Dossier « 28 septembre » : Les attentes et inquiétudes des victimes à l’orée du procès

Des victimes des répressions de 2009 venus identifier les corps de leurs proches

CONAKRY- C’est un procès qui focalise les attentions tant en Guinée qu’à l’extérieur. Il s’agit bien entendu du procès des auteurs présumés du massacre du 28 septembre 2009, des crimes de masse commis au stade de Conakry, il y a treize ans.


Les autorités de la transition en ont fait une priorité. Le 26 septembre a été évoquée comme probable date d’ouverture du jugement, ne serait-ce que de manière symbolique. Mais très concrètement où en est-on dans les préparatifs ? Quelles sont les attentes et inquiétudes des victimes ? Africaguinee.com a enquêté.

Depuis que les autorités se sont engagées à organiser ce procès avant le 28 septembre 2022, beaucoup d’actes ont été posés. Si l’engagement initial des autorités d’ouvrir le procès avant la date anniversaire pourrait connaitre un léger décalage, il faut dire que le processus enclenché semble irréversible. Les préparatifs ne sont certes pas bouclés à 100%, mais une chose est certaine : le procès s’ouvrira avant la fin d’année. Chez les victimes et leurs proches, c’est un grand ouf de soulagement.

De la constitution des magistrats devant juger le procès

Pour le moment, il y a eu 61 magistrats et 15 greffiers qui ont été présélectionnés dans le cadre de la formation en vue de l’organisation du procès du 28 septembre. Cette formation a été lancée le 06 septembre 2022. Elle devrait durer deux semaines. 

Ce mercredi 14 septembre, le garde des sceaux a eu un entretien avec eux, dans le cadre d’une simulation, qui a été concluante. Ils pourraient bien conduire le jugement, selon Charles Alphonse Wright.

La sécurité des victimes,

Le 2 septembre dernier, Mme le secrétaire général du ministère de la justice, Irène Marie HADJIMALIS confait que la commission chargée de travailler sur l’aspect sécuritaire des victimes n’avait pas encore rendu son rapport. Des centaines de gardes pénitenciers ont été formés.  

Du tribunal ad hoc

Les travaux de construction du tribunal ad hoc devant abriter ce procès ont beaucoup évolué. Mais à la date du 2 septembre, lors d’une visite sur le terrain dont un journaliste d’Africaguinée a pris part, les travaux n’étaient pas encore achevés. Les autorités évoquaient un taux d’exécution était de 95%. 

Présence des personnes inculpées

A date, sur les treize personnes inculpées dans cette affaire, toutes sont à Conakry exceptées Moussa Dadis Camara, ex-président de la junte en Guinée en 2009, d’après un des conseils de la partie civile. 

« Nous pensons que les diligences vont être menées pour son retour au pays afin qu’il participe à l’ouverture du procès » a indiqué Amadou DTS BAH, un des avocats de la partie civile dans ce procès.

L’une des exigences de la partie civile dans ce procès est la tenue d’un procès juste et équitable. « Un procès où tous les accusés concernés dans cette affaire doivent être présents. C’est l’une de nos exigences parce qu’il est important que le procès commence devant tous les accusés » a-t-il ajouté.

Mais l’autre préoccupation de la partie civile est liée à l’aspect sécuritaire. « Nous souhaitons que des dispositions sécuritaires spéciales et urgentes soient prises pour protéger les victimes et les témoins qui viendront à l’audience et qui pourront éventuellement témoigner » a fait savoir Me DTS BAH.

Par ailleurs, cet avocat des victimes rappelle que le fonds d’indemnisation des victimes reste un élément déterminent pour l’aboutissement de ce procès

« L’alimentation du fonds d’indemnisation qui va être créée pour soulager les victimes afin de leur prise en charge avant et pendant le procès pour qu’elles puissent participer sereinement à ce procès parce qu’il y en qui sont malades, certaines dans une précarité absolue. Il faut leur venir en aide avant la fin du procès. Nous espérons que nos exigences vont être réglées avant l’ouverture prochaine du procès » a indiqué l’avocat tout en restant confiant sur la volonté du ministère de la justice à répondre leurs exigences avant le début du procès.

Me Amadou DTS BAH reste confiant que l’ouverture symbolique du procès aura lieu avant le 28 septembre.

L’attente des victimes

Chez les victimes, l’attente a été certes longue, mais un espoir de voir ce procès se tenir se dégage. « Mes attentes, c’est qu’a l’issue de ce procès, les gens qui nous ont subir ces violences soient mis devant les faits et qu’on applique la loi sur eux et on nous dédommage. C’est tout mon souhait. Ceux qui ont fait ces actes ont gâché nos vies. Récemment, le mariage de ma fille a échoué parce que son prétendant a appris par des documents que je suis une victime du stade » a déclaré Aissata D.

Si ces victimes se disent être prêtes à témoigner, elles ont toutefois des doléances à poser. C’est par rapport à leur sécurité ainsi celle de leurs enfants. Car certaines d’entre elles ont peur des représailles qui pourraient s’en suivre.

Peur de témoigner

 « J’ai peur de témoigner, pourquoi ? parce qu’il y a des gens qui nous appellent pour nous menacer. Même hier (mardi) quelqu’un nous a menacées. C’est pour cette raison que je demande qu’on renforce notre sécurité pour qu’on puisse témoigner sans crainte (…) Je ne voudrais pas prendre le risque d’aller témoigner, et que demain, (que Dieu m’en garde) que cela puisse avoir des conséquences sur mes enfants parce que ils sont tout ce que j’ai dans ce monde. Si on nous garantit la sécurité, je vais tout dire » a confié cette victime, dans une interview accordée à Aficaguinee.com.

Pour cette autre victime, ce procès est une occasion unique pour tout déballer devant les juges et le monde entier.

« Je demande au bon Dieu de me montrer le jour du procès du 28 septembre 2009 parce que beaucoup de nos amis sont morts sans obtenir justice. Le jour du procès je vais tout déballer. Il n’y a pas grand-chose qui nous reste. Nous avons seulement peur pour nos enfants. Nous n’avons plus peur de quelque chose. Ils ont détruit la peur chez moi depuis le 28 septembre. Après ce que j’ai subi comme viol et autre, je n’ai plus peur. Après la justice, si quelque chose m’arrive, je m’en remettrai à Dieu » a lancé cette autre victime.

Dossier à suivre…

Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 76 28

Créé le 15 septembre 2022 17:43

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