Des produits toxiques déversés en haute mer ? Les experts de l’INSP ont livré leur verdict…
CONAKRY- C’est un rapport inédit qui jette la lumière l’origine des lésions cutanées constatées chez des pêcheurs guinéens revenus en haute mer, le 12 avril dernier. Des produits toxiques déversés en haute mer seraient bien à l’origine de la pathologie dont souffre ces pêcheurs artisanaux.
Cette pollution marine de grande envergure touche une superficie d’à peu près 23 km2. Votre quotidien électronique a feuillé le rapport de l’Institut nationale de Santé publique (INSP), rendu le 18 avril dernier.
Après l’apparition des cas de brulures de peau sur des pécheurs artisans guinéens basés aux ports de Bonfi et Gbessia port 1, le 12 avril dernier, un comité mixte a été constitué et diligenté par les autorités guinéennes. Objectif, rencontrer toutes les parties concernées et essayer de connaitre la composition chimique de l’eau contaminée (pollution marine) pour situer les responsabilités.
C’est dans ce cadre que les techniciens de l’Office National de Contrôle Sanitaire des Produits de la Pêche et de l’Aquaculture (ONSPA) ont effectué le 14 avril dernier un déplacement dans la zone infectée afin de réaliser l’échantillonnage.
Dans un document exclusif qu’Africaguinee.com a pu consulter, on note que les premières analyses à savoir : le pH, la Température (°C), les Solides Totaux Dissous (TDS), la Conductivité électrique, la Salinité, le Fer total, le Chrome VI, les Sulfates, Nitrates et l’Aluminium ont été réalisés dans le laboratoire de l’Office National de Contrôle Sanitaire des Produits de la Pêche et de l’Aquaculture (ONSPA) avec les cadres du Laboratoire d’Analyses Environnementales (LAE).
Les enquêteurs ne sont pas limités là. Dans ce même rapport technique, il est mentionné que « pour étendre la gamme des paramètres physicochimiques à réaliser et surtout de concordances des résultats (pH) », l’Institut National de Santé Publique (INSP) a été sollicité le 17 avril 2023 par le Directeur du Laboratoire d’Analyses Environnementales (LAE) afin de réaliser neuf (9) autres paramètres physicochimiques (le pH, la Turbidité, l’Oxygène dissous, le Cuivre, le Zinc, les Nitrites, les Phosphates, Silices et Nickel).
Position géographique de la zone impactée
Selon les coordonnées reçues au CNSHB (Centre National des Sciences Halieutiques de Boussourah) et en considérant les mesures de Google Earth Pro, la zone impactée est à peu près à 157 km, à vol d’oiseau, de la côte de Boulbinet au site en haute mer et occupe une superficie d’à peu près 23 km2.
Conclusions
Après analyses, les techniciens de l’Office National de Contrôle Sanitaire des Produits de la Pêche et de l’Aquaculture (ONSPA) sont arrivés à une conclusion qui est sans appel. Des produits toxiques déversés en haute mer seraient à l’origine des lésions cutanées constatées chez les pêcheurs.
« L’échantillon d’eau de mer jaunâtre reçu à l’INSP a été analysé pour neuf (9) paramètres physicochimiques parmi lesquels seuls deux (2) paramètres (Nickel et Zinc) étaient dans les valeurs limites. La mesure de la turbidité obtenue (2400NTU) est largement dépassée. Il ressort que ses résultats présentent une très forte minéralisation et une acidité très forte (pH 1,42). Cela a pour conséquence la baisse de la salinité et une augmentation des teneurs en phosphate (5,7mg/L), les nitrites (38mg/L), les silices (160 mg/L), le cuivre (0,2mg/L).
Les mesures de l’oxygène dissous trouvées 5,38ppm est favorable pour peu de gros poissons. L’oxygène dissous ayant une concentration inférieure à 5,5 mg/L aura un effet négatif sur la plupart des poissons et sur les étapes de la vie des poissons. Nous n’avons pas pu réaliser les métaux lourds tels que l’Arsenic, le Cadmium, le Plomb, … par manque de plateau technique ».
Les experts notent bien que ces valeurs extrêmement élevées pourraient être dues aux de déversements des produits toxiques en haute mer.
Recommandations
Pour finir, les techniciens de l’Office National de Contrôle Sanitaire des Produits de la Pêche et de l’Aquaculture (ONSPA) ont fait plusieurs recommandations dont entre autres :
– Renforcer le plateau technique de l’INSP pour la recherche des métaux lourds ;
– Renforcer la synergie entre les laboratoires du pays pour une réactivité rapide en cas de déversement similaire ;
– Renforcer la surveillance des eaux guinéennes par des patrouilles mixtes Forces de défense, forces de sécurité, Service des Milieux Marins et Zones Côtières, OGPNRF, etc. ;
– Contrôler les navires à l’entrée et à la sortie des eaux guinéennes ;
– Rechercher les navires ayant stationné ou traversé la zone impactée par le déversement pour pouvoir identifier l’auteur de ce déversement ;
– Poursuivre les analyses des échantillons en synergie avec les laboratoires disposants des plateaux techniques d’analyse (Pollution) pour une meilleure atteinte des objectifs ;
– Dépolluer le site concerné le plus rapidement possible.
Africaguinee.com
Créé le 26 avril 2023 07:37