Elections américaines: Vladimir Poutine dénonce un coup monté
Le lien prétendu entre l'ex-directeur de campagne de Donald Trump et la Russie a été fabriqué, selon Vladimir Poutine. Le président américain s'est dit convaincu samedi de la sincérité de son homologue russe. Mais à Washington, on se montre plus sceptique.
Paul Manafort et son associé Rick Gates ont été inculpés fin octobre de douze chefs d'accusation, dont conspiration contre les Etats-Unis et blanchiment d'argent, comme l'a dévoilé le procureur spécial Robert Mueller, qui enquête sur les ingérences de la Russie dans l'élection présidentielle de 2016.
Les deux hommes ont été assignés à résidence. Il s'agit des premières inculpations prononcées dans le cadre de l'enquête menée par Mueller, ancien directeur du FBI, qui a été nommé en mai pour faire la lumière sur cette affaire qui empoisonne la présidence Trump depuis son arrivée à la Maison Blanche.
Informations erronées
Les informations d'après lesquelles des proches du président russe ont eu des contacts avec l'équipe de campagne de Trump sont erronées, a ajouté Vladimir Poutine. Il s'exprimait lors d'un point de presse à l'issue du sommet de l'Apec (Forum économique Asie-Pacifique) à Danang, au Vietnam.
«Il n'y a aucune confirmation que nos médias de masse se soient livrés à des ingérences dans des campagnes électorales, et il ne peut pas y en avoir», a-t-il dit à la presse. Le président russe y voit une manoeuvre des adversaires du président américain pour lui nuire.
Dans la foulée de cette déclaration, Donald Trump, qui rejette en bloc les accusations de collusion et parle de «chasse aux sorcières», a dit croire que son homologue russe était parfaitement sincère dans ses démentis. Lui s'adressait aux journalistes à bord d'Air Force One.
«Je pense qu'il se sent très offensé par ça, ce qui n'est pas une bonne affaire pour notre pays», a ajouté le républicain qui a brièvement rencontré Poutine en marge du sommet de Danang. Les deux dirigeants, qui ont adopté une déclaration commune sur la Syrie, ne s'étaient plus croisés depuis le mois de juillet.
Naïveté
Mais à Washington, les dénégations de Poutine ne convainquent pas tout le monde. Le sénateur républicain John McCain, qui préside la commission sénatoriale des Services armés, s'est ainsi étonné que l'on puisse «placer les paroles d'un colonel du KGB au-dessus de la communauté américaine du renseignement».
Dans un rapport déclassifié publié début janvier, avant son investiture, la CIA (Central Intelligence Agency), le FBI (Federal Bureau of Investigation) et la NSA (National Security Agency) ont conclu à une ingérence de Moscou pour favoriser son élection face à Hillary Clinton, jugée moins favorable aux intérêts de la Russie.
«Il n'y a rien d''America First' là-dedans», a insisté McCain en reprenant le slogan de Trump, ajoutant que «Poutine ne porte pas les intérêts de l'Amérique au coeur». «Penser autrement est non seulement naïf mais met aussi notre sécurité nationale en danger», a-t-il poursuivi.
Le démocrate Adam Schiff, qui siège à la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, a lui aussi déploré les propos de Trump. «Le président ne trompe personne. Il sait que les Russes sont intervenus en piratant et en publiant les courriels de son adversaire, et qu'il en a exploité les fruits encore et encore durant la campagne», a-t-il ajouté dans un communiqué.
AFP
Créé le 12 novembre 2017 08:43Nous vous proposons aussi
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