Conakry : La face cachée de l’exploitation des filles dans les ménages…

CONAKRY- L’exploitation des enfants, notamment des jeunes filles, dans les ménages est un tabou qui change de visage, à Conakry. Il n’est pas rare de voir dans les foyers, des jeunes filles envoyées des villages reculés, qui s’occupent de tout : lessive, plonge, nettoyage de maison, cuisine. Des enfants transformés en « bonnes » de ménages.


Ce sont souvent des filles en âge d’aller à l’école. Quelquefois, en complicité de leurs parents ou d’intermédiaires mercantiles, elles sont privées d’éducation scolaire. Dans ces foyers, elles vivent l’enfers. L’espoir qu’on leur miroite vire vite au cauchemar. Africaguinee.com a interrogé certaines. Le témoignage de ces petites filles est bouleversant. La première s’appelle MT, elle nous explique sa mésaventure.

« Depuis 2021, je suis dans une famille à Nongo et j’ai 15 ans. Depuis que je suis là c’est moi seule qui fais tous les travaux à la maison. Je me réveille à 6 heures au moment où ses enfants se préparent pour aller à l’école. Moi je balaie l’intérieur et l’extérieur de la cour. Après, je lave les ustensiles et la maison toute entière et les habits de ses enfants. Il y a une femme qui vient pour faire la préparation. Mais, elle, c’est juste pour la cuisine. Alors, toutes les autres activités c’est moi qui dois faire ça. Mais ce qui me choque dans tout ça, c’est quand ses enfants reviennent à l’école et madame me demande d’aller préparer le manger pour ses enfants.

Là où je suis, je n’ai pas téléphone portable c’est madame qui parle avec mes parents. Et un jour, je l’ai entendue dire à mes parents que je suis une fille très courageuse, intelligente et elle compte rester avec moi jusqu’à ce que je me marie. Je suis fatiguée de faire ce travail et j’ai envie de rentrer chez mes parents à Télimélé. Moi je ne mange pas avec eux. Ils me stigmatisent surtout si son mari n’est pas là », a-t-elle expliqué avant de fendre en larme

De son côté F. D vient de la préfecture de Tougué. Elle explique que sa patronne avait promis à sa famille qu’elle allait être scolarisée une fois à Conakry mais c’est qu’elle découvre est tout autre.

« Avant que je ne vienne avec madame, elle avait promis à ma famille qu’elle allait me scolariser. Mais, une fois à Conakry c’est le désespoir total. Ça fait trois ans je suis avec elle mais je n’ai jamais vu la porte d’une école à Conakry. Alors, au moment où je quittais le village pour venir ici, je faisais la 4ème année. Mais depuis mon arrivée ici c’est moi qui fais tous les travaux à la maison. Et même l’autre fois, j’avais dit à madame si elle ne trouve pas un autre boulot pour moi, je vais quitter la maison. Elle m’a promis encore qu’il va le faire. Maintenant, j’attends la suite », a-t-elle dit.

En Guinée, les pratiques que subissent ces enfants sont assimilables à la traite des personnes qui sont des infractions souvent méconnues par l’opinion publique ainsi que par d’autres professionnels du droit. Yaya Fatoumata Boiro, magistrat spécialisé sur des questions liées à la traite des personnes et pratiques assimilées explique.

« La traite des personnes, c’est lorsque la finalité est l’exploitation de la personne. On peut considérer ce fait comme une infraction de traite de personnes. Lorsqu’il y a par exemple, le recrutement, le transport, l’hébergement l’accueil d’un enfant et de toute autre personne à des fins d’exploitation dans l’une des circonstances –soit avec des menaces, contraintes, ou des violences, ou des par manœuvres dolosives, avec des échanges ou l’octroi des rémunérations ou parfois lorsque les conditions de travail ou d’hébergement– sont contraires à la dignité de la personne. Donc, toutes ces conditions-là peuvent se réunir et être considérées comme traite de personnes parce que la finalité c’est l’exploitation », a-t-il expliqué.

La traite des personnes et pratiques assimilées sont des infractions prévues et réprimées par les dispositions du code pénal et des dispositions du code l’enfant.

« En ce qui concerne le code pénal, ce sont les articles de 323, 324, 325 et suivants qui répriment la traite des personnes. En ce qui concerne le code de l’enfant, ce sont les articles de 893, 894 et suivants qui répriment et punissent sévèrement la traite des personnes », a déclaré Yaya Fatoumata Boiro.

Mamadou Yaya Bah 

Pour Africaguinee.com

Créé le 12 août 2023 18:07

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