Dialogue politique et élections en Guinée : Dr Saliou Bella de la mouvance se prononce !
CONAKRY- La mouvance présidentielle va-t-elle céder face à la pression de l’opposition guinéenne à propos du choix de l’opérateur technique ? Dans ce bras de fer qui oppose ces deux blocs politiques, Dr Saliou Bella Diallo, le porte-parole de la mouvance présidentielle flétrit l’attitude de l’opposition. Dans cette première partie d’une interview exclusive qu’il a accordée à notre rédaction, l’ancien compagnon de Cellou Dalein Diallo est également revenu sur l’organisation des prochaines consultations électorales en Guinée.
AFRICAGUINEE.COM : Dr Saliou Bella Diallo bonjour !
DR SALIOU BELLA DIALLO : Oui bonjour !
L’actualité politique guinéenne reste marquée par le bras de fer qui oppose la mouvance et l’opposition sur les conclusions du dialogue qui s’est tenu au mois de juin dernier à Conakry. Quelle lecture en faites-vous ?
Merci de l’opportunité que vous m’offrez. D’abord la situation n’est pas du tout crispée. Un dialogue est une dynamique. Il se déroule comme ça se doit et comme cela se fait à travers tous les pays du monde. Le premier et deuxième dialogue ont connu des temps de pause, des temps de relâchement et aussi des temps de poussées. Donc, ainsi est faite la dynamique de n’importe quel dialogue. Ce troisième que nous avons amorcé, a traité tous les cinq points que nous avions à l’ordre du jour. A savoir : le recrutement de l’opérateur technique, l’organisation des élections communales et communautaires, la neutralité de l’administration et l’accès équitable des partis politiques aux medias publics, l’identification et la poursuite des commanditaires des violences lors des élections législatives passées et la mise en place d’un comité de suivi.
Les quatre derniers points, ont été totalement traités et appliqués. Le comité de suivi qu’est le dernier point, a été constitué. Moi, j’ai personnellement déposé la composition de ce comité au niveau de la mouvance. C’est une contribution réelle de la mouvance dès le début des assises du troisième dialogue. Nous avons fait deux offres importantes. On a dit qu’il faut remettre en place immédiatement le comité de suivi et il faut remettre en place le comité de veille qui va travailler avec la CENI (commission électorale nationale indépendante, Ndlr) pour corriger les dysfonctionnements constatés au niveau du déroulement des élections législatives passées.
En ce qui concerne l’identification et la poursuite des commanditaires des violences, le ministre d’Etat de la Justice, garde des sceaux nous a fait le point. Il a non seulement désigné un pool de juges spécialisés pour examiner les plaintes. Ce pool est localisé au niveau de l’instruction judiciaire de Dixinn. Il est en train de faire le travail d’instruction. Il y a même besoin que les plaignants puissent venir régulièrement pour les aider à instruire le plus rapidement possible toutes ces plaintes. Le ministre est allé plus loin en disant que nous souhaitons que vous (les partis politiques, ndlr) encouragiez toutes les parties aussi bien de la mouvance que de l’opposition à déposer les plaintes complémentaires puisque le guinéen en général n’aime pas se plaindre. Il a exhorté tous les plaignants de venir suivre leur instruction puisqu’ils ont même de la difficulté à joindre les plaignants. Au niveau de ses plaintes, le président de la république même s’est levé pour condamner et flétrir au nom de l’exécutif, mais aussi il a promis que réparation doit être faite. Mais on ne pas faire réparation sans la fin de l’instruction, sans la fin du jugement. Les gens veulent qu’on mette les charrues avant les bœufs. Ce qui est impossible ! Donc, ce déficit d’information de sensibilisation au niveau de nos amis commerçants doit être comblé par tous les partenaires. Mais en premier les medias aussi bien privés que publics.
Pour ce qui est de la neutralité de l’administration et l’accès équitable des partis politiques aux medias d’Etat, ça été complètement réglé. Le ministre de l’administration du territoire a même montré qu’il a fait des tournées importantes à travers tout le pays, il a fait des séminaires, des conférences et notes circulaires en demandant à tous les responsables administratifs à assurer la neutralité de l’administration. Ceci pour laisser libre les partis politiques exercer sur toute l’étendue du territoire national. Et que les fauteurs seront sanctionnés. Six préfets ont été relevés, douze ont été suspendus. Chose que l’opposition a reconnu. Elle a même félicité le ministre.
