Déguerpissement- 26 magasins de « Sans Loi » cassés à Coyah : « C’est de l’acharnement… »
CONAKRY- L'Opérateur Economique Elhadj Ousmane Fatako Baldé a une nouvelle fois été victime de casses. Après avoir été "délogé" manu militari du CFAO de Kindia, puis à Matam et Coronthie, des magasins de "sans loi" situés à Sanoyah dans la préfecture de Coyah ont été détruits. Joint par Africaguinee.com, il dénonce un abus de pouvoir.
AFRICAGUINEE.COM : Des magasins et boutiques vous appartenant ont été détruits du côté de Sanoyah dans la préfecture de Coyah. Qu'est-ce qui s’est passé ?
ELHADJ OUSMANE FATAKO BALDE : C’est effectif, des magasins et boutiques m’appartenant ont été détruits. Pourtant, tous ces bâtiments étaient loin de la chaussée, puisqu’il y avait une distance tout au plus de 30 mètres entre mes commerces et la route. Mes magasins sont collés à métal Guinée (usine de tôle, ndlr). Ceci n’est qu’un acharnement contre ma personne et contre la communauté de laquelle je suis issu.
Avez-vous fait une évaluation de ce que vous avez perdu à cet endroit ?
J’y ai perdu 26 magasins dont un grand magasin de stockage. La majorité de ces magasins détruits étaient remplis de marchandises et du matériel de construction comme du ciment. Avec un court délai de 24 heures, comment pouvions-nous dégager tout cela et trouver un nouvel endroit où aménager de sitôt ? Trois machines sont venues pour démolir ces bâtiments. Ils se relayaient à tour de rôle.
Avez-vous un appel à l’endroit des Autorités ?
Je n’ai rien à leur dire puisque c’est sciemment fait. Mais ce qu’ils oublient, tout ce qu’on fait subir à son prochain de façon délibérée et à dessein, dans ce bas monde on le récoltera, en bien ou en mal. Nous prions Dieu le Tout-puissant de leur rétribuer au pire, ce mal qu’ils nous ont fait subir. Je poserais simplement au chef de l’Etat la question de savoir s’il est des prérogatives de tout casser et ne rien construire. Si c’est le cas, ce pays va tarder avant d’amorcer un quelconque développement économique. Tout ce qui se passe dans ce pays n’est pas que politique, mais il y a aussi une rancœur viscérale derrière tout cela.
Un jour, au cours d’une de nos réunions avec la coordination de la Haute-Guinée, j’ai attitré leur attention en disant de ne pas rester bras croisés face à toutes les exactions qui se passent dans le pays et contre une communauté donnée. Le jour où les autorités finiront avec elle, cette même autorité se retournera sans hésiter contre d’autres aussi. Je crois que c’est ce qui arrive en ce moment. Je sais que Dieu dans sa miséricorde va m’accorder sa grâce. S’il s’avère que c’est un comportement désobligeant, ou une parole incomprise que j’ai eu à tenir à leurs yeux, en tout cas pour moi, je le fais avec conviction et pour le bien de mon pays et pour l’instauration réelle de la démocratie.
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Je remercie le tout puissant puisque ce sont des biens matériels qui sont détruits contrairement à plusieurs de mes concitoyens qui ont été lâchement tués ici. Et pour d’autres, ils sont injustement arrêtés et croupissent en prison. On nous enseigne d’ailleurs que le péché se perpétue à sept générations et que la malédiction est personnelle. Donc, ce qu’ils sont en train de faire aujourd’hui de mauvais, forcément va se répercuter sur leur progéniture. Comme on dit très souvent, je ne pardonnerai jamais mais je laisse pour moi à Dieu.
Pourquoi a-t-on ciblé cet endroit ?
Ils ont donné d’ailleurs des arguments qui ne sont pas fondés. Les autorités soutiennent que c’est une zone industrielle, pendant ce temps j’ai un hangar qui mesure 100 m qui doit être charpenté et un autre qui fait 120m dans le même état. Dans 5 mois j’aurais fini le tout pour y monter mon industrie. Mais il est aberrant de dire qu’une zone industrielle ne doit pas avoir de bureaux ni de magasins de stockage ni de magasin d’exposition. Je voulais, si les moyens me permettaient d’ériger un R+4. Le rez-de-chaussée allait constituer le magasin de stockage et d’exposition. Les autres niveaux allaient être les logements des travailleurs. Tout a été détruit sans aucune autre forme de justification crédible si ce n’est de l’acharnement.
Propos recueillis par Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 9 mars 2021 17:19Nous vous proposons aussi
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