Dadis de retour : L’avocat de Toumba brocarde le CNRD… »la boussole est abîmée »

Maître Paul Yomba Kourouma, avocat de Toumba Diakité

CONAKRY- L'ex chef de la junte, Moussa Dadis Camara est en ce moment en Guinée. Ce séjour inopiné couvert d'un grand tabou fait des « grincements de dents ». Alors qu’il est encore difficile de dire avec exactitude les raisons de la présence au pays du numéro 1 du CNDD (conseil national pour la démocratie et le développement), certains réclament l’ouverture du massacre du 28 septembre 2009.


Mais Maître Paul Yomba Kourouma, avocat de Toumba Diakité (celui qui avait attenté à la vie du Capitaine Dadis Camara le 03 décembre 2009) n’y croit pas. Il émet de sérieuses réserves quant à la tenue de ce procès sous le règne du CNRD (comité national du rassemblement pour le développement).

« Pour nous, cette arrivée n'a aucun rapport avec les événements du 28 septembre. Le procès qui est annoncé ne verra pratiquement le jour sous le CNRD. Nous avons toujours dit que le CNRD était incapable de tenir ce procès, de l'organiser. Il a déjà une lourde responsabilité, de grands objectifs. Il s'est visé la refondation de la Nation, ce qui déjà implique la mise en place de toutes les institutions. Alors pour une transition dont la durée est délimitée, à moins qu'on ait d'autres velléités, on ne peut pas embrasser ce procès qui a une dimension internationale et dont l'organisation requiert assez de moyens, assez de préparation.

Nous ne pouvons dire que cette affaire de jugement du 28 septembre, sincèrement ce n’est pas pour demain et que notre client paie les frais. Il (Toumba Diakité) subit une détention arbitraire. Il est pratiquement le prisonnier de tous les régimes. Le CNRD sur lequel nous comptions d'ailleurs pour obtenir sa mise en liberté, au regard de toutes les violations qu'il a subies, de toutes les brimades, de toutes les discriminations, celui-ci fait ne rien comprendre et le redoute d'ailleurs plus que les régimes précédents. Nous disons que la boussole dont on parlait est à ce jour abîmée en tout cas en qui nous concerne », a -t-il brocardé.  

Maître Paul Yomba Kourouma pense que le retour au pays de Moussa Dadis Camara qui a dirigé la Guinée du 24 décembre 2008 au 15 janvier 2010 (1 ans et 22 jours) ne doit surprendre personne. Il fustige le traitement réservé aux personnes inculpées dans le dossier du 28 septembre 2009, tout en craignant que les victimes ne connaissent peut-être jamais leurs bourreaux. 

« Le président Dadis lui-même étant justiciable de ce pays, lui-même inculpé ne peut pas forcer la main à ces autorités de le juger. Il a toujours réclamé un jugement contradictoire dans cette affaire. S'il est revenu, c'est pour des raisons personnelles, des raisons d'Etat qui nous échappent. En tout cas, Guinéen de son état, son arrivée chez nous ne doit pas nous surprendre. Il n'y a qu'à l'autoriser, finalement qu'il rentre définitivement en tant que citoyen. Mais si à chaque arrivée, il faut une autorisation, ça veut dire qu'il y a problème et que lui aussi connait une forme de privation de liberté là où il est.

Dans tous les cas d'espèces, tous ceux qui sont impliqués dans cette affaire souffrent à leur façon. Les victimes n'ont pas de lueur d'espoir quant à leur rétablissement dans les droits qui sont les leurs. Elles ne pourront jamais (peut-être) connaître leurs bourreaux », craint maître Paul Yomba Kourouma qui tire à boulets rouge sur le CNRD et l'appareil judiciaire guinéen qui selon lui, maintiennent en détention son client de manière arbitraire. 

« Toumba qui croupit en prison ne connaitra pas de jugement. L'intention des autorités est de le voir périr dans les geôles de notre pays sans traitement. Il est malade et souffre d'une pathologie qui est devenue chronique. Nous nous en plaignons et aucune juridiction de la place à laquelle ces violations ont été exposées n'a eu le courage de dire le droit. A ce jour, nous sommes devant la Cour Suprême qui, malgré l'urgence, tarde aussi à programmer cette affaire. Sincèrement nous nous en plaignons. Nous avons déjà usé de tous les recours. Le seul recours qui nous restait c'était la Cour de justice de la CEDEAO que nous avons saisie régulièrement et qui, à 72 heures de l'expiration du délai de réponse impartie à l'Etat guinéen dans cette affaire, nous avons vu aussi le pays suspendu des instances de la CEDEAO.

Ça veut dire que sincèrement nous avons brandi toutes les armes, nous avons usé de tous les retours, nous avons invoqué les autorités et même le ciel. Finalement, nous attendons qu'il ait désenclavement au niveau de l'espace sous-régional pour que nous allions là parce que nous ne croyons dans l'efficacité de notre justice, nous ne croyons plus dans la loyauté de nos autorités à veiller à l'application du droit, nous ne croyons plus en rien quant à ce jugement du 28 septembre et à la libération du Commandant Toumba », a laissé entendre maître Paul Yomba Kourouma visiblement déçu de la justice guinéenne. 

Siba Engagé

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 623 06 56 23

Créé le 12 juillet 2022 19:33

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