Covid-19/La Guinée en rupture de vaccins : les explications de Dr Sory Condé…
CONAKRY-La Guinée est en rupture de vaccins anti covid-19. Depuis le lancement de la campagne de vaccination, le pays a du mal à atteindre un taux de 50% de personnes complètement vaccinées. Ce qui est loin de l'objectif fixé. Face à cette situation, votre quotidien en ligne a interrogé le chargé des études au département surveillance de l’ANSS (agence nationale de la sécurité sanitaire).
AFRICAGUINEE.COM : Des informations annoncent que la Guinée serait en rupture de vaccin anti-covid. Qu’en est-il ?
DR SORY CONDE : On est à un taux de vaccination complète largement inférieur par rapport à ce qui est attendu. Les 380 mille et quelques personnes qui ont pris au moins une dose, il n’y a pas 50% qui ont terminé leur vaccination. C’est-à-dire qui n’ont pas pris leurs deux doses. Et l’immunité n’est complète que quand on prend les deux doses. Les types de vaccin que nous avons ici, c’est des vaccins à deux doses. Donc, la stratégie adoptée, c’est de rendre disponible la deuxième dose et inciter les gens qui ont pris la première dose à se faire vacciner complètement sinon, le risque est que si la période passe, la première dose ne sera plus de grande utilité. Et pour que les personnes soient vaccinées, il va falloir qu’elles prennent à nouveau deux doses de vaccin. Et ça va être une perte de deux doses pour chacune de ces personnes-là. Pour éviter cela, on a fait de façon sélective une mise à disposition des vaccins de première dose limitée pour certains sites. Même pour d’autres, on n'en donne pas, on livre beaucoup de deuxième dose.
D’ici la moitié du mois de juillet, on va avoir le Spoutnik V uniquement la première dose qu’on va mettre à la disposition des sites. Ça va trouver qu’on a absorbé assez de deuxième dose. Le Spoutnik V, la première et la deuxième dose sont totalement différentes alors que le Sinopharm et le Sinovax c’est la même chose. C’est vous qui prenez le temps de diviser une partie pour la première et une autre pour la deuxième dose. Alors que le Spoutnik V, même les flacons sont différents.
Au regard des chiffres publiés sur les canaux de communication de l’ANSS, l’on remarque que le nombre de cas positif est en train de grimper. Qu’est ce qui en est la cause ?
Les gens ne respectent pas les règles barrières. Il est conseillé de se protéger même si on a été vacciné, parce qu’on peut prendre le vaccin aujourd’hui et être exposé le même jour. Si les gens ne respectent pas les gestes barrières, ils s’exposent à la contamination même le jour de vaccination. Parce que l’immunité ne s’installe pas immédiatement, ça prend au moins deux semaines (…) Pendant ce temps, on peut s’exposer surtout pour les personnes qui ne sont pas vaccinées.
C’est vrai on a adopté une stratégie différente de celle des autres, mais quand on remarque un peu, globalement, la proportion des personnes de 18 ans vaccinées est très minime. Et tant qu’on n’a pas une proportion qui avoisine les 70%, on ne peut pas avoir une immunité collective. Si dans une famille de 10 personnes il n’y a que 2 personnes qui sont vaccinées, le virus va continuer à circuler. Et nous, on n’est pas arrivé à 30% de couverture sur le pan national. Quand on prend la population de 18 ans et plus, on n’a pas atteint les 30% de la vaccination. Donc, il y a 70% qui ne sont pas protégés. Et dans les 30%, tout le monde n’a pas pris les deux doses.
Des personnes vaccinées contre la covid-19 ont été testées positives. Comment peut-on expliquer cela ?
La vaccination est une agression contre laquelle on pousse l’organisme à fabriquer la défense. C’est comme lorsqu’un pays est attaqué dans l’une de ses frontières, le pays ouvre une garnison militaire ou un poste avancé. Donc, ça ne veut pas dire que le pays ne sera pas agressé par ce passage-là. Mais en cas d’agression, le pays peut se défendre.
Ça veut dire que la personne, après la vaccination, elle développe l’immunité. C’est pour que quand il y a intrusion du virus que son organisme parvienne à se défendre. Et la plus part du temps, on verra que ces personnes ne manifestent pas de signes parce l’immunité parvient à contrer la maladie. Ça empêche que la personne développe des signes.
Une personne vaccinée et contractant le covid peut-elle transmettre le virus à une autre ?
Ce que la science a démontré ces derniers temps, la mal chance de propager la maladie à partir de ces personnes-là, est très limitée. C'est très minime pour qu’une personne vaccinée puisse transmettre la maladie. Déjà les personnes asymptomatiques qui n’ont pas d’immunité transmettent très peu la maladie, à plus forte raison celles qui sont asymptomatiques et qui ont développé l’immunité déjà.
Est-ce que c’est fréquent que l’ANSS rencontre des personnes vaccinées et porteurs du virus, autrement dit qui sont positif à la covid ?
C’est très minime pour ne pas dire qu’on n’a pas ces situations pour le moment parce que tous ceux qui se sont fait vacciner, la majorité se fait prélever pour le test d’anticorps. C’est-à-dire pour savoir s’ils ont développé l’immunité… Sinon, au début on n’avait pas ces variables dans notre base. On a introduit un certain nombre de variables nouvelles il y a de cela un mois.
D’abord, quand quelqu’un vient faire le dépistage, on lui demande si elle a déjà contacté la maladie. On peut réévaluer parce qu’il y a les réinfections, on a ça depuis longtemps. On repose la question pour savoir est-ce la personne a déjà eu la maladie. Parce que les récents sorties guéries, on sait que la plupart développe l’immunité.
L’autre variable, c’est de leur demander : est-ce que la personne a été vaccinée ? Si la personne répond Oui, on lui demande le nombre de doses pris et le type de vaccin et les dates de prise. Cela nous permettra un peu d’évaluer pendant combien de temps la personne s’est exposée. Quelle est l’aspect symptomatique ? Le vaccin ? Mais pour l’instant, tous ceux qui ont répondu à cette question, c’est non.
Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 664-72-76-28
Créé le 1 juillet 2021 16:46Nous vous proposons aussi
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