Enseignement supérieur : Ce qu’exige le syndicat vis-à-vis des autorités…

CONAKRY- En Guinée, le syndicat national autonome de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (SENASURS) brandit une menace de grève générale. Alors que l’année universitaire tire à sa fin, le syndicat n’entend point reculer. Il exige la satisfaction de sa plateforme revendicative axée sur onze (11) points. Que réclame le syndicat ? Comment compte-t-il faire plier les autorités ? Jusqu’où compte-t-il aller ? Africaguineee.com a interrogé le secrétaire administratif du SENASURS.


AFRICAGUINEE.COM : Pourquoi vous voulez déclencher une grève générale en cette période de fin d’année académique ?

MOHAMED SOUMAORO :

Nous estimons qu’à n’importe quel moment de la période académique, nous pouvons revendiquer nos droits. Que ça soit au début ou en fin de l’année. Nous avons réfléchi, que ça soit en fin ou en début d’année, il y a bien la nécessité qu’on aille demander c’est qu’on veut à nos partenaires qui constituent le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation.

Qu’est-ce que vous réclamez concrètement ?

Nous réclamons l’amélioration des conditions de vie et de travail de nos syndiqués. On peut réclamer cela à tout moment. L’enseignement ne s’arrête pas, on ne manifeste pas pour faire sortir des étudiants dans la rue. Alors, on vit dans la promiscuité, ce n’est pas idéal pour un syndicaliste de voir les travailleurs végéter dans la misère.

Habituellement on dit qu’un sac vide ne peut pas se tenir debout. Lorsque vous travaillez, le salaire ne couvre pas les dépenses fixes : manger, santé, logement. Votre salaire est insuffisant pour couvrir toutes ces charges. Il y a des droits que nous nous avons et qui sont différents des autres secteurs.

Nous avons demandé la signature du statut particulier de l’enseignement supérieur. Nous sommes le seul pays au monde dont l’enseignement supérieur est confondu à tous les autres secteurs du pré-universitaire. On ne peut pas demander la qualité aux travailleurs sans les mettre dans des bonnes conditions. Nous tenons à la signature du statut particulier.

Nous tenons aussi au respect de l’autonomie des institutions. Avec la nouvelle équipe du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation dirigée par (de Dre Diaka Sidibé), ils sont en train de saboter l’autonomie des institutions d’enseignement supérieur. Quand vous prenez l’inscription et la réinscription des étudiants, c’est fait par le ministère alors qu’il y a un texte qui est consacré à ça. C’est des ressources internes des institutions. Mais le département s’est accaparé de ça sans ristourne. Depuis que le ministère a commencé cela, les institutions ne savent pas qu’est-ce qu’est devenu les frais de l’inscription alors qu’ils sont destinés à d’autres frais dans les institutions.

Quand vous prenez la suppression de la formation payante, ça fait partie des recettes internes qui couvrent d’autres dépenses dans ces institutions d’enseignement supérieur. Mais la nouvelle équipe suspend ça sans donner aucun motif. Si le nombre est dépassé par certaines institutions, on pouvait simplement réglementer mais ne pas suspendre. Ce sont des recettes internes qui peuvent favoriser l’autonomie des institutions. Au moment où on parle de respect des textes, les autorités elles-mêmes sont en train de les violer. On ne peut pas le concevoir.

Selon certains cadres de l’enseignement supérieur, votre mécontentement s’expliquerait par la fermeture des certaines de vos recettes dont la gestion est jugée « obscure ». Que répondez-vous ?

Toute manifestation de colère part de quelque chose, c’est lorsque que vous sentez que vos intérêts sont brimés que vous réagissez. La grève part d’une brimade. Quand les intérêts sont menacés, les gens se mettent en colère. C’est parce que notre autonomie est menacée. On ne peut pas nous demander du bon travail alors qu’on ne crée pas les conditions nécessaires pour que le niveau soit rehaussé ailleurs. Qu’on nous dise que c’est parce que certains trucs sont coupés, oui, effectivement, c’est parce qu’on est train de créer des conditions de frustration qui ne nous permettent pas de bien travailler et pendant qu’on nous demande des résultats.

Est-ce qu’à date les responsables de votre département ont tenté de vous approcher pour éviter que la crise ne s’enlise ?

On a été invité verbalement par le secrétaire général du département à une rencontre ce mercredi 12 juillet, mais nous avons estimé que ça ne nous concerne pas, en temps de crise on ne peut pas nous inviter verbalement comme ça, c’est comme si il ne nous prend pas au sérieux. Nous avons décidé que si ce n’est pas par écrit nous ne répondrons pas. Mais d’autres structures plus importantes sont en train de nous approcher pour voir ce qu’il y a lieu de faire.

Quel sera l’impact de votre grève si jamais le gouvernement n’accède pas à vos réclamations ?

La psychose que ça créée au sommet de l’Etat, c’est déjà un impact. Les gens pensent que la période est mal choisie, mais nous avons bien réfléchi. A n’importe quel moment on peut aller en grève. L’enseignement supérieur ne s’arrête pas. C’est pendant les vacances qu’on prépare la rentrée suivante. D’ailleurs, nous n’avons pas encore publié les résultats des étudiants pour cette année universitaire, il n’y a pas de remise, nous avons tous ces éléments, c’est sur ça que nous allons agir.

Qu’est-ce que vous attendez des autorités, notamment votre département tutelle ?

On demande la satisfaction de nos revendications.

Êtes-vous prêts à fléchir sur certains points de vos revendications ?

Les onze (11) points sont mêmes minimes.  Par exemple le point 2, l’engagement des homologués, c’est réglé depuis les négociations tripartites de 2022, ça fait partie des conclusions mais sauf que le département de l’enseignement supérieur, le ministère de la fonction publique n’ont pas pris cela au sérieux. Sinon c’est un point qui ne serait pas là en train d’être discuté. Le point 6, des 162 engagés de 2005-2015, c’est une situation qui était déjà réglée ils ont refusé d’appliquer. L’arrêté a été signé depuis 2022, mais les gens ont refusé de l’appliquer.

Quand on dit sur l’engagement des homologués que le fichier n’est pas propre, mais comment une administration correcte, sérieuse peut faire trois ans en train d’assainir un fichier ? Nous syndicalistes, en 12 mois on peut faire cet assainissement.  Ces one (11) points, c’est le nombre qui est important mais la plupart est déjà réglée, mais l’application fait défaut. Nous exigeons que le statut particulier soit signé.

Interview réalisée par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 76 28

Créé le 12 juillet 2023 10:14

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