Damaro Camara : « Cellou n’ose plus apporter son soutien à Sidya Touré… »

Amadou Damaro CamaraCamara, président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle

CONAKRY- Alors que les divergences se font de plus en plus ressentir au niveau de la classe politique au sujet du projet de référendum constitutionnel, le Chef de file de la majorité présidentielle affiche une fermeté. Damaro Camara réfute les accusations de l’opposition. 


Après un petit moment de silence, Damaro a accepté de se prêter aux questions d’Africaguinee.com. Dans cette interview, le Président du groupe parlementaire RPG Arc-en-ciel aborde aussi la question des prochaines élections législatives. Exclusif !!!

 

AFRICAGUINEE.COM : La date des législatives qui vient d’être annoncée par le président de la CENI suscite déjà des polémiques. Quelle est votre réaction ? 

AMADOU DAMARO CAMARA :Je crois qu’il faut qu’on ait une bonne foi dans tout ce que nous faisons. C’est ce qui a toujours manqué à la classe politique guinéenne, surtout à l’opposition qui n’a proposé, qui n’a discuté, qui n’a débattu, qui ne s’est impliquée que dans des problèmes d’élections. L’opposition guinéenne n’a pas fourni un seul memo pour améliorer dans quelques domaines qu’il soit, la gouvernance d’Alpha Condé. Si ce n’est des revendications électorales. Ceci dit, nous avons une institution qui s’appelle la CENI (commission électorale nationale indépendante, Ndlr). Même si elle est considérée comme une CENI politique, mais c’est une loi organique qui l’installe et qui dit qu’à partir du moment où les commissaires prêtent serment,  elle ne doit plus, ni demander ou se soumettre à une injonction de leurs structures d’origine. Malheureusement cette CENI qui a été tant réclamée, clamée se divise en commissaires de la mouvance et commissaires de l’opposition. Les commissaires de la CENI passée, parce qu’ils ne répondaient pas aux injonctions de leurs structures ont été considérés comme n’étant plus représentatifs des structures. L’opposition a encore demandé à ce qu’on change la CENI. A cet effet ils ont changé tous leurs commissaires. Nous on a gardé tous nos commissaires et on n’a envoyé aucun nouveau. Parce qu’on croit qu’il fallait garder la mémoire de la chose. 

La date des élections  n’est pas l’affaire des partis politiques. Si la CENI dit, ‘’nous pouvons’’, impliquons-nous pour que les élections aient lieu. Moi je suis de ceux qui sont d’accord qu’il y ait des élections transparentes, crédibles, inclusives. Mais cela se fait quand nous voulons tous aller à ce genre d’élection. Mais comme j’aime à le dire souvent, le Roi du Maroc Hassan II disait qu’il est d’une perte de temps que d’utiliser des arguments d’une bonne foi devant les personnes de mauvaise foi. 

Au moins sept commissaires se sont désolidarisés du chronogramme annoncé par leur Président. Qu’en dites-vous ? 

Nous avons dans les accords politiques demandés à ce qu’il y ait un audit du fichier, cela a été fait. On a eu des anomalies, nous sommes d’accord sur ces anomalies. Nous avons demandé à ces mêmes experts de rester à nos côtés pour s’assurer que toutes les recommandations soient mises en œuvre. Mais ces recommandations ne peuvent être mises en œuvre que pendant la révision (…). Une révision à 72 jours ou 90 jours, ça c’est la loi, mais elle est indicative. Mais quand on s’y met on peut faire moins de temps. Mais si on ne s’y met pas, même les 90 jours ne suffiront pas. Tout est un problème de bonne foi quand on veut y aller. Ce que les gens ne savent pas et ce que l’opposition, surtout l’UFR et Sidya lui-même essaye de jeter à la face du monde, c’est faux. C’est toujours l’opposition qui a demandé à changer tous les opérateurs qu’on a eu ici. Aucun des opérateurs n’a été satisfaisant, aucun président de la CENI n’a été satisfaisant, aucun membre de la CENI n’a été satisfaisant. 

