Élections en Guinée: Cette recommandation de l’ONU qui « renforce » la junte…

DAKAR- C’est une forte recommandation qui devrait renforcer la junte militaire au pouvoir en Guinée dans sa démarche de refondation du système électoral. Lors d’un colloque régional tenu les 6 et 7 septembre à Dakar, l’ONU à travers son Bureau régional, des représentants de plusieurs institutions ainsi que des experts ont formulé des recommandations pour le renforcement de la démocratie et de la gouvernance publique en Afrique de l'Ouest.
Des dirigeants d’institutions, experts et praticiens de la gouvernance et de la consolidation de la paix, ainsi que des représentants de groupes de réflexion et d'organismes de recherche y avaient pris part. On notait notamment la présence de l’ancien Premier ministre guinéen Kabiné Komara, de Mahamat Saleh ANNADIF, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel, de Christopher Fomunyoh, directeur régional pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre du NDI.
L'objectif principal de cette rencontre régional, selon une note de l’ONU consultée par Africaguinee.com, était d'évaluer l'état de la gouvernance et la mise en œuvre des principaux cadres et instruments normatifs existants soutenant la gouvernance démocratique dans la sous-région.
Les principaux cadres et instruments analysés étaient le Protocole additionnel de la CEDEAO de 2001 sur la démocratie et la bonne gouvernance, la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance de 2007 et la Déclaration de Praia de 2011 sur les élections et la stabilité en Afrique de l'Ouest.
Bannir les fichiers électoraux cycliques
Les participants ont abordé les grandes questions liées à la gouvernance et à la démocratie en Afrique de l'Ouest, la réforme du Protocole additionnel de la CEDEAO et les défis sécuritaires dans la sous-région et formulé des recommandations concrètes.
Concernant les élections, selon la note consultée par Africaguinee.com, les participants ont plaidé pour la mise en place de registres d'état civil efficaces qui permettraient d'extraire les listes électorales au lieu des fichiers électoraux cycliques.
En Guinée, cette question divise. La junte militaire veut doter le pays d’un registre d’état civil duquel seront extraites les listes électorales. Le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya a signé un décret pour entamer le processus qui passe par le recensement général de la population et de l’habitat. Mais une partie de la classe politique juge cette initiative coûteuse et surtout longue. Elle soupçonne la junte de manœuvres pour s’éterniser au pouvoir.
Alors que le débat est loin d’être clos sur ce sujet, cette forte recommandation de ces experts issus d’horizons différents devrait sans nul doute renforcer les autorités de la transition guinéenne à aller jusqu’au bout de cette opération. Quitte à susciter le courroux de leurs détracteurs.
Kabiné Komara, Mahamat Saleh ANNADIF et compagnie ont également appelé à des efforts pour une plus grande professionnalisation des organes de gestion des élections, à commencer par les critères de sélection de leurs membres, la transparence de leurs actions et les mécanismes susceptibles d'accroître leur indépendance.
Ce volet également constitue une autre pomme de discorde en Guinée. Après la dissolution de la CENI (commission électorale nationale indépendante), c’est le ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation qui est chargé désormais d’organiser les élections. Là aussi, cette décision de la junte ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique. Certains acteurs demandent un organe indépendant qui soit carrément détaché de l’exécutif.
A suivre…
Focus Africaguinee.com
Créé le 19 septembre 2022 21:43