Drame à l’aéroport de Conakry : Les explications de Sidiki Traoré de l’autorité guinéenne de l’aviation civile

Sidiki Traoré

CONAKRY- L'Autorité Guinéenne de l'Aviation Civile (AGAC) a apporté des précisions sur le drame survenu dans la nuit du 02 à 03 septembre 2022 à l’aéroport international Ahmed Sékou Touré de Conakry.


Dans un entretien accordé ce samedi 3 septembre 2022 à Africaguinee.com, M. Sidiki Traoré, conseiller du Directeur Général de l'AGAC a indiqué l’avion impliqué dans l’accident est endommagé. Qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qui est l’origine de cette de sécurité majeure ? Quelles sont les dispositions prises après l’accident ? La justice a été saisie ? A quel niveau se situe les enquêtes. Ce cadre de l’AGAC dit tout…

AFRICAGUINEE.COM : Un accident s’est produit dans la nuit du vendredi 02 septembre à l’aéroport ici. Qu'est-ce qui s'est véritablement passé ?

Tout d'abord, je voudrais dire que l'autorité guinéenne de l'aviation civile (AGAC) est la seule institution habilitée à communiquer sur des événements qui se passent dans le cadre des incidents et accidents d'aviation. Toute autre organisation, société, toute autre prestataire du secteur ou du transport aérien qui fait ce genre de communiqué, considérez ça comme des affabulations. Tous ces opérateurs qui ont communiqué, ne sont pas habilités. 

Pour revenir aux faits, il faut dire que l’accident est réel. Dans la nuit du vendredi 2 septembre, un avion de la compagnie Air Portugal qui venait de Lisbonne pour Conakry, après son atterrissage, a heurté une moto. Sur cette moto, il y avait deux agents de sécurité de surveillance de la société Cave-CANEM security. Le conducteur était de cette société qui devait prendre service. Pour le moment, le second occupant de la moto n'est pas identifié. Quand le choc a eu lieu, malheureusement les deux occupants de la moto ont perdu la vie.

La direction générale de l'autorité de l'aviation civile, aussitôt informée, a mis en place toute la chaîne pour venir à chaud, recueillir les informations. L'incident s'est passé exactement à 23 h 40. Depuis que nous avons été appelés, nous sommes là pour travailler. 

En plus de la mort des deux occupants de la moto, il y a eu aussi des dégâts sur l'avion au niveau d'un moteur. Celui qui les a percutés. En tant qu'autorité, on a décidé d'écouter l'équipage, la société de surveillance impliquée. On a pu recueillir ce qu'on pouvait. Nous sommes en train de travailler sur les procédures relatives à de tels faits.

Quelles sont les mesures qui ont été prises par la suite après l’accident ?

Pour anticiper, prévenir ces genres d'accidents, l'autorité de l'aviation civile a demandé à tous les opérateurs de la plateforme aéroportuaire de se faire identifier auprès d'elle. Je suis désolé de vous dire que le moratoire qui était lié à cette décision c'était jusqu'en fin septembre 2022. Pour le moment, la société incriminée ne s'est pas faite enrôlée. Pour nous l'AGAC, on ne la connait pas. 

Quand il y a des événements comme ça, il y a lieu de classifier l'événement pour déterminer : est-ce un simple incident mineur, grave ou s’agit-il d’un accident ?

Nous étions en train de travailler sur cela, car chaque type d'événements a besoin d'une procédure. Au cas où il serait retenu que c'est un accident, le ministre des transports va essayer de prendre un arrêté pour mettre en place une commission d'enquête sur proposition de l'autorité de l'aviation civile. Cette commission va travailler car nous on a fait que les préliminaires.

Comment ces deux agents se sont-ils retrouvés sur la piste d'atterrissage alors que la société elle-même n'est pas répertoriée par vos services. N’est-ce pas une faille de sécurité majeure ?

