Dr Faya : « Lorsqu’on a tenté d’assassiner le capitaine Dadis Camara… »

CONAKRY- L’appel à manifester lancé par le FNDC le 23 juin 2022 à Conakry, réveille des souvenirs douloureux chez certains leaders politiques opposés à la démarche.
Dr Faya Millimono, président du Bloc Libéral, parti membre de forum pour une transition apaisée, en fait partie. Pour ce responsable politique, cette manifestation qui vise, selon les organisateurs, à exiger le retour rapide à l’ordre constitutionnel est « inopportune ».
Rappelant les crimes commis ces treize dernières années en Guinée, sans qu’il n’y ait justice, l’ancien candidat à la présidentielle de 2015, pense qu’il est nécessaire de faire une pause par rapport aux manifestations. Pour lui, ce n’est pas une question de « liberté » mais de « responsabilité ». Le spectre du 28 septembre 2009 "hante" encore ses souvenirs.
"Cette manifestation est, à mon avis, inopportune. Aujourd'hui, la question des manifestations n'a absolument rien à voir avec les libertés de manifester. Nous devons nous arrêter pour regarder un peu dans notre passé. Les deux premières transitions de ce pays ont été émaillées de violence qui ont laissé des déchirures très profondes dans le tissu social de notre pays. La dernière en date, c'était celle de 2008, on sait tous ce qui s'est passé le 28 septembre 2009, au stade et ce qui s'est passé le 3 décembre 2009 lorsqu'on a tenté d'assassinat le capitaine Moussa Dadis Camara au camp Makambo", rappelle le leader du Bloc Libéral (BL).
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La junte militaire au pouvoir a interdit toute manifestation de rue jusqu’aux périodes de campagne. « Aucune marche ne sera autorisée aussi longtemps que les garanties d’encadrement ne seront pas réunies", a tranché le CNRD le 31 mai dernier.
La junte qui a renversé Alpha Condé, fonde sa décision sur le fait que de 2010 à 2021, la Guinée a connu plus de 700 marches violentes qui ont occasionné des centaines de morts, des milliers de blessés et des dégâts matériels innombrables sur tout le territoire national dont les causes et les circonstances demeurent encore non-élucidées à date. Pire, selon les militaires au pouvoir, le tissu social et la cohésion nationale ont été sérieusement éprouvées.
C’est dans ce contexte le FNDC a appelé les citoyens à une mache pacifique dans une semaine sur l’autoroute fidèle Castro, laissant planer des risques de confrontations à Conakry alors qu’un jeune élève a été tué par balle le 1er juin dernier en marge d’une manifestation contre la hausse du carburant.
« On sait le bilan que toutes les manifestations organisées sous le règne de Alpha CONDÉ a laissé à la Guinée. Jusque-là il n'y a aucune justice. Pour ces centaines de morts qu’on a enregistré pour réclamer, il faut s'asseoir, réfléchir pour rendre justice à ces victimes. Il faut qu'on fasse un arrêt. Il faut aussi un arrêt pour réfléchir à la manière d'exercer les droits et libertés de manifester dans notre pays. Donc, je trouve inopportune cette manifestation pour ne pas vouloir faire revivre aux Guinéens le cauchemar du 28 septembre 2009 », a expliqué Dr Faya Millimono.
A suivre…
Africaguinee.com
Créé le 14 juin 2022 19:19