Covid19-Astra Zeneca, variants, écoles : les confidences de Dr Sory Condé…

Dr Sory Condé, responsable du département surveillance de l'Anss

CONAKRY-Officiellement déclarée le 12 mars 2020, la Guinée totalise actuellement plus 18 mille cas confirmés de Covid19 dont 107 morts. Principal foyer de l’épidémie, Conakry abrite 5 centres de traitement épidémiologique, tandis qu'une campagne de vaccination a été lancée le 5 mars 2021.


Dans cet entretien, le chargé d'étude au département surveillance au sein de l’ANSS (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) fait le point de la situation globale de l'épidémie dans le pays. La Guinée va-t-elle bannir l'Astra Zénéka ? Des cas des nouveaux variants sont-ils signalés ? Qui des hommes et des femmes meurent le plus de la Covid en Guinée ? Quelle est la tranche d’âge la plus affectée ? Le médecin répond sans langue de bois.   

AFRICAGUINEE.COM : la campagne de vaccination contre la Covid a été lancée le 5 mars. Où en est l’ANSS sur le terrain ?

SORY CONDE : Il faut noter que nous menons une double activité de vaccination. L’une porte sur Ebola dont le lancement a eu lieu le 23 février 2021 et la seconde sur la covid-19 dont le lancement a eu lieu le 5 mars. En ce qui concerne la Covid, jusqu’à hier, vendredi 19 mars, on était à 25 mille 262 personnes vaccinées.

Le vaccin Astra Zeneca fait l’objet de tiraillement dans certains pays à cause des effets secondaires enregistrés chez certains patients. La Guinée maintient-elle toujours la commande de ce vaccin ?

Il faut préciser qu’il y a deux vaccins qui sont en cours d’administration chez nos compatriotes vivants en Guinée et qui sont la cible pour le moment. C'est le Sputnik V et le Sinopharm. Mais Astra Zeneca ne fait pas partie. Avant qu’ils ne soient acheminés en Guinée, les autorités compétentes procèdent à l’analyse de ces vaccins.  C’est principalement, le comité d’éthique et de déontologie qui est chargé de faire l’analyse des dossiers. C’est après cela que le reste du processus continuera. En ce qui concerne l'Astra Zeneca, il faut dire qu’il y a eu des méfiances par rapport à certains effets que des personnes auraient développées dans certains pays.  Je vous donne un petit exemple : « quand on participe à un festin et que les gens font la diarrhée souvent on rejette le problème sur l’aliment consommé. Alors qu’il se pourrait qu’il y ait une personne qui souffre de la diarrhée qui soit venue et qui ait mal lavé ses mains avant les autres. Ainsi donc, il contamine l’eau avant les autres. Cela veut dire que la contamination peut être rejetée sur l’aliment à tort ».

En ce qui concerne l’AstraZeneca, il faut retenir que l’OMS (organisation mondiale de la santé) après étude, a rapporté que le vaccin AstraZeneca COVID-19 continue d'avoir un profil bénéfice-risque positif, avec un potentiel énorme pour prévenir les infections et réduire les décès dans le monde. Les données disponibles ne suggèrent pas d'augmentation globale des conditions de coagulation telles que la thrombose veineuse profonde ou l'embolie pulmonaire après l'administration de vaccins COVID-19. Cela veut dire que, pour le moment, il n’a pas été établi que les problèmes sont dus à l'AstraZeneca. Selon l’Agence européenne des médicaments, le vaccin a un bénéfice inestimable et que la vaccination pourrait continuer.

Pour le moment, en Guinée, je ne sais pas où se trouve la procédure, mais il n’y a pas de raison de se passer de ce vaccin au vu des analyses et études faites par l’OMS et l’Agence européenne des médicaments.  Même si, à date, aucune dose de vaccin Astra Zeneca n’est sur le sol guinéen.

Les centres d’isolement sont saturés. Quelles sont les dispositions prises par l’ANSS pour palier à ce problème ?

Les semaines passées, il y avait de l’insuffisance de places dans les structures de prise en charge et surtout au niveau de Conakry. Par rapport à cet état de fait, il faut noter que les 83% des cas confirmés sont de la zone spéciale de Conakry. Sur ce, il va y avoir de la surcharge à Conakry qu’à l’intérieur du pays. Pour faire face à cette situation, nous avons amélioré la capacité d’accueil aux sites existants, en aménageant des chapiteaux, mais aussi, en rendant opérationnel le site de Sonfonia. Après la fermeture du site de Donka pour des raisons des travaux, et face à une période où on était à un nombre limité des cas. A l'époque, les hospitalisations étaient autour de 200 à 300. Mais, ces derniers temps, avec l’abandon des mesures barrières et l’explosion des cas autour de nous, le flux des déplacements d’étrangers vers la Guinée et de la capitale vers l’intérieur du pays, on a assisté à une augmentation de nombres des cas.