Mais chaque fois, la Guinée n’a jamais eu de logiciel à elle, c’était des licences pour six mois ou pour un an. Et chaque fois par des pressions politiques, par des manifestations, par des tueries, on a accédé au changement d’un opérateur. Nous avons recruté un autre opérateur qui vient avec une nouvelle technologie, qui vient avec un nouveau logiciel. Je rappelle que à chaque fois qu’un opérateur recense, il n’arrive pas à intégrer dans sa base de données tout ce que l’opérateur précédent a fait. Ce ne sont pas des fictifs. Ce sont des résidus que personne ne contrôle qui sont dans la machine. Mais l’opposition présente ça comme si c’était un million cinq cent mille qui ne peuvent qu’être que des militants d’Alpha Condé. Mais ce qu’ils ne disent pas et c’est malhonnête intellectuellement, c’est qu’on est parti jusqu’à dire que 10 % de ces fictifs se trouvent en Haute-Guinée et 7% sont en Moyenne-Guinée. En ce temps quand Sidya a appris ça aussi il dit voilà c’est le RPG et l’UFDG qui bénéficient de ça et que dans son fief il n’y a rien eu de ce genre-là. Ce sont des alibis qu’on cherche (…). Maintenant on ne peut pas aussi se prononcer sur un fichier avant le recensement. Si on dit qu’on peut faire en 25 jours, impliquons-nous et mobilisons nos militants et nos populations. Après ça, les mêmes qui ont dit qu’il y a des fictifs et des doublons laissons-les apprécier le nouveau fichier. Et après cela on se prononcera avant les élections quand-même. 

Mais les mêmes nous disent aujourd’hui que ce qui est valable en Avril ne l’est plus en septembre. Pourquoi ? L’argent est là aujourd’hui, le matériel et là et la Guinée a maintenant son logiciel. Tous les serveurs sont aujourd’hui à la villa 33 qu’on présente de nos jours comme une chambre noire ou un mystère à la disposition d’Alpha Condé et de son régime. C’est là-bas le site central de la CENI.  Est-ce que c’est au site central où on doit appeler un meeting de tous les partis politiques pour dire que le site est là. Ce sont des données personnelles où vous avez tous vos renseignements. Ce n’est pas accessible à tout le monde. Les techniciens qui sont là, il n’y a aucune nouvelle recrue au niveau de ce site. Ce sont des gens qui sont là depuis plus de 10 ans qui sont de purs techniciens qu’on veut simplement manipuler. Voilà un peu le problème qu’on essaye de présenter. 

Mais la réalité, c’est que Siguiri est plus peuplée que n’importe qu’elle préfecture de la Guinée. Elle a plus de monde que Matoto et Ratoma, c’est une réalité due à des conditions minières. Ce n’est pas parce qu’ils sont malinkés ou la majorité écrasante est du RPG mais il n’y a pas qu’eux là-bas.  Aujourd’hui je dois dire qu’avec ou sans l’opposition nous irons aux élections. Nous voulons que les élections soient transparentes, crédibles, inclusives. Mais si quelqu’un ne veut pas participer à une élection, nous n’allons forcer personne. 

Le Président de la République a le droit d’appeler les électeurs aux urnes. Si la CENI dit que le 28 décembre nous pouvons faire les élections, le délai de rigueur avant le 28, le président de la République prendra le décret pour dire qu’à telle date les élections auront lieu. Nous avons aujourd’hui un peu plus de cent jours pour faire ces élections. Si quelqu’un n’est pas prêt en cent jours, ce sont des alibis qu’on recherche. Soyons sérieux ! Un Sidya Touré, s’il a eu 10 députés c’est parce que l’UFDG l’a aidé dans cinq circonscriptions. A Boké on a voté pour son candidat, à Matam c’est la même chose, à Matoto on a aussi voté pour son candidat. C’est pourquoi il a eu cinq. Cellou Dalein n’ose plus apporter son soutien à Sidya Touré, ou amener des militants de l’Ufdg à désister en faveur des militants de l’UFR. 

Les deux semblent pourtant conjuguer le même verbe actuellement… 

Ils ne conjuguent pas le même verbe. Chacun a un couteau derrière. Sidya se dit si Alpha n’est pas candidat je suis le futur président, Cellou Dalein dit si  Alpha Condé n’est pas  candidat je suis le futur président. Qu’est-ce qu’ils ont en commun ? La haine contre Alpha Condé avant de se prendre le couteau l’un contre l’autre. C’est ça la réalité entre ces deux-là. Donc c’est une union pipo qui ne trompe personne. On sait comment ils s’appellent d’ailleurs. Cellou dit l’autre, Sidya dit les gens là.  Cette fausse union ne nous impressionne pas du tout. 

Quelle lecture faites-vous du boycott des consultations nationales entamées par le Premier Ministre par certains partis membres du Front National pour la Défense de la Constitution ? 

C’est une démarche normale (…). C’est ce que nous avons demandé, c’est ce que le président a dit dans son discours. Tout le monde a le droit de s’exprimer. Les pour et les contre. Mais en fin de compte, personne n’a le droit de s’appeler c’est moi le Peuple. C’est tout. Pourquoi on n’a pas confiance au peuple de Guinée ? Il y a 61 ans déjà, le peuple de Guinée a su dire Non et dans des conditions un peu plus dures qu’aujourd’hui. Nous n’avions pas les yeux ouverts mais la conscience était là. Qu’on ait confiance à ce peuple là, ce peuple-là conscient peut dire Non à Alpha Condé même s’il veut. Mais quand on croit être plus intelligent que le peuple, c’est ce qu’ils sont en train de faire. Non au referendum parce que c’est nous le peuple. Le président ne prend pas de décret pour être président, il ira aux élections. Pourquoi ils ne battent pas campagne pour dire NON, dire que le président n’a rien fait en 10 ans, il est vieux et il faut donc le chasser. La forme la plus achevée de la démocratie c’est le referendum. On ne demande même pas aux représentants du peuple mais au peuple lui-même.

