Ebola: la « guerre n’est pas gagnée », avertit l’OMS
MONROVIA-La «guerre» contre le virus Ebola n’est «pas gagnée» et pourrait prendre six mois, a averti lundi en Sierra Leone le coordinateur de l’ONU contre l’épidémie qui sévit en Afrique de l’Ouest, le Dr David Nabarro.
Dans ce combat, un nouveau front s’est ouvert en Afrique centrale, avec la découverte d’un foyer dans une zone reculée de République démocratique du Congo (RDC), distinct de celui qui a embrasé l’ouest du continent, d’après les autorités sanitaires congolaises et internationales.
L’épidémie qui s’est déclarée au début de l’année en Guinée, avant de se propager au Liberia et à la Sierra Leone voisines, puis au Nigeria, est la plus grave de l’histoire de cette fièvre hémorragique, identifiée en 1976 en RDC.
Après une période d’accalmie, elle a repris de plus belle en juillet, faisant au total 1.427 morts: 624 au Liberia, 406 en Guinée, 392 en Sierra Leone et 5 au Nigeria, sur un total de 2.615 cas (confirmés, probables ou suspects), selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) arrêté au 20 août.
«La lutte pour vaincre Ebola n’est pas une bataille, mais une guerre, qui exige que tout le monde travaille ensemble, dur et efficacement», a déclaré le Dr Nabarro en Sierra Leone, deuxième étape de sa tournée des pays touchés. Il a dit «espérer que ce sera terminé dans six mois».
«Sommes-nous en train de perdre ou de gagner? Tout ce que je peux dire, c’est que nous ne l’avons pas encore gagnée», a ajouté l’épidémiologiste britannique.
«Nous travaillons sur des mesures exceptionnelles sur six mois pour maîtriser rapidement la maladie,» a-t-il indiqué.
Il a déploré la suspension par de nombreuses compagnies aériennes de leurs liaisons avec les pays touchés, qui rend «beaucoup plus difficile», voire «pas possible» pour l’ONU d'«acheminer du personnel et du matériel» afin de remplir sa mission.
Au Liberia, le pays le plus touché, un médecin contaminé par le virus et traité avec le sérum expérimental américain ZMapp, le Dr Abraham Borbor, est décédé dans la nuit de dimanche à lundi, a annoncé le gouvernement libérien.
Le Japon a proposé lundi de fournir un traitement expérimental mis au point par une entreprise nippone, homologué en mars dans le pays comme antiviral contre la grippe, afin de lutter contre Ebola si l’OMS en faisait la demande.
– Quarantaine sur 100 km2 –
Un expert médical de l’OMS, spécialiste en épidémiologie, a été contaminé en Sierra Leone, le premier cas parmi les quelque 400 personnes déployées dans les pays touchés.
De nationalité sénégalaise, cet expert devait être transféré de Freetown vers «un centre de soins en Europe», a annoncé lundi Dakar.
L’Europe a accueilli dimanche un deuxième malade d’Ebola, après un prêtre espagnol infecté au Liberia et décédé le 12 août: William Pooley, 29 ans, un infirmier bénévole britannique contaminé à Kenema, dans l’est de la Sierra Leone, épicentre de l’épidémie.
Soigné dans une unité d’isolement au Royal Free Hospital de Londres, il a appris sa contamination samedi et a «une bonne chance de s’en sortir», selon Robert Garry, un médecin américain qui a travaillé avec lui à Kenema.
Et l’Afrique de l’Ouest n’est désormais plus la seule touchée: le virus Ebola a ressurgi dans une zone reculée du nord-ouest de la RDC, la septième épidémie enregistrée dans ce pays, faisant 13 morts.
L’OMS partage l’avis des autorités congolaises sur le caractère isolé de cette épidémie, «totalement indépendante de celle qui sévit actuellement en Afrique de l’Ouest», a précisé un responsable de l’organisation à Kinshasa sous couvert d’anonymat.
Les autorités congolaises ont lancé leur riposte lundi. Le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, a remis à Kinshasa un lot de thermomètres laser aux responsables de la province de l’Equateur.
Le ministre de la Santé Félix Kabange Numbi a sollicité l’appui financier de la communauté internationale: selon lui, le pays a besoin immédiatement de 2 millions de dollars (1,5 million d’euros) pour lutter contre la maladie.
Le secteur concerné, près de la ville de Boende, à environ 800 km au nord-est de Kinshasa, a été placé en quarantaine sur une zone d’une centaine de kilomètres carrés.
Au total, au moins 11 malades ont été isolés et plus de 80 personnes ayant eu des contacts avec des malades sont suivies «par une équipe spécialisée».
AFP
Créé le 25 août 2014 21:58Nous vous proposons aussi
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