Les élections communales et communautaires, nous nous sommes convenus tous qu’il faut faire le toilettage rapide de tout ce qui est acte regrettable qui s’est déroulé lors des élections législatives et de faire tout ce qui est spécifique aux élections communales et communautaires. A savoir : le redécoupage, l’identification de nouveaux sites pour les bureaux de vote. Tout cela doit être fait sans oublier des gens qui seraient affectés au niveau d’une préfecture donnée alors qu’ils sont d’une autre. Donc, tous ces aléas doivent être corrigés dans les meilleurs délais. Mais la CENI est même en retard. Face aux élections présidentielles en vue, on avait interpellé la CENI. Donc, du premier au cinquième point, tout a été traité, terminé ! Le premier point est traité à 80%. La CENI, on l’a dit qu’elle est en retard sur le recrutement d’un consultant international qui devait passer à rédaction du cahier de charge rapidement. Elle est en retard parce que Waymark et Sabary devaient arrêter leurs activités pour passer la main à la CENI. Le feu vert était donné par toutes les parties. La promesse de la CENI sous les yeux des facilitateurs et du présidium était évidente. Donc, il ne restait que les 20% du premier point à savoir les participants à l’appel d’offres. On a dit que toutes les sociétés désireuses sont autorisées de participer. Qu’elles soient nationales ou internationales.
Puisqu’au niveau des accords du 03 juillet, aucune société n’est exclue. Revoyez partout, demandez le PV du dialogue vous allez constater que les quatre premiers points ont été totalement traités, les accords étaient trouvés, l’unanimité était là. Tout ce qui restait, c’est que l’opposition disait que Waymark ne doit pas participer à l’appel d’offres. La mouvance a dit à travers ces cinq interventions qu’aucune société n’est exclue selon les accords du 03 juillet.
Vous estimez donc qu’il s’agit là d’une mauvaise foi de la part de l’opposition ?
C’est une mauvaise foi, c’est une confusion ! Vous-mêmes, vous pouvez vérifier au niveau des accords du 03 juillet, aucune société n’est exclue de l’appel d’offres. Donc, c’est cet aspect seulement du premier point qui constitue une divergence. Il n’y a pas blocage, il n’y a pas crise, il n’y a pas arrêt. Le dialogue continue sa dynamique, la CENI qui est régie par des textes doit fonctionner à tout moment. La Guinée est régie par des lois ! Les institutions sont régies par des lois. Et ceux qui veulent inventer des institutions supra-institutionnelles pour superviser les institutions républicaines, ce n’est pas possible. Donc, le dialogue est pratiquement terminé, les conclusions doivent être signées à tout moment. Le dialogue continue son cours. Il y a toujours des phases de pause, de relaxe, mais aussi des phases d’accélération. C’est comme ça, c’est une dynamique. C’est normal.
La méfiance est de telle sorte qu’aujourd’hui l’opposition demande même une recomposition de la CENI. Qu’en dites-vous ?
L’opposition est en fait de mauvaise foi. Puis que vous avez vécu tout ce qu’on a fourni comme effort pour avoir une CENI indépendante. L’opposition a le même quota que la mouvance au sein de la CENI. Si le feed-back ne passe pas, ce n’est pas de notre faute. Ensuite, une fois que les membres de la CENI prêtent serment, ils ne sont pas obligés de rendre compte à leurs mandants. Donc, en réalité, la CENI, c’est nous qui avons réclamé qu’elle soit indépendante, il faut qu’elle soit réellement indépendante et qu’elle fasse son travail. Et dès qu’elle est indépendante, les gens commencent à crier : la CENI ne dit rien, la CENI n’informe pas. La CENI doit informer ce qu’elle est en train de faire, mais elle ne doit pas associer les partis politiques de ce qu’elle est en train de faire. Il faut bien différencier ces deux choses et ne pas confondre informer et associer. Il y a l’opposition qui voudrait qu’on l’associe à toutes les activités, mais c’est pratiquement impossible (…). donc, la CENI a reçu l’aval de tous les partis politiques, mouvance comme opposition, lors du dialogue de procéder au recrutement du consultant, de procéder au toilettage de toutes les anomalies en vue d’organiser les élections communales avant la fin de l’année 2014 et de prendre toutes les dispositions pour faire l’appel d’offres de l’opérateur technique pour que les échéances de 2015 soient tenues pour l’organisation des élections présidentielles. Donc, elle est en train de faire son travail, elle ne doit pas attendre l’aval de qui que ce soit ! Elle doit faire son boulot.