Quelle va être la prochaine étape après ces consultations ?

Ne pas aller à ces consultations c’est encore une violation flagrante de la constitution. La constitution confère au Premier Ministre le dialogue social avec les partis politiques. A chaque fois qu’il y a un dialogue présidé par un Ministre c’est par délégation de pouvoir du Premier Ministre à ce Ministre. Quand ce Premier Ministre demande de venir pour qu’on débatte des problèmes essentiels de la Guinée, vous dites que vous n’irez pas parce que c’est pour cautionner des choses. Et vous parlez de constitution, finalement ce n’est pas un problème de personne (…), ce n’est pas parce que Sidya Touré n’aime pas Kassory qu’il ne doit pas aller. C’est le Premier Ministre comme il l’a été un moment.

Ils sont amis quand-même ?

Non pas du tout (…), Cellou d’accord parce qu’en réalité c’est Kassory Fofana qui a fait Cellou. Avec les deux ils ont des relations humaines mais entre Sidya Touré et Kassory, ils ne sont pas des amis. Refusez d’aller au dialogue, c’est en violation de la constitution. 

On revient à la question, quelle va être la prochaine étape après ces consultations ?

C’est très clair, le premier ministre a dit qu’il va écouter tout le monde après, il fera un rapport qu’il soumettra fidèlement les appréciations des uns et des autres au Président de la République. Il reviendra à ce dernier de prendre la décision qui s’impose.

Est-ce que la mouvance présidentielle est en train de travailler sur la logique de coupler ce referendum aux élections législatives ?

Il ne revient pas à la mouvance de préparer les élections. La décision du referendum appartient au Président de la République qui en fixe la date. Après que le rapport des consultations lui sera déposé, il reviendra à lui seul de dire qu’il va organiser un referendum. Il a le droit de demander à son peuple un ordre du jour précis avec un Oui ou un Non. 

Quelle appréciation faites-vous du communiqué qui a sanctionné la rencontre entre le président Alpha Condé et Micke Pompéo, secrétaire d’Etat américain ?

Je connais très bien les Etats-Unis, j’y ai vécu un peu plus de 20 ans. Mike Pompéo a annoncé des principes. Ils ne soutiendront pas un coup d’Etat et une transition ne peut pas être meilleur à aller d’une constitution (…). Chacun peut l’interpréter comme il veut. Mais à aller d’une constitution signée par un putschiste, par une junte et élaborée par un corps qui n’était pas destiné,  à une constitution qui sera soumise entièrement au peuple, je crois que ça c’est la meilleure des transitions. Les constitutions bouclées comme on veut le faire croire ici posent souvent des problèmes, mêmes aux grandes démocraties. C’est comme le deuxième amendement de la constitution américaine qui dit que tout américain a le droit de porter une arme. C’était déjà après la guerre civile ou encore chacun avait le droit de se protéger. 

Finalement l’industrie des canons aux Etats-Unis vend aujourd’hui à des enfants de 13 ans des fusils d’assauts qui peuvent sortir aujourd’hui 100 balles à la minute. La violence des armes aux Etats-Unis fait 100 morts par jour. 93% des américains de  nos jours veulent une reforme de cette loi. Mais comme c’est la constitution et on n’arrive pas à y toucher. Même si 93% des américains sont contre. Nous avons au moins 37 mille morts causés par la violence des armes. C’est ça quand on croit à un moment donné que le peuple ne peut pas toucher à sa constitution alors qu’on dit que la démocratie  c’est par le peuple et pour le peuple.

Mais quand on dit que les Etats-Unis soutiennent fermement les alternances au pouvoir. Qu’est-ce que ça vous dit ? 

Vous avez vu peut être en français et moi je l’ai écouté en anglais et je vous ai dit qu’il a fait des annonces de principes. Les Etats-Unis soutiennent toujours les transitions démocratiques et la transition démocratique ne peut pas être plus démocratique que d’aller d’une constitution faite par une junte et d’une constitution votée entièrement par le peuple. Si Alpha Condé, par sa majorité ici avait fait une constitution et que ses candidats ont fraudé ou triché une élection, ça ce n’est pas une transition (…). Jean jacques Rousseau a été très intelligent en disant que le peuple a le droit de changer ses lois même si elles sont les meilleures.

 

Entretien réalisé Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 655 311 112

Créé le 20 septembre 2019 11:35

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