Coyah : Des citoyens agressés avec de « l’eau pimentée »…en pleine messe

COYAH-Une scène inédite s’est produite dans la localité de Somayah mosquée, à Ben Ben, ce dimanche 28 mai 2023.  Des fidèles chrétiens ont été la cible d’une agression alors qu’ils étaient en messe. Pasteur Marcel Kourouma qui officiait la messe au moment des faits s’est prêté à nos questions.


 

AFRICAGUINEE.COM : Votre lieu de culte a été la cible d’une agression de la part de certains citoyens. Expliquez-nous- ce qui s’est passé ?

PASTEUR MARCEL KOUROUMA : C’est l’œuvre d’une femme qui était en séparation de corps avec son mari depuis près de six ans et qui était chez sa famille en Guinée forestière. Mais son mari avait une autre femme. Ils ont fait des enfants. En 2017, on priait à l’air libre quand le monsieur nous a donnés cet endroit qui était presqu’un dépotoir dans le quartier. On a décidé de l’aménager et l’entretenir pour continuer à prier jusqu’à ce qu’on ait des moyens pour bâtir une église.

Au début, c’était provisoire. Mais par la suite, il a cédé une partie qu’il a donnée définitivement à l’église. Il a dit puisqu’on n’avait pas les moyens de bâtir une église à l’époque, on pouvait continuer à prier dans son local où il voulait faire un hôtel. C’est la deuxième femme du monsieur qui était là à l’époque. Celle qui a des enfants. C’est comme ça que nous avons continué à prier.

Alors, l’autre femme a attendu que le monsieur décède en 2020 pour se présenter ici et revendiquer la propriété alors qu’lle n’a pas fait d’enfants pour le monsieur. Maintenant la femme qui a fait des enfants pour le monsieur, elle et ses enfants sont tous des chrétiens, ils priaient avec nous. C’est d’ailleurs le motif de l’acquisition du lieu. Les enfants du monsieur ont dit : « notre papa de son vivant n’a jamais refusé que l’église soit à sa maison. Ce n’est donc pas vous qui viendrez pour dire que l’église doit quitter ».

Le lundi passé, on avait commencé les travaux. Puisque les gens viennent prier, il faut que le local soit attractif. C’est ainsi qu’on a commencé à faire le crépissage et bien aménagé l’endroit. Ce n’est pas pour nous accaparer définitivement du lieu, mais il faut l’entretenir comme on l’avait promis au donateur. Il n’est plus vivant mais on a décidé de tenir cette promesse qu’on lui avait faite jusqu’à ce que nous ayons les moyens de construire sur le domaine qu’il nous a donné. Nous avons mis les portes. Mais la femme et sa famille sont venues, elles ont tout arraché. Ils se sont d’abord attaqués aux travailleurs le lundi. Puisque j’étais aussi au travail, je leur ai dit de les laisser agir.

Le dimanche 28 mai, pendant qu’on priait, elle est venue encore avec sa famille, elle avait déjà des seaux d’eau mélangés avec du piment, de l’huile rouge et avec ces liquides, elle a commencé à asperger tout le monde. Au finish l’église était devenue comme une rivière. Nos instruments sonores ont été endommagés, pendant ce temps, il y a une sœur qui s’est mise à casser complétement la porte d’entrée et la fenêtre.

Qu’est-ce que vous avez fait ?

Nous n’avons pas réagi, ni riposté. On l’a laissé continuer. Plusieurs centaines de personnes étaient sorties observer la scène en pensant qu’on allait riposter. Personne n’a riposté.

Est-ce que vous connaissiez cette dame avant ?

Non, je ne la connais pas. On ne l’a jamais connue, de 2017 à maintenant, nous ne l’avons jamais vue là-bas. Ce n’est qu’après le décès de son époux qu’elle s’est présentée et on nous a dit que c’était l’une des femmes du monsieur mais que le couple était en séparation de corps.

Est-ce qu’elle est chrétienne ?

Je ne crois pas. Parce que si elle l’était, elle n’aurait pas agi comme ça. Evidemment, il y a des chrétiens catholiques qui ne sont pas impliqués dans la foi. Il y a certains qui ne se disent chrétiens que pendant les jours de la fête. Je ne connais pas la dame, car tout ce temps elle n’était pas là.

Que comptez-vous faire ?

On a voulu recourir à l’autorité parce que ce sont les fidèles qui sont agressés. Si ça restait entre elle et sa coépouse, ça allait être entre la famille. Mais c’est l’église qui est agressée, ce sont enfants qui viennent prier avec nous. On communique là-dessus pour que l’autorité puisse savoir pourquoi une telle personne peut avoir une cruauté à ce point. Venir attaquer des gens qui sont en pleine prière. On s’est dit que le procureur allait s’autosaisir pour que des choses similaires n’arrivent plus dans sa juridiction de Coyah.

 

Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 76 28

Créé le 29 mai 2023 15:40

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