Elections en Guinée : L’opposition réagit suite au courrier du premier ministre…

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CONAKRY- L’opposition guinéenne vient de réagir face à la lettre que lui a adressée le premier ministre Mohamed Said Fofana ! Son porte-parole Aboubacar Sylla a qualifié de “fuite en avant“ la lettre réponse du chef du gouvernement guinéen.


Nous vous proposons l’intégralité de la réaction du porte-parole de l’opposition guinéenne, Aboubacar Sylla, qui a été interrogé par notre reporter…

“Sur la forme, on a attendu 17 jours pour voir une réponse de la part du gouvernement à une simple offre  de dialogue autour d’un accord politique qui a déjà l’avantage d’être signé par toutes les parties. Donc, qui ne fait l’objet d’aucune polémique en principe.

Sur le fond, nous ne sommes que modérément surpris tant nous savons que ce pouvoir n’accepte pas le dialogue et la concertation. Il se contente des fuites en avant pour nous mettre devant le fait accompli. Il en était ainsi en 2012 et en 2013, c’est après 57 morts, plus de 1000 blessés, plus de 1000 interpellations et plus de 40 milliards de dégâts matériels et sous la forte pression de la communauté internationale, il s’est résolu à accepter le dialogue qui s’est déroulé en juin-juillet et qui a abouti à cet accord politique. Cette  lettre réponse confirme  que ce pouvoir reste toujours campé sur cette positon de refus de dialogue.

Nous avons posé cinq questions essentielles. La première concernait les élections communales dont la tenue était prévue au plus tard à la fin du 1er trimestre 2014. Mais la réponse du premier ministre n’en fait même pas état. Cette question a été purement et simplement occultée.

Nous avons parlé du recrutement de l’opérateur technique dans les délais qui sont compatibles avec la période légale indiquée dans le code électoral, à savoir faire en sorte que la révision du fichier se déroule du 1er octobre au 31 décembre. Ce qui suppose que l’opérateur technique doit être disponible et doit avoir tout son matériel prêt et tout son personnel prêt à être déployé sur le terrain    au plus tard au mois de septembre, mais aujourd’hui on est fin mai. Et à ce jour, il  ne reste plus que quatre mois. A ce jour même les  cahiers de charge ne sont pas élaborés. Et, lors que l’Union Européenne s’est proposée de faire une assistance technique à la CENI (Commission électorale nationale indépendante, Ndlr), afin d’élaborer le cahier de charge, et diligenter la procédure jusqu’au recrutement de l’opérateur technique, la réaction du président de la République, c’était de convoquer les membres de la CENI issus de la mouvance, de la société civile ainsi que du gouvernement pour leur demander de s’opposer à toute immixtion de l’Union Européenne ou de la communauté internationale dans le fonctionnement de la CENI, alors que nous savons tous que c’est grâce à cette assistance de la communauté internationale et à son expertise  qu’on a pu aller au moins aux élections législatives passées. Ce qui explique  que le recrutement de l’opérateur technique soit retardé. Et, dans le même temps, on charge SABARY technologie dont la mission prend fin normalement depuis la tenue des élections législatives, pour faire des corrections sur le fichier électoral. Notamment, revoir la cartographie électorale, réaménager l’affectation des électeurs dans les  différents bureaux de vote pour ne pas trop les en éloigner et traiter la question des omissions dans le  fichier électoral.  Tout ceci doit faire l’objet du menu du dialogue que nous réclamons.

Ensuite, il y a la question liée aux poursuites judicaires autour de toutes les personnes qui sont considérées comme auteurs ou commanditaires des actes de violence qui sont versés sur les manifestants. On nous informe que ces procédures sont en cours et que les plaintes engagées auprès de la justice seraient également en cours d’instruction. Nous sommes d’autant plus surpris qu’aucune des victimes n’a été convoquée en notre connaissance, aucun témoin n’a été entendu, aucun présumé coupable non plus ne s’est présenté devant qui que ce soit. Et nous ne sommes même pas informés que  des poursuites sont ouvertes parce que ce sont des questions qui nous concernent directement, car même certains leaders sont concernés par ces  violences. Par exemple le Pr Charles Pascal Tolno et moi-même. On dit également que l’indemnisation des victimes va découler des conclusions des procédures judiciaires qui sont engagées.

La dernière question qui concerne le respect du principe constitutionnel de la neutralité des services publics que nous avons réclamé et qui faisait également parti de l’accord, on se contente de faire des professions de foi. Le Premier ministre nous annonce que de toute façon, des instructions sont données au ministre en charge de l’administration du territoire et que des dispositions seront prises pour que le gouvernement respecte cette disposition constitutionnelle. Donc, on nous oppose une fin de non recevoir à  notre demande de concertation en nous rappelant qu’il y a une Assemblée Nationale où toutes ces questions pouvaient être débattues dans un cadre légal et de débat démocratique ouvert au parti politique.

Nous avons dit que l’assemblée nationale ne peut pas être l’unique cadre de débat. Nous avons dit que lorsqu’il est question de problèmes liés au code électoral, lors qu’il est nécessaire de l’amender, ce code étant une loi, nécessairement, le cadre de dialogue, c’est l’Assemblée Nationale. S’il s’agit aussi de revoir le cadre constitutionnel de la CENI, il est évident que là aussi sur cette question, le cadre de dialogue c’est l’Assemblée Nationale.

Mais lors qu’on doit parler du chronogramme des élections communales, du recrutement d’un expert ou d’un opérateur technique indépendant, lors qu’on doit évoquer les questions liées aux poursuites judicaires, lors qu’on doit parler d’indemnisation, ou de la neutralité du service public, je ne crois pas que l’assemblée nationale soit le  cadre  le cadre de débat pour ces questions. Sans compter qu’une partie de  la classe politique n’est pas représentée à l’assemblée nationale. Et beaucoup de signataires de cet accord ne peuvent aller élire domicile à l’assemblée nationale sur ces questions. Il s’agit notamment de la CENI, du gouvernement qui n’est  pas membre de l’assemblée nationale en tant qu’institution, de la communauté internationale, qui était aussi représenté lors de ce dialogue.

Donc, nous considérons que cette lettre est simplement un faux-fuyant. Je crois qu’également c’est une fin de non recevoir accordée à notre demande de dialogue.

Nous allons nous retrouver dans l’urgence dans les jours à venir, l’opposition tant parlementaire qu’extra-parlementaire  pour adopter de façon consensuelle la réponse à donner à ce refus de dialogue du gouvernement“.

 

Propos reccueillis par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel. : (00224) 655 31 11 12

Créé le 22 mai 2014 18:49

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