Durée de la Transition : Pourquoi le camp de Cellou a proposé 15 mois ?
CONAKRY- La Guinée est entrée dans un processus de transition après la chute d’Alpha Condé le 05 septembre 2021. Alors que le flou entoure sa durée, l’alliance nationale pour l’alternance démocratique (ANAD) dirigée par Cellou Dalein Diallo propose en tout et pour tout quinze mois. Qu’est-ce qui a prévalu à ce choix ? Comment l’ensemble des activités prévues pendant cette transition devraient-elles être déroulées ? Africaguinee.com a interrogé le porte-parole de cette coalition.
AFRICAGUINEE.COM : L’ANAD propose une transition de 15 mois. Dites-nous pourquoi.
KÉAMOU BOGOLA HABA : Nous avons adopté une approche scientifique, d’abord en consultant l’ensemble de nos membres. Les partis politiques membres de l’ANAD ont consulté leur bureau politique pour que chacun dise ce qu’il attend de cette transition. L’ensemble des attentes recueillies a été résumé en trois gros points : le retour à l’ordre constitutionnel en ayant des institutions fortes, la réconciliation nationale et la Justice. Ce dernier point concerne les crimes économiques et de sang.
Par rapport à tous ces sujets, nous avons constitué une commission ad-hoc composée d’experts en planification, des experts électoraux, des juristes, des économistes. Cette commission avait pour mission de proposer à la plénière des leaders, l’ensemble des activités de la transition le tout assorti d’un chronogramme raisonnable. C’est cette approche qui a été adoptée. Ensuite le président a été chargé de consulter ses autres collèges de l’opposition pour qu’ensemble nous partagions nos avis.
Comment ces activités devrait-elle être exécutées en 15 mois ?
Sur la base de cette approche, nous avons pu identifier l’ensemble des activités et les planifier dans le temps. La première consistait à mettre en place une charte de la transition, la mise en place des institutions de la transition dont le Président, le CNT et le juge électoral. Nous avons pensé que dans un délai d’un mois voire deux, cela pourrait être possible. Nous sommes actuellement de plain-pied dans ce processus.
La charte vient d’être promulguée, le président de la transition est connu, le premier ministre a été nommé, nous attendons la composition du Gouvernement et tout ce qui va suivre, sachant que pour ce qui est du juge électoral, c’est désormais la Cour Suprême qui se chargera de ce travail. Maintenant, les deux activités majeures, c’est la Constitution. A ce propos, nous pensé que la Constitution de 2010 qui a été défendue par la population, qui a été consensuelle et qui a été adoptée par la voie législative peut servir de base de travail au CNT pour l’amender sur la base de ses intangibilités et voir ce qu’on pourrait modifier. Et rapidement, on pourrait faire un nettoyage de la Constitution de 2010 pour que nous puissions avoir une mouture d’une constitution amendée et consensuelle qui pourrait être soumise au référendum.
Après la Constitution, c’est le travail du fichier électoral. Sur ce point, nous avons pensé qu’on peut doter le pays d’un bon fichier en tenant compte des acquis. La Guinée a des acquis en matière électorale. Nous avons du matériel, nous avons des logiciels, nous avons des experts qu’il faudra utiliser en mettant l’accent sur la technologue et la compétence au sein de l’organe de gestion des élections.
Pour ce qui est de cet organe (la CENI), nous avons pensé que notre problème est beaucoup lié à l’intégrité des personnes qui gèrent qu’à tout autre chose. Donc, nous supposons que le modèle ghanéen et burkinabé pourra nous servir de référence. Nous avons proposé une CENI mixte dont le Président pourrait faire l’objet d’un consensus national à travers une liste de personnes à probité morale, compétentes, intègres (…). Tout ceci, nous pensons que c’est possible dans le délai imparti.
Comment étaler les élections ?
Nous avons pensé qu’avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication, nous pouvons optimiser l’ensemble des activités électorales. L’activité principale se passe au bureau de vote et au serveur central. Il était donc important d’éliminer toutes les phases intermédiaires du processus pour que la technologie puisse nous permettre d’aller directement du bureau de vote vers le serveur central.
A travers les technologies, on peut améliorer tout le processus, qu’on puisse organiser des élections générales comme ça se passe dans beaucoup de pays comme au Nigeria, au Ghana, aux États-Unis, au lieu d’étaler des élections sur de longues périodes où les conflits électoraux seront gérés. Au lieu de faire des élections avec des dates intermédiaires avec des contentieux, ça peut occasionner des retards.
L’ensemble de ces facteurs sur un calendrier détaillé nous permet de penser que plus tard on peut tenir le 1er tour de la présidentielle en novembre 2022, un second tour en décembre 2022 pour que le nouveau président prenne fonction en janvier 2023.
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 9 octobre 2021 16:09
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