Dr Faya tacle l’UFDG et le RPG : »C’est décevant de voir qu’on va de deal en deal… »
CONAKRY-« C’est décevant de constater qu’on va de deal en deal… ». Tels sont les mots de Dr Faya Milimono qui s’insurge contre l’adoption polémique de la Loi sur la CENI. L’opposant prévient qu’il est en train de mener des démarches pour empêcher la promulgation de ladite Loi qui est perçue par maints observateurs comme un « deal » passé entre le RPG arc-en-ciel et l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, les deux partis majoritaires à l'Assemblée Nationale. Dans cet entretien, le leader du Bloc Libéral qui s’est confié à notre rédaction fait également une analyse sur la crise liée à la hausse du carburant mais aussi l’installation annoncée des maires. Entretien.
AFRICAGUINEE.COM : Certains y voient votre présence aux cotés de la société civile lors de la marche contre la hausse du carburant comme une récupération politique. Qu’en dites-vous ?
FAYA MILIMOUNO : Ecoutez, moi je ne réponds pas à ces genres de choses parce que de toute façon je suis d’abord citoyen avant d’être politique. On est citoyen avant d’être militaire, policier gendarme. Quand je vais à la pompe pour l’essence ou le gasoil on ne demande pas si je suis politique pour bénéficier des exonérations. Et même si on le disait, je me lèverai pour le reste de la population guinéenne. Mes militants sont des guinéens ordinaires dont beaucoup sont au chômage parce que l’économie ne va pas bien, ils vivent sous le seuil de la pauvreté. On a beaucoup marché pour des questions d’élections ou pour ceci ou cela, mais je pense que s’il y a eu une marche qui mérite la peine, c’est celle que nous venons d’avoir.
Le gouvernement propose entre autres comme mesures d’accompagnement à l’augmentation des prix du carburant, la relance du train Conakry express et la mise en circulation des bus de transport. Est-ce suffisant pour calmer la rue ?
Mais c’est comme si on voit la Guinée qu’à travers Kaloum. La Guinée va au-delà de Kaloum d’ailleurs les bus dont on parle ne sont même pas suffisants pour Kaloum. Il faut savoir qu’il y a des guinéens qui vivent à Yomou qui vont payer le carburant cher y compris tous les produits de première nécessité. Il faut se rappeler que la Guinée c’est 245.857 km2. Balancer ça comme argument me fait dire que nous avons un gouvernement très pauvre en idées.
Le gouvernement envisage d’installer les élus locaux dans les circonscriptions où il n’y a pas de litige. Etes-vous favorables à cette initiative ?
Pourquoi on n’a pas réglé les litiges depuis 4 mois ? C’est une fuite en avant et c’est une manière de distraire la population. La question d’actualité c’est la question de carburant. Ils veulent nous distraire en nous parlant d’installations de maires. Ils savent qu’ils ne peuvent installer les élus locaux unilatéralement, la loi le leur interdit. Nous avons des élus il faut que les uns prennent les autres au sérieux. De quel droit le ministre de l’administration peut ordonner l’installation partielle des élus ? Il y a une chose qui est pire aujourd’hui nous allons dénoncer cela.
On doit demander aux gens-là d’arrêter cette pagaille. Aujourd’hui sur l’étendue du territoire partout où le RPG a perdu un district on est en train de créer d’autres districts pour que le RPG mette un president de district. On me rapporte qu’il y a beaucoup d’autres districts, communes, quartiers qu’on est en train de créer. Il faut dire à Boureima Condé d’arrêter cette pagaille. On ne va même pas se fatiguer à lui répondre parce que nous savons qu’il veut distraire les gens alors que l’actualité c’est le carburant
L’adoption de la nouvelle Loi sur la CENI fait polémique. Comment la voyez-vous ?
(Rires !!!) J’ai toujours dit que le parlement que nous avons aujourd’hui est le pire que tous ceux que nous ayons connu dans l’histoire politique de notre pays. Il faut rappeler que cette loi sur la CENI a été demandée depuis 2015 peu avant les élections présidentielles. C’était pour que nous allions de cette CENI politique à une CENI technique à l’image de la Sierre Léone à côté de nous, du Liberia, du Ghana. Malheureusement ce n’est pas ce qu’ils ont fait. En fait, quand on élabore une loi on ne regarde pas le front des gens pour dire voici le critère qui va éliminer tel.
La loi est un énoncé général, elle doit être suffisamment précise, claire. Elle ne doit être ni contre quelqu’un ni pour quelqu’un. Ce n’est pas ce que les gens-là ont fait. Et il y a pire. Lisez bien cette loi, nous sommes en train de voir perdre ce caractère indépendant de la CENI. Aujourd’hui, on nous dit les urnes, les isoloirs et beaucoup de choses doivent être fournis par l’administration. Ecoutez nous savons qu’aucune élection n’a été propre dans ce pays. En donnant ces pouvoirs là au ministère de l’administration, c’est comme si nous sommes en train de revenir à la case de départ. Les élections étaient organisées en Guinée par le passé par l’administration du territoire, pourquoi nous avons arrêté ça ? C’est parce que ces élections n’étaient pas propres et beaucoup de guinéens ont perdu la vie et du sang. Ce qui conduit à enlever l’organisation des élections dans le circuit de l’administration. pourquoi on veut y revenir ? On pense que nous avons dans le cerveau la boue ? Non.
Pour cette loi, nous allons nous concerter pour qu’on empêche sa promulgation. C’est décevant de constater qu’on va de deal en deal. On ne règle pas les problèmes de la République de cette façon.
Qu’est-ce que vous envisagez concrètement ?
A l’heure où nous parlons, nous travaillons avec des avocats constitutionnalistes pour voir toutes les faiblesses dans cette loi parce que la CENI a été créée par la constitution guinéenne et la constitution a conféré des pouvoirs, on ne blague pas avec ça. Nous, ce n’est pas simplement parce que les gens sont en train de penser qu’on va se lever contre cette loi parce que les critères nous excluent. Non.
Nous n’étions pas à la CENI depuis que notre parti a été créée, on est devenu 4ème force politique en ayant zéro membre au sein de la CENI. Parfois quand il s’agit de designer les représentants dans les démembrements on nous a lésé. Nous savons, nous avons été victimes à plusieurs reprises. Mais si nous avons atteint le niveau que nous avons atteint c’est en n’ayant aucun représentant. Nous voulons que la Guinée se construise autour des valeurs.
Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 655 311 112
Créé le 15 juillet 2018 08:58
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