Très malheureusement, il y a des indélicatesses dans des services. Il y a des gens qui n'aiment pas respecter les procédures. Comme vous, notre souci c'est de savoir comment ils se sont retrouvés à cet endroit. Ça c'est l'enquête qui va le déterminer. 

Est-ce après la classification de l'événement que cette enquête va être ouverte ou comment ça va se passer ?

Pour le moment, au niveau de l'autorité guinéenne de l'aviation civile, il y a des inspecteurs de sécurité et de sûreté qui se sont rendus sur le site pour essayer de recueillir les premières informations. Techniquement on les appelle les informations factuelles.

Peut-on parler de manque de vigilance ou de négligence au niveau de l'aéroport ?

Pour le moment je ne peux vous le dire. C'est l'enquête qui va déterminée.

A quel niveau se situent ces enquêtes ?

Elles sont au début, pour le moment. En tant qu'inspecteurs de l'autorité de l'aviation civile, nous sommes en train de faire les premiers travaux. Et vous nous permettrez que nous nous réservions de dire des choses qui ne sont pas justes. Parce que quand vous constatez quelque chose, vouloir la nier, vous la remontez.

Les victimes de cet événement, qu'en est-il de leurs corps, les débris ?

En matière d'enquête d’accident, chacun a son rôle. Nous, dans les conditions normales, quand il y aura une commission d'enquête qui va être mise en place par le ministre des infrastructures et des transports, cette enquête ne sera que technique, elle ne cherche pas à situer les responsabilités ou punir. Cette commission, si elle est mise place, c'est pour déterminer les causes qui ont amené l'événement (l'accident). C'est en ce moment qu'on saura, quels sont les dangers ? Qui étaient là ? Qu'est-ce qui aurait pu atténuer ce qui s'est produit ? On donne des conseils à toutes les parties qui seront impliquées dans l'accident ou l'incident. 

Dans le cas de figure, le moment venu, on prendra des dispositions dans ce sens. Maintenant en ce qui concerne la partie des corps, le procureur général est déjà informé, et, il a pris des dispositions pour faire amener tous ces corps là à la morgue. Ces corps et tous les débris humains qui l'accompagnent sont déjà déposés à la morgue depuis hier nuit. 

L’aéroport de Conakry a-t-il connu des incidents similaires auparavant ?

L'accident ou l'incident est inhérent à toute activité humaine. Pour le cas précis de l'aéroport de Conakry, comme tous les aéroports, il y a eu des incidents et même grave. En Guinée, il y a eu des accidents, le dernier en date c'était sur l'hélicoptère, de l'escadrille présidentiel, qui a amerri en face du palais du peuple, c'était en 2020. 

Mais avant cela, nous avions ici une compagnie qu'on appelait eagle Air, dont l'aéronef en 2018 a fait un crash. C'était à Kindia, dans la sous-préfecture de Sougueta. Les deux membres d'équipage, une personne technique qui les accompagnait avaient tous perdu la vie. Nous avons fait des enquêtes autour de cela et avons fait sortir des rapports. 

Avez-vous un message à lancer ?

Notre appel, c'est de demander à tous les opérateurs de la plateforme aéroportuaire de ne pas s'évertuer à communiquer quand il y a des événements de ce genre sans que l'autorité de l'aviation civile, la seule habilitée à le faire, ne soit la première à communiquer. C'est pourquoi le directeur général de l'AGAC, dans une note circulaire a déploré toutes ces communications tous azimuts qui ont suivi cet événement. 

Tout opérateur qui évolue sur l'espace aéroportuaire doit venir se faire recenser au niveau de l'autorité guinéenne de l'aviation civile. Cela lui permettra d'être en sécurité, d'avoir la formation, d'avoir des informations sur la sûreté, 

Est-ce que le trafic aérien a repris ?

Effectivement, il a repris. 

Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo 

Pour Africaguinee.com 

Tel: (00224) 664 72 76 28 

Créé le 3 septembre 2022 20:24

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