La capacité a été améliorée, aujourd’hui, seulement pour les cas confirmés, on peut recevoir près de 1500 personnes. Le taux d’occupation des lits dans tout le pays c’était autour de 66,1%. A Conakry, c’était autour des 65%. On avait 25% des places disponibles pour la réception des personnes testées positives. 

La Guinée a enregistré une centaine de cas de morts de Covid en milieu hospitalier. Comment se présente la tranche d’âge des victimes ?

Quand on prend les statistiques, par exemple, en janvier, on n'a enregistré qu’un seul décès hospitalier. Le nombre a augmenté au cours des 2 derniers mois. Cela dénote du retard d’admission des malades avec surtout des comorbidités. Des malades testés positifs, mais souffrant d’autres maladies comme le diabète, l’hypertension artérielle, le problème de foi, de rein ou d’autres problèmes cardiaques et s’ils sont atteints de Covid, cela devient très compliqué. Certains arrivent avec une situation de détresse respiratoire qui nécessite vraiment des soins intensifs, parfois, la cause est perdue.

 

Si en janvier on avait enregistré qu’un décès hospitalier, en février on est monté à 9 et pour ce mois de mars on est à 14 décès. Et quand on regarde, plus de 85% des personnes décédées sont âgées de 50 ans et plus. A cet âge, le corps ne se défend plus comme avant. Les jeunes résistent mieux par rapport aux personnes âgées. Ceux qui sont âgées de 60 ans à plus sont au tour de 72%.          

Entre les hommes et les femmes. Quelle est la couche la plus touchée ?

Quand on remonte aux tests, nous voyons que plus de 80% de ceux qui se font tester sont de sexe masculin. Donc, il est logique que nous trouvons plus de cas confirmés chez les hommes que parmi les femmes parce qu’ils se font tester plus que les femmes. Et par ricochet, quand on regarde les statistiques, ce sont les hommes qui sont les plus représentés dans cette malheureuse situation. Au minimum 60% des gens qui meurent de la covid sont du sexe masculin mais les chiffres sont dynamiques.

Dans d’autres pays on parle de variantes de covid-19. Est-ce que des cas ont été éventuellement enregistrés parmi les patients en Guinée ?

Nous avons fait un premier séquençage au niveau local sur six (6) voyageurs revenant de l’Afrique du Sud et du Mali qui ont été testés positifs. C’est l’ancienne variante qui a été retrouvée. Des échantillons prélevés sur des patients de Covid à Conakry ont été acheminés à l’Institut pasteur de Dakar qui est une référence dans la sous-région sous l’égide de l’OMS. Pour le moment, on n’a pas reçu le retour. C’est un travail qui prend du temps.     

Une éventuelle fermeture des écoles est-elle envisagée par l'ANSS face à cette ‘‘deuxième vague’’ ?

La fermeture des classes ne relève pas des autorités sanitaires. L’ANSS n’a pas formulé une proposition allant dans ce sens-là pour le moment. Lors de la première vague, il y a eu la fermeture des classes, mais ce que nous avons remarqué, pendant cette période où les classes étaient fermées, les élèves et étudiants figuraient parmi la couche socioprofessionnelle qui avait la majorité des cas confirmés. Cela sous-entend que si on les empêche de se regrouper au niveau des écoles on peut contrôler le respect des mesures barrières, on favorise d’autres regroupements dans les quartiers, autour du thé, au terrain de football. Cela nous a amenés à nous interroger sur : est-ce que la fermeture des classes a des impacts ?  

Sur la covid-19, ce que je vais dire à la population, nous sommes pratiquement dans la deuxième vague et nous devons en être conscients. Tout le monde doit accepter de se faire vacciner. Cette vaccination ne sous-entend pas qu’on doit abandonner le respect des gestes barrières. Pour ce début, l’objectif de la vaccination ce n’est pas pour inverser la tendance de la confirmation mais c’est plutôt pour limiter les décès. C’est pourquoi, dans les prochains jours, nous allons lancer la campagne de vaccination des personnes âgées de 60 ans et plus qui sont les plus vulnérables. Les jeunes sont les plus nombreux parmi les cas confirmés, les 50% des personnes testées positives sont âgées entre 20 et 49 ans. Tant qu’on ne cible pas cette tranche d’âge pendant la vaccination, pour réduire la transmission, on ne peut pas réduire les cas confirmés.

A suivre…

 

Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664-72-76-28

Créé le 22 mars 2021 11:58

Nous vous proposons aussi

TAGS

étiquettes: ,

TOTAL

ECOBANK

UNICEF

LONAGUI

LafargeHolcim

cbg_gif_300x300

CBG

UBA

smb-2

Consortium SMB-Winning

Annonces

Recommandé pour vous

Annonces

Siège de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS)