Dadis, Général Baldé…Toumba et le totem de Makambo : Gros déballage sur les affrontements tragiques au camp Koundara
CONAKRY- C'est un témoignage teinté d'amertume et de regret. A la barre du tribunal criminel de Dixinn, dans le cadre du procès en cours du 28 septembre 2009, Cécé Raphaël Haba, l'un des témoins oculaires de la tentative d'assassinat qui a visé le président Moussa Dadis Camara le 03 décembre 2009 au camp Koundara, a fait des révélations.
A l'époque garde de corps direct du Commandant Aboubacar Diakité dit Toumba, monsieur Haba dit être le principal sauveur du chef de la junte d'alors. Au lieu de reconnaître sa bravoure regrette-t-il, il a été peint en noir. Et, l'acte qu'il a déploré et qui continue à le ronger, c'est le fait d'attribuer son acte héroïque à Makambo Loua qui n'en était rien. Le militaire pasteur raconte l’incident tragique.
« Si le président l’appelle, quelle que soit notre position, dès que je lui dis que le président a appelé, il (Toumba) se lève pour qu'on parte. Mais ce jour (03 décembre) on n'a pas reçu un appel. C'est moi qui détiens les appareils (talkie-walkies et téléphones portables). Je n'ai vu aucun appel, ni dans la radio. On a vu par surprise le président Dadis au camp Koundara dans une pick-up où se trouvait assis le Général Baldé au côté escroc. C'est le président qui était en train de conduire. Et ce jour, Makambo est sorti avec trois véhicules (deux pickups neuves et une Rave 4). Ses hommes étaient armés, encagoulés, avec des armes comme s'ils partaient en guerre. Ils sont venus (nous trouver). Quand le véhicule a garé, le président a sauté. Il est descendu et s'est dirigé vers Toumba en lui disant : Toumba tu veux me faire honnir ? Toumba répond en disant : Monsieur le président on t'a dit que Toumba est en ville en train de tirer avec ses hommes mais tu es venu voir Toumba assis faisant face à la mer. Mon sixième sens me dit qu'il devrait s'interroger sur les allégations portées contre Toumba. Mais je ne sais pas ce qu'on lui a dit. Il (Dadis) est venu avec émotion et s'est dirigé vers Toumba en criant : Tu veux me faire honnir ? Comment tu es habillé comme ça ? Arrivé à son niveau, il (Dadis) a tapé la tête de Toumba, son béret est tombé. Toumba s'est levé et n'a pas réagi. Il a dit au président : je ne peux pas vous trahir ni vous tromper. C'est Makambo qui veut vous trahir. C'est lui qui est venu ce matin arrêter deux hommes à Koundara et les envoyer à l'Etat major. Leur commandant m'a appelé pour dire qu'on ne peut pas mettre les deux hommes à sa disposition.
Toumba a dit j'ai libéré les deux personnes et je sais que c'est une anomalie. Makambo voulait répliquer. Le président a répliqué à Makambo. Il dit : si jamais tu te mêles dans notre conversation, je te ferais rentrer au camp, tais-toi. Laisses entre mon fils et moi. Le président a repris la parole : Toumba allons au bureau. Si on partait au bureau, ce qu'on est en train de dire à la barre n'allait pas arriver. Mais il change de ton en disant : Toumba donne-moi ton arme. Voici l'origine du problème que j'ai subi. Je ne suis pas en prison à cause du 28 septembre.
Si je ne parle pas pour rétablir la vérité, de Conakry jusqu'à N'Zérékoré c'est dans l'oreille de tout le monde que Cécé qui a trahi et s'est rallié à Toumba pour détruire le pouvoir de la Forêt. Voici la ségrégation qui me suit. Ma femme est ségréguée dans le quartier. Toute ma famille s'est séparée de ma femme. Personne ne rend visite à ma femme. C'est elle seule qui s'occupe de mes enfants. On a raconté que Toumba m'a donné deux (02) sacs d'argents. Tout le monde a abandonné ma femme. Étant courageuse, elle entendu beaucoup de choses, vu beaucoup de choses…
Quand Dadis a dit Toumba donne-moi l'arme. Toumba a replié derrière, ensuite il est revenu devant. Il voulait dépasser le président mais nous, c'est dans la tête que quand Toumba voit le président, il n'y a pas de problème. Mais les dispositifs qui étaient dans l'entourage, c'était effrayant parce que Makambo est venu armé comme quelqu'un qui partait au front. Il faut qu'on se dise la vérité. Entretemps Bégré a commencé à parler, le président s'est retourné à regarder l'histoire de Bégré qui disait que c'est Marcel qui l'a informé que Toumba voulait faire un coup d'Etat. Quand le président s'est retourné, on a entendu boum. Toumba avait tiré sur lui. Le président est tombé. Tous les hommes qui étaient venus avec lui, chacun a fait sa sommation. D'autres ont fui pour se jeter dans la mer. Quand le président est tombé, j'ai fait 4 pattes, réflexe de derrière et je vois que c'est le président qui est tombé. Il y avait un certain Mansaré qui était-là en train de pleurer. Entretemps, je suis venu. Je lui ai dit tu es là en train de pleurer mais fais-nous quitter le président au lieu de pleurer. Les personnes qui sont venues avec le président, personne ne l'a assisté. Nous qu'on qualifiait d'être les éléments de Toumba, ce sont nous qui sommes venus en assistance au président pour le protéger.
Quand le président est tombé j'ai vu Makambo courir vers la pick-up, en ma connaissance c'était pour dire à son chauffeur de sortir. Il était parti pour prendre une autre arme plus lourde contre Toumba. On était déjà hors de cette cour. L'assistante de personne en danger que j'ai faite est devenue autre chose. Certains ont dit que c’est Cécé qui a montré le secret de Makambo à Toumba. Et que lorsque le président est tombé, c'est Makambo qui s'est couché sur lui. J'ai dit à Dadis jusqu'à la mort je vais te sauver et te protéger. Ils ont transformé mon acte d’héroïsme, ils ont honoré Makambo. On a raconté qu'un certain Forestier du nom de Cécé a dit à Toumba, le totem de Makambo. Voici comment on m'a rejeté dans ma communauté », déplore l'accusé qui comparait devant la barre du tribunal criminel de Dixinn.
A suivre…
Siba Engagé
Pour Africaguinee.com
Créé le 8 novembre 2022 08:02Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: 28 septembre, Dadis Camara, Politique