Ebola : les « confidences » de Dr Sokpo THEORO, DPS de Nzérékoré…
NZEREKRE-Alors qu'elle avait fait plus de 2500 morts entre 2014 et 2016 en Guinée, la fièvre hémorragique à virus Ebola est réapparue le 14 février dernier dans la sous-préfecture de Gouécké à 42 kilomètres du centre-ville de Nzérékoré. On signale déjà 5 morts. Les statiques de la journée du jeudi 18 février 2021, font état d’un cas suspect à Nzérékoré, 3 cas confirmés dont deux à Nzérékoré et un à Gouécké et 4 cas probables.
Comment s'organise la riposte sur le terrain ? Qu'est-ce que les autorités savent-elles de l'origine de cette nouvelle flambée du virus ? Comment se fera la vaccination annoncée ? Quelles sont les cibles ? La DPS (directrice préfectorale de la santé) de Nzérékoré, s’est prêtée aux questions d’Africaguinee.com ce vendredi 19 février 2021. Docteur Sokpo Théoro fait des confidences et annonce que toutes les dispositions sont prises pour contrer l’épidémie. Interview exclusive !
AFRICAGUINEE.COM : La Guinée est dans une situation épidémique due à la fièvre hémorragique à virus Ebola, depuis le 14 février 2021. Dites-nous comment s’organise la riposte à N'Zérékoré ?
DR SOKPO THEORO : Dès qu’on a constaté les cas à l’hôpital, la première chose qu’on a pu faire, c’était de les isoler. Ils ont été isolés, et ils ont été prélevés, ensuite, on les a envoyés au CTEPI. Là-ba,s déjà ils étaient isolés. Ils n’étaient plus en contact avec d’autres personnes. Mais bien sûr à la maison, ils étaient suivis par leurs parents. Nous, nous avons fait le recensement des contacts là que nous sommes en train de suivre.
A date, quelle est la situation ?
A l’heure-là, il y a un cas confirmé au CTEPI hospitalisé et un cas suspect.
Sait-on comment le virus est réapparu ?
Nous n’avons pas encore connu la source. Tout ce que nous savons, c’est un de nos agents qui est décédé, et tous ses parents, qui étaient autour de lui, ont développé la maladie. Mais nous sommes en train de voir qu’est-ce qui s’est passé ? Son mari aussi est tombé malade, il est à Conakry. Si lui il était là, peut-être il allait nous dire ce qui s’est passé. Mais comme il est alité, on ne peut pas l’écouter.
Dispose-t-on d’un dispositif robuste pour mener la bataille ?
Oui ! Parce que d’abord, l’équipe qui est là est très bien. Ensuite, on nous a ajouté des personnes venues de l’ANSS (agence nationale de sécurité sanitaire), de l’OMS (organisation mondiale de la santé), d'Expertise France qui sont là en train de nous appuyer.
Sur le plan de la sensibilisation, comment vos équipes s’y prennent-elles ?
Il y a une équipe de sensibilisation composée de l’Unicef, des imams, des prêtres, des pasteurs, avec les sages aussi qui font passer les messages dans les radios de la localité. Ils ont d’abord pris 2 personnes par radio qui ont été formées ici pour savoir comment donner les informations à la population. Et les messages sont déjà produits, c’est de les déposer dans les radios. Il y a aussi des agents qui sont sur le terrain qui sont en train de sensibiliser la population, non seulement à accepter le vaccin qui va venir, mais à ne pas sortir du village, de rester sur place jusqu’à ce que les agents passent pour les contrôler.
Gouécké, le berceau de l’épidémie est aujourd’hui presque isolé. Est-ce que vous ne rencontrez pas de réticences ?
Non, il n’y a pas de réticence à Gouécké et je vous dis encore que Gouécké n’est pas isolé. Gouécké nous reçois très bien.
Le début de la vaccination est annoncé pour la semaine prochaine. Comment l’opération se déroulera-t-elle ?
On nous a signalés le début de la vaccination, certes. Mais là, je ne peux pas me prononcer sur ça. On va attendre quand les gens seront là. Je pense que ça sera la semaine prochaine.
Est-ce que vos équipes sont suffisamment formées pour ça ?
L’équipe qui va faire la vaccination a été déjà formée depuis Conakry par l’ANSS. Donc, ce sont eux qui vont faire le boulot.
Quelles sont les cibles ?
Les cibles sont premièrement les agents de santé, les contacts et les contacts des contacts des cas positifs. S’il y a reste de vaccin, maintenant, on peut élargir. Mais on a dit autour d’un cas positif, on fait un cercle à 1m. Donc toutes les personnes qui sont là-bas, seront vaccinées.
Un dernier message à l’endroit de la population ?
C’est d’inviter la population à accepter les agents de santé. De ne pas fuir. Quand tu es vite détecté, tu guéris très rapidement. Actuellement, il y a beaucoup de médicaments qui sont venus pour le traitement d’Ebola. Si avant, on disait qu’il n’y a pas de traitement, mis actuellement, il y a le traitement. J'interpelle la population d'accepter la vaccination là. Ceux qui sont prévus, n’ont qu’à accepter la vaccination. Et de respecter les mesures barrières. La distanciation, le lavage des mains et de ne pas se toucher.
Interview réalisée par Paul Foromo SAKOUVOGUI
Correspondant régional d’Africaguinee.com
A Nzérékoré.
Tél : (00224) 628 80 17 43
Créé le 20 février 2021 10:42Nous vous proposons aussi
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