Enfants de la rue : un danger pour la société guinéenne… (reportage)

Des enfants dans la rue d'une ville guinéenne (image d'illustration)

LABE- C’est un fléau qui prend une ampleur préoccupante au sein de la société guinéenne mais  qui est passé sous silence ! Il s’agit des enfants de la rue. Dans la plupart des grandes villes du pays, des enfants sans abris sont visibles partout dans la rue, dépourvus de toute éducation. Ils vivent en l’absence de leurs parents.


Les conséquences de cette situation sont pourtant dangereuses. Car enfants sont exposés à tous les  travers sociaux : banditisme, consommation de la drogue, prostitution, oisiveté…  bref à toute sorte de délinquance, constituant ainsi une menace et un danger pour la société. Mais ce qui est plus inquiétant face à ce phénomène, c’est l’inaction des autorités qui observent le fléau se développer en spectateurs.

Dans la ville de Labé, ils sont nombreux, ces enfants qui vivent dans la rue. Des enfants mineurs sont souvent cités dans des opérations de braquage. En l’absence des autorités, certaines ONG qui œuvrent dans la protection des enfants, tentent de s’occuper de ces enfants, mais leur action est loin d’être à la hauteur de l’ampleur du phénomène.  Les Nations Unies estiment à 150 millions le nombre d'enfants définis comme enfants de la rue. En Guinée, nous n'avons pas pu obtenir de statistiques.

Il est presque minuit au grand marché de Labé. Boutiques et magasins fermés. Les étalagistes ont plié bagages. L’atmosphère a l’air calme. Mais d’autres âmes  restent : ce sont les enfants de la rue ou les enfants sans abris. Ils vivent là.

Alphadio 17 ans originaire de Maci, préfecture de Pita vit dans la rue depuis deux ans avec d’autres enfants de son âge, exposés à toutes les intempéries de la nature. «  dormir dehors c’est difficile, il y a la fraicheur, les moustiques sans couverture comme mes paires nous souffrons énormément. Je vends des habits à la sauvette parfois. Il arrive des moments où je me couche sans manger, je n’ai jamais fréquenté l’école. Je me couche souvent sans manger. Si tu as de l’argent et tu te couches dehors, les plus âgés et les alcooliques prennent tout sur nous. Les plus grands nous écrasent à chaque moment ici », témoigne l’adolescent.

Alimourana Diallo 13 ans est un enfant venant de ThiaguelBori, préfecture de Lelouma. Il vit dans la rue et de la mendicité. « Quand je viens demander de l’argent certains me disent de repasser, d’autres profèrent des menaces. Des personnes de bonne foi me donnent entre 500 et 1000gnf. Si je sors de Labé pour mendier à Pita et environs  comme TimbiMadina dans les marchés hebdomadaires, je rentre parfois avec 50.000gnf », explique le jeune garçon.

Hervé SandèTolno  éducateur au foyer Saint joseph de Labé estime que les enfants de rue constituent les prémisses de la délinquance juvénile dans la société. «  Ces enfants que nous voyons au marché en train de transporter des bagages, derrière ces transports de  bagage ce qui est mauvais ils consomment  la  drogue, ils se livrent au vol, ils aspirent l’alcool et l’essence, ils se battent avec toute sorte de bêtises , les jeux de hasard etc.….», alerte cet éducateur.

Responsabilité

Les familles et l’Etat  ont une grande responsabilité dans la déroute des enfants de la rue. Pour  Sylla Amadou Mboré, responsable régional de Sabou Guinée à Labé, l’appellation enfant de la rue ne colle pas qualifier ces enfants. La raison : la rue n’engendre pas d’enfants.

«Il n’y a pas un enfant de la rue, il y  a des enfants en situation de rue parce que tous ces enfants sont venus des familles différentes pour rester dans la rue. Il faut l’implication de l’Etat, les acteurs de protection de l’enfant, ces acteurs-là accompagnent l’Etat; nous ONG nous ne pouvons-nous substituer à l’Etat» indique Sylla Amadou Mboré responsable régional de Sabou Guinée à Labé.

Ces enfants sont exposés aux maladies notamment pendant la saison pluvieuse, prévient  Mamadou Dian Mairie, l’un des responsables de SOS village d’enfants.

