pompe avec la société partenaire et le SNAPE (Service national d’aménagement des points d’eau, Ndlr) qui m’accompagnent. Aujourd’hui, la Guinée a une pompe compétitive. C’est ce résultat qui nous a permis d’avoir ces différents prix.
Un dernier mot ?
Pour terminer je voudrais remercier l’ambassade de France à travers le service de la coopération culturelle qui m’a accompagné, qui a cru en Fapel. Ils ont pris tous les frais de mon premier voyage pour la rencontre au salon de l’innovation pour préparer la COP 21 et payer les frais de Paris à Nîmes pour visiter pour la première fois la société SOVEMA dont la collaboration a porté fruit aujourd’hui.
Mes remerciements vont également à l’endroit de mon incubateur Saboutech qui a entretenu Fapel, parce que Fapel était dans l’informel. Tous nos projets sont accompagnés par Saboutech à travers des formations même tout récemment on a fait un plan d’affaires pour cette unité industrielle à Mamou.
Merci Monsieur Barry !
Merci à vous aussi !
Entretien réalisé par Alpha Ousmane Bah
Pour Africaguinee.com
Tel. : (00224) 620 93 45 45
Créé le 14 novembre 2016 12:35
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