Ebola en Guinée : Qu’en pense Frederick Van Der Schrieck ?
CONAKRY-Depuis ce 14 février 21, la Guinée a officiellement déclaré une épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola apparue dans le sud-est du pays. La riposte s'organise pour enrayer la maladie. Face à la résurgence de cette épidémie, Africaguinee.com, a interrogé le chef de mission de Médecins sans frontières en Guinée. Dans cet entretien, Frederick Van Der Schrieck donné donne sa lecture sur cette nouvelle flambée épidémique.
AFRICAGUINEE.COM : La résurgence d’Ebola a été signalée en Guinée. Quelles sont les dispositions envisagées Msf pour la riposte ?
FREDERICK VA DER SCHRIECK : Nos équipes MSF ont été très engagées dans la dernière épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest. Nous sommes en train de rassembler rapidement une équipe d'Ebola pour aider le ministère de la Santé cette fois aussi. La déclaration officielle, basée sur des tests de laboratoire, n'est arrivée que dimanche 14 février 2021, il est donc un peu tôt de vous donner des informations épidémiologiques précises. Le ministère de la Santé a agi assez rapidement (…). La zone de l'épicentre actuel est une région rurale éloignée. Les cas ont été signalés dans la sous-préfecture Gouécké, près de N'Nzérékoré, à l’extrême sud-est du pays.
Quelle va être la partition de MSF dans la riposte ?
Nous devrons voir combien de protocoles et de réflexes de l'épidémie de 2014-2015 peuvent être réactivés rapidement. Mais nous devons être optimistes que les autorités sanitaires seront en mesure relativement de faire de bonnes choses et rapidement. Nous pouvons déjà souligner que l'Agence nationale de surveillance sanitaire a été assez réactive pour détecter et confirmer ces cas en moins de 2 semaines. Alors qu'il avait fallu des mois sur le dernier épisode de 2014. MSF rassemble une équipe au moment où nous parlons, et nous devrions être actifs dans les prochains jours. Nous avons déjà envoyé un épidémiologiste ce matin dans la zone touchée pour soutenir les autorités dans ces premiers travaux de surveillance.
L'une des principales choses que nous avons apprises la dernière fois, c’était la nécessité de donner la priorité à la recherche des contacts, aux pratiques funéraires sûres et à d'autres activités communautaires. Ces éléments ont également été critiques au cours des récentes épidémies que nous avons observées dans l'est de la RDC. Le besoin de rapidité doit donc être équilibré avec le besoin de garantir que la communauté participe activement et volontairement aux aspects de prévention et de traitement de la réponse.
Quelles sont les mesures de prévention en place ?
D'après ce que nous avons entendu, certaines des bonnes actions initiales ont eu lieu. Dans la région, un centre COVID-19 a été identifié comme le centre Ebola, et il sera important de s'assurer que les protocoles de biosécurité, les flux de patients, soient tous en place pour assurer la sécurité du personnel. Nous devrons voir avec le ministère de la Santé où sera la valeur ajoutée de MSF, mais nous avons déjà signalé que nous sommes prêts à contribuer au travail de surveillance et d'engagement communautaire, ainsi qu'au traitement si nécessaire.
Pensez-vous que le vaccin pourra aider à circonscrire rapidement l'épidémie ?
Les plus grandes différences avec l'épidémie de 2014 sont que nous disposons désormais de traitements et de vaccins. Nous devons utiliser ces outils. J'ai entendu dire que le ministère de la Santé est en pourparlers urgents avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour voir une expédition rapide de vaccins en Guinée. On peut donc espérer que les mesures de vaccination pourraient déjà commencer d'ici la fin de cette semaine.
Entretien réalisé par Abdoul Malick Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 669 91 93 06
Créé le 17 février 2021 03:24
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