 « Ils risquent beaucoup de choses pour eux-mêmes, sur la santé  nous sommes en saison pluvieuse, ils dorment dehors avec les risques de noyade, ils peuvent contracter la diarrhée, des malades hydriques. Ces enfants dorment sans aucun confort, pas de couvertures, pas de lits, ils dorment sur des tables, dans les couloirs du marché. Les risques de santé sont énormes pour  ces enfants déshérités », souligne-t-il.

Troubles psychologiques…

Mamadou Siré Barry, formateur affirme quant à lui qu’au-delà des risques de maladies ces enfants font face à des risques psychologique : « ces enfants sont déjà en risque à  partir du moment on les appelle les enfants de rue. Ce qui est plus important dans cette situation c’est les risques psychologiques, ces enfants sont stigmatisés dans la société, eux-mêmes se rendent compte que personne n’a confiance en eux. Ils se disent dans la tête que personne ne les aime. Ils n’ont pas confiance en eux à plus forte raison à autrui. Ils se sentent marginaliser vis-à-vis des autres membres de la société. Psychologiquement ils sont malades et se voient toujours inferieurs par rapport aux autres membres de la société», explique M. Barry.

Un danger

Les enfants de la rue sont prédisposés à être des délinquants. Du coup une menace pour la société. « C’est un danger. Ils risquent d’être des bandits de grand chemin. Ils ne vivent sous la pesanteur d’aucune autorité parentale, leur vie est régie par la loi du plus fort, les forts écrasent les faibles. Donc ils sont préparés à tout, à vivre dans la rue sans rien faire avec une forte consommation de stupéfiant. La société est entrain de fabriquer des bandits sans se rendre compte. Imaginez un enfant sans éducation sans protection sociale, c’est ça le risque énorme. Ces enfants sont impliqués à tout ce qui est fléau. Ils sont là devant les magasins, ils écoutent tout ce qui se dit, quand vous donnez de l’argent à quelqu’un, ils peuvent le suivre, indiquer à d’autres dans quel véhicule il est monté. Ils peuvent facilement devenir des coupeurs de route» avertit Mamadou Dian Mairie Diallo de SOS village d’enfants.

 Ils sont sans état d'âme

Les délinquants appelés Gang dans le jargon, se forment à partir des enfants de la rue au niveau des marchés, indique Siré Barry de l’ONG Sabou Guinée qui note qu’ils sont sans état d’âme.

« Si vous n’êtes pas dans une famille, c’est difficile d’avoir pitié. Tout le monde a suivi récemment ces enfants de 14 ans et moins qui ont défoncé la boutique d’un citoyen emportant de l’argent, des objets de valeur. Ils font tout, pour eux tout est permis. C’est dans la rue qu’ils apprennent à fumer la drogue, à jouer aux cartes, à voler, violer ; faire tout ce qui est néfaste pour la société  »,  a rappelé Siré Barry.

Braquage impliquant des enfants…

Rencontré, l’administrateur du marché central de Labé est revenu sur un vol important perpétré par des enfants mineurs enregistrés au mois d’Aout dernier au grand marché.

« Le vol dont je vous parle a eu lieu courant Aout. Mais si ces enfants eux-mêmes n’avaient pas reconnus, personne ne pourraient imaginer que des mineurs de cet âge peuvent se livrer à un tel acte. L’enfant qui a demandé sa part dans le partage du butin n’a pas eu gain de cause, ses amis l’ont tabassé encore. Finalement c’est lui-même qui est venu dire à la victime de vol par effraction ce qui s’est passé. Le commandant de la garde communale a mené toutes les investigations pour mettre mains sur les enfants, tous ont reconnu avoir volé. L’âge des enfants varie entre 9, 11, et 14 ans. Ils n’avaient pas fini de dépenser tout l’argent. Le tout faisait plus de 30 millions, l’argent en espèces s’évaluait à 7 millions GNF  des objets de valeur », se souvient Tely Baldé, administrateur du marché central de Labé.

Alpha Ousmane bah

Pour africaguinée.com

Tel : (00224) 664 93 45 45

 

 

Créé le 27 juin 2018 09:17

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