Crise à Fria : L’ancien Directeur de l’usine El hadj Lancei Traoré se prononce ! (Interview)

El hadj Lancei Traoré

CONAKRY- Quelles sont les véritables causes de l’arrêt de l’usine d’alumine de Fria ? L’Etat guinéen pourrait t-il contraindre la société RUSAL à reprendre ses activités pour éviter une “catastrophe humanitaire“ dans cette ville dont les ressources provenaient essentiellement de cette usine qui est aux arrêts depuis avril 2012 ? L’ancien Directeur Général de cette unité industrielle, El hadj Lancei Traoré, a abordé toutes ces questions dans une interview exclusive accordée à notre rédaction. Entretien exclusif !!!


Africaguinee.com : Bonjour  Monsieur  Traoré !

El hadj Lancei  Traoré : Bonjour Monsieur Diallo !

Depuis plus de deux ans, la ville de Fria est confrontée à une crise à cause de l’arrêt de son usine d’alumine. En tant qu’ancien directeur général de cette unité industrielle quel regard portez-vous sur cette situation ?

A distance, comme vous le dites, à distance, ayant vu qu’on s’y acheminait,  nous avons tout fait pour qu’on n’arrive pas à ça. Mais le constat est que  l’usine est aujourd’hui fermée. Nous entendons dire par la presse et  les communications des responsables   chargés du secteur qu’ont est à la recherche d’une solution. Nous souhaitons en tant qu’ancien responsable que Fria revive, que cette usine continue d’être un laboratoire pour le secteur minier,  comme elle l’a été auparavant.

Selon vous quelles sont les causes réelles de l’arrêt de l’usine de Fria ?

Je pense qu’il y a eu des engagements  pris par les différents repreneurs. ACG d’abord ensuite  RUSAL, pour mettre l’usine dans un état  de performance qui permettait de continuer à fonctionner. Ce qu’on a constaté au moment où l’usine s’est  arrêtée, les installations étaient relativement vétustes.  Donc son entretien courant et systématique n’a pas été suivi depuis un certain temps, parce que l’usine ne date pas d’aujourd’hui.  Si en quelques années d’exploitation par RUSAL, l’usine  s’est trouvée dans un état défectueux, c’est que l’entretien n’a pas suivi.

Deuxièmement, il était prévu que  RUSAL  investisse dans l’extension pour arriver à un niveau de production qui soit rentable. Je ne sais pas pourquoi ces investissements n’ont pas été faits ? Pourquoi ces engagements n’ont pas été honorés ? Mais c’était la solution. Il est vrai qu’aujourd’hui qu’avec  650 000 tonnes d’alumines ou quelques soit le niveau du prix  d’alumine aujourd’hui, c’est difficile que  cette usine à ce niveau soit rentable.   Les usines de  700 000 tonnes par an sont dépassées, il faut un minimum de 1.200 tonnes pour rentabiliser l’exploitation. 

Beaucoup de personnes s’étonnent qu’un simple déclenchement  d’un mouvement de grève,  occasionne un l’arrêt  total des activités. Est-ce qu’au fond il n’y avait pas un autre problème plus grave à part la revendication salariale ?

Moi, qui ai vécu à Fria pendant sa période de développement. Et, surtout pendant cette période où les relations étaient tendues très souvent entre le syndicat et la direction, on n’est jamais arrivé à une rupture, comme c’est arrivé en avril 2012.

Je suppose qu’il y a quelques choses au-delà des  relations normales entre syndicats et  une entreprise qui a fonctionné. Sinon, Fria en trente années avant, n’est jamais arrivée à une crise comme ça.  Je ne comprends pas, il y a eu sûrement des considérations,  des prises de position en dehors des relations normales entre  les syndicats et la direction.

Pourtant à un moment donné RUSAL  a conditionné la reprise des activités  de l’usinepar  l’attribution du projet Dian-Dian  qui a  été fait, mais apparemment jusqu’à présent les lignes n’ont pas bougé. Qu’en dites-vous ?

C’est une question délicate. Mais bon, le lien  entre les deux sociétés, à mon avis devrait être opportunément étudié par le gouvernement pour obtenir à ce que RUSAL s’engage d’abord à reprendre Fria, avant de lui faire n’importe quelle concession sur Dian-Dian. Je ne comprends pas que c’est eux-mêmes qui aient fait le lien entre les deux  projets et qu’on  n’ait  pas opportunément exploité  cette opportunité pour que Fria soit restaurée  dans son niveau de production actuel, mais surtout qu’il y’ait une extension, qui aurait permis à l’usine actuelle de doubler sa production, ou alors la raser et construire une usine qui est rentable en production d’alumine.

En tant qu’ancien ancien responsable de l’usine, quelles pistes de  solutions préconiseriez-vous pour une sortie de crise ?

Restons dans le contrat avec RUSAL parce que c’est  plus simple ainsi. Peut-être  continuer à discuter avec RUSAL et obtenir qu’elle s’engage à rentabiliser Fria en terme d’investissement (…)  Ça, c’est pour rester avec le contrat RUSAL.

Sinon, aujourd’hui, il  faut, soit l’extension, soit construire une nouvelle usine en améliorant les technologies. Si les négociations n’aboutissent pas, il est urgent  qu’on le fasse pour que la première  usine de production d’alumine en terre Africaine ne meure pas de sa belle mort.

 Merci  M.Traoré !

 C’est à moi de vous remercier !

 

Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 31 11 12

 

 

 

 

 

Créé le 2 juin 2014 10:27

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