Damaro : « comment sortir de l’imbroglio à Matoto… » (Interview)
CONAKRY-Amadou Damaro Camara, chef de file de la majorité présidentielle vient de proposer une piste de « solution » pour sortir de l’imbroglio à Matoto. Objet d’un bras de fer entre Kalémodou Yansané et Mamadouba Tos Camara, cette commune la plus populaire du pays n’a toujours pas de maire. Avec M. Camara, nous avons abordé cette question qui continue de susciter des débats dans le pays. D’autres sujets comme le fichier électoral, les élections législatives, les difficultés du RPG à Kankan sont également au menu de cette interview. Lisez.
AFRICAGUINEE.COM : L’élection du bureau exécutif de la mairie de Kankan tarde encore par le fait du RPG arc-en-ciel qui n’arrive pas à trouver un consensus entre les différents candidats du parti. N’est-ce pas trop gênant pour le parti au pouvoir ?
AMADOU DAMARO CAMARA : Oui c’est gênant, mais c’est quelque part aussi un signe d’un dynamisme du parti quand on se bat pour en assurer la direction dans sa section et ses sous sections. Mais j’avoue qu’on devrait pouvoir trouver une solution consensuelle pour pouvoir dépasser cet état de fait.
Avec le recul, on se rend compte que le RPG a eu des difficultés presque partout à départager ses candidats. Comment expliquez-vous cela ?
Par le dynamisme du parti. J’avoue qu’on aurait dû trouver une meilleure solution pour éviter ces genres de choses. Je crois que c’est un peu la conséquence du choix que nous avons fait en faisant élire des listes sans têtes de listes.
Parlons du cas de Matoto dont l’élection du maire a été annulée par le Gouvernement alors que la victoire était vraisemblablement du côté du candidat de l’opposition. Vous avez tranché sur la question en disant que la reprise du scrutin se fera avec ou sans les élus de l’UFDG. Ne craignez-vous pas de nouvelles confrontations ?
Je ne sais pas sur quelle base vous croyez que la victoire était du côté de l’UFDG. Si telle était le cas, ce sont les 45 conseillers qui doivent encore se retrouver pour designer le maire. Et si vraiment une partie avait gagné, que les mêmes conseillers se remettent dans des conditions de sécurité beaucoup plus assurées, qu’ils reprennent les élections et qu’ils désignent celui qu’ils avaient désigné précédemment. C’est aussi simple que ça. Je ne sais pas pourquoi on en fait tant de problème. J’ai gagné aujourd’hui c’est vrai, mais si c’est les mêmes qui reprennent demain je ne vais pas gagner, je ne vois pas le doute.
A votre avis comment sortir de cet imbroglio sans violences ?
Il faut reprendre ces élections sans violence. Je crois que le ministre de l’administration du territoire a pris la bonne décision en disant : écoutez, venez reprendre les élections et celui qui gagne aura gagné. Mais il a bien ajouté dans les meilleures conditions de sécurité. Celui qui fait la violence il y a l’Etat pour sévir.
Alors qu’on peine à sortir du quiproquo lié aux communales, les élections législatives sont prévues en 2019, mais on n’en parle peu. Dites-nous comment le RPG arc-en-ciel va-t-elle les aborder ?
Nous nous sommes prêts à aller aux élections en janvier, en février, en mars comme le dit le code électoral. C’est l’opposition qui demande à ce que les recommandations faites pour le nettoyage du fichier soient d’abord mises en œuvre. Donc nous attendons que ces recommandations soient mises en œuvre pour que la CENI ou la nouvelle CENI nous fixe un délai raisonnable pendant lequel les élections peuvent avoir lieu.
Les résultats de l’audit du fichier électoral ont révélé de nombreuses failles. Pensez-vous qu’il soit possible de corriger ces failles et respecter le calendrier légal du scrutin ?
Ça dépend pour combien de temps ça va prendre. Je crois que dès janvier nous allons commencer la mise en œuvre de ces recommandations et nous verrons. Ça prendra deux semaines ou deux mois, nous ne savons pas encore.
Sidya Touré prévient qu’il est hors de question d’organiser les élections législatives sans que le fichier actuel ne soit corrigé. Partager vous cet avis ?
Tout ce qu’ils voudront nous sommes d’accord. Nous sommes prêts en tout cas à aller aux élections n’importe quand.
S’il y a glissement sur le calendrier électoral et que l’Assemblée nationale se trouve dans l’illégalité. Seriez-vous prêts à démissionner?
Oui, ce qui pourrait créer une crise institutionnelle. Mais il est de coutume que s’il y a un vide juridique (…) je crois que la Cour Constitutionnelle doit pouvoir nous donner une certaine orientation pour faire face à cet état de fait.
Avez-vous un message à lancer à l’endroit des acteurs politiques ?
Je leur souhaite mes meilleurs vœux de bonheur, de santé, de prospérité et surtout de paix dans notre pays. Et nous espérons que nous serons moins politiciens et plus réalistes pour l’année 2019 pour qu’enfin on puisse commencer à nous occuper du bien-être de ces populations au nom desquels nous nous targuons de tous les droits.
Interview réalisée par Bah Aissatou
Pour Africaguinee.com
Tél : (+224) 655 31 11 14
Créé le 31 décembre 2018 09:07Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Damaro Camara, Interviews