Au niveau de la mouvance vous soutenez donc tous les actes posés par la CENI ?
Mais qu’est-ce qu’elle a fait de mauvais ? C’est ce qu’il faut me dire ! Elle est en train de se qualifier aujourd’hui, la Guinée est en train de marquer des points et au niveau national qu’international. Lorsque les gens disaient que la Guinée allait s’engouffrer dans la guerre civile et qu’il fallait fuir, la Guinée a surpris par l’organisation des élections présidentielles et législatives dans la paix et dans l’unité. Des résultats concluants ont été obtenus. Les investitures ont eu lieu dans le calme et la sérénité. La Guinée surprend par les bonnes choses, et elle doit continuer à surprendre comme ça. Et si vous comparer la Guinée à ces pays qui ont fait près de 300 ans de démocratie, nous, nous avons franchi des pas de géants. On continue de se qualifier. Cette CENI qui est née hier, a organisé une élection législative, elle est en train de préparer les élections communales et communautaires en tenant compte de tous les points faibles et en prenant en compte toutes les dispositions pour minimiser au maximum les points faibles et maximiser les points forts. La CENI doit mériter des félicitations parce qu’elle n’a commis aucune faute.
Dire qu’il faut reconsidérer cette CENI, pour procéder à la création d’une autre, c’est appeler la Guinée à reporter non seulement les élections communales et communautaires mais aussi présidentielles. Et ça nous conduirait à être anticonstitutionnels dès le mois de janvier 2016. C’est ce qu’on ne peut pas accepter.
Est-ce que vous croyez réellement à la tenue des élections locales avant la fin de cette année et la présidentielle en 2015 ?
Les élections communales et communautaires seront organisées au cours du dernier trimestre de l’année 2014. Ça je vous le parie, c’est certain. Et les élections présidentielles seront organisées au cours du dernier trimestre 2015, c’est certain.
Croyez-vous à une victoire du Président Alpha Condé en 2015 ?
Vous êtes en train de voir et de vivre les efforts que le président a eu à accumuler depuis son élection. A savoir endiguer tout ce qui était en poupe comme malversation, comme fraude et tout ce qui s’en suit : le démontage des rails, la liquidation de notre seule compagnie aérienne que nous avions jusqu’à la fermeture de toutes les succursales commerciales. Actuellement, on est en train de ressusciter toutes les industries qui sont vitales, on est en train de signer des mégas projets, on est en tain, sous peu de temps, résoudre de façon définitive le déficit en électricité et en eau, on est en train de relever l’agriculture, on est en train de procéder à la promotion de la propriété privée, de la concurrence pour qu’au niveau des PME (petites et moyennes entreprises ), du commerce, de l’agriculture et même de l’éducation. Je vous informe que nous formons plus de cadres au niveau des pays d’Afrique actuellement. Sous peu nous aurons la meilleure superstructure en ressources humaines capable de compétir partout pour être au marché de l’emploi. Il faut nous faut une adéquation entre la formation professionnelle, et la formation universitaire. Donc, c’est ce qu’on a commencé depuis l’avènement de la 3ème République.
Le Pr Alpha a décidé de former de cadres moyens valables, compétitifs au niveau du marché de l’emploi. Sinon, dans les meilleurs délais tous les projets et mégas projets qu’on est en train de faire, ce sont les cadre des autres pays qui vont venir occuper les places. Donc, il faut qu’on corrige tout ça ! C’est ce que le Professeur est en train de faire pour qu’au niveau de l’enseignement professionnel, qu’il y ait une formation efficace.
Interview réalisée par SOUARE Mamadou Hassimiou
Et Boubacar 1 Diallo
Pour Africaguinee.com
Tél. : (+224) 655 31 11 11
Créé le 3 septembre 2014 14:12Nous vous proposons aussi
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