Crise sociopolitique en Guinée : Mohamed Tall parle…
CONAKRY-Mohamed Tall vient de briser le silence ! Dans cet entretien avec notre rédaction, le Directeur de cabinet de Sidya Touré a évoqué la récente condamnation des responsables et militants du FNDC qu’il a condamné avec fermeté. Face à main tendue du président Condé, l’ancien ministre de l’Elevage exclut tout dialogue à propos de la Constitution, qui selon lui, est un sujet non négociable.
MOHAMED TALL : Plusieurs responsables et militants du FNDC ont été condamnés par la justice. Quelle est votre réaction ?
MOHAMED TALL : Moi je suis très triste pour notre pays. Je constate qu’il y a un recul de la démocratie dans notre pays. Je constate aujourd’hui une réelle volonté de nous imposer une dictature. N’ayons pas peur des mots, quand on prend le cas des responsables du FNDC, du début à la fin, rien n’a été fait dans le respect des lois de la République. Ils n’ont pas été, ni arrêtés ni détenus conformément à la loi. On n’avait rien à leur reprocher. Surtout je trouve la condamnation extrêmement lourde par rapport à un dossier aussi vide que celui-là. C’est la preuve que la démocratie et les droits des citoyens sont sérieusement menacés dans notre pays.
Quelle réponse allez-vous apporter à cette décision ?
Ce que je peux vous dire, c'est qu’il y a une concertation qui est en cours au niveau des grands responsables du FNDC. Très rapidement on nous fera savoir ce qu’on compte faire par rapport à cette situation.
A part les manifestations de rue, avez-vous d’autres stratégies pour faire plier le Président Alpha Condé ?
Ce n’est pas une question de stratégies ! La gravité de la situation vient du fait qu’on a aujourd’hui un président qui veut à tout prix se maintenir au pouvoir et qui veut bafouer la légalité et tous les textes fondateurs de notre Etat. La constitution est claire sur un certain nombre de questions. En son article 154, il y a un certain nombre de principes qui sont intangibles. Mais aujourd’hui, de manière unilatérale il veut tout remettre en cause. Le problème vient de là. Il n’y a pas de stratégie possible, il s’agit pour les uns et les autres de respecter la Constitution. Une fois que cela est fait, l’apaisement viendra, les tensions vont baisser et puis on cessera d'assister à ce qu’on voit depuis le 14 octobre avec toutes ces tueries.
Justement face à ces tueries, le Président Alpha Condé a dit que ce ne sont pas les gendarmes et policiers qui tuent mais plutôt les manifestants qui s’entretuent dans le but de discréditer le Gouvernement et décourager les investisseurs. Qu'en dites-vous?
Je trouve ça très dommage. Ce n’est pas la première fois qu’on a ces genres des discours. C’est dommage qu’on ait aussi peu de respect pour les guinéens. Il y a le droit de manifester qui est consacré dans la Constitution, le FNDC décide d’organiser des manifestations pour s’opposer contre le projet du 3ème mandat (…), s’il y a des cas de morts, on voit des gens habillés en tenue militaire et police qui tuent les gens, les images circulent. Je suis sans voix par rapport à ces déclarations du Président Alpha. Chacun sait que ce sont les éléments de force de l’ordre qui ont fait non seulement des exactions graves mais qui ont abattu une dizaine de guinéens. Ça c’est connu, il y a des images.
Aujourd’hui toute perspective de dialogue est fermée. Selon vous comment sortir de cette situation de crise ?
L’opposition guinéenne est une opposition responsable qui a toujours prôné la paix, le dialogue. Nous avons toujours souhaité résoudre les problèmes par voie de dialogue. Mais cette fois-ci le problème est un peu différent. Il s’agit d’une question non négociable. La Constitution guinéenne est très claire sur la question, le nombre de mandats est de deux. Le Président va terminer son second et dernier mandat l’année prochaine au mois de juin. Qu’on discute d’autres choses, mais pas du nombre de mandats. Et en plus de cela, il faut qu’on ait un peu de respect pour les guinéens, qu’on se souvienne qu’il y a seulement 10 ans 157 guinéens sont morts parce qu’un combat a été engagé pour contraindre les militaires d’organiser les élections pour passer la main. Mais est-ce que vous trouvez normal que 10 ans après qu’un civil nous ramène dans une situation pire que celle-là ? On doit dépasser ces étapes.
Entretien réalisé par Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 30 octobre 2019 09:22Nous vous proposons aussi
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