Covid-19 : « Même après la vaccination, on doit respecter les gestes barrières », avertit un médecin
CONAKRY- L'épidémie de la covid-19 qui sévit en Guinée depuis mars 2020, a connu une hausse inquiétante ces derniers mois. De janvier 2021 à avril, le nombre de contamination a explosé alors que les cas de décès et de malades dans les services de réanimation ont monté crescendo. Le virus toujours actif, continue de se propager au niveau communautaire.
Ce mercredi 07 avril, le Premier ministre a appelé au ‘‘civisme sanitaire’’ des populations, en particulier celles de Conakry, épicentre de l’épidémie. "La recrudescence actuelle des cas de contamination est absolument un sujet de préoccupation. Elle nous rappelle que le virus est toujours là, toujours présent, plus menaçant et encore plus mortel. Mon message aux populations est, de ce fait, sans ambiguïté : la situation sanitaire reste toujours tendue, même si la disponibilité de vaccins fait naitre l’espoir d’une fin prochaine de l’épidémie, possiblement pour l’an prochain", a lancé Kassory Fofana.
Sur 20 510 cas confirmés depuis mars 2020, la Guinée a enregistré 130 décès hospitaliers et avoisine désormais les 1000 cas hospitalisés. Bien que le manque de places ait été résolu dans les centres d'isolement, une inquiétude demeure au sein de l’ANSS (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire).
« Aujourd’hui, bien qu'on soit à plus (836) cas d’hospitalisation, on a au moins 25 à 30%% de places disponibles. Là où nous avons beaucoup de problèmes, c’est au niveau de la réanimation. A ce niveau, le taux d’occupation est un peu élevé par rapport à la norme. Cela s’explique par l’admission des personnes âgées en majorité et qui se trouvent dans une situation où la complication s’est déjà installée. Parce que c’est souvent des personnes dont l’organisme ne peut plus se défendre ou qui souffrent des comorbidités, (diabète, problème respiratoire…) et c’est ce qui complique la situation » a fait savoir Dr Sory Condé.
Toutefois, ces trois derniers jours ont battu les records en nombre des guéris. Plus de 1300 cas ont été déclarés guéris durant les dernières 48 heures d’après les chiffres publiés par l’agence nationale de sécurité sanitaire, à la date du 6 avril 2021. Le chargé d’études au département surveillance de l’ANSS ajoute que ce nombre élevé de personnes déclarées guéries ces derniers jours s’expliquerait par le fait que beaucoup de cas positifs qui étaient en hospitalisation à domicile ont été admis dans les sites de prise en charge.
« A un moment on était à court de lits d’hospitalisation. On était obligé d’accepter certaines personnes dans un système de retraitement à l’ambulatoire, c’est-à-dire la prise en charge à domicile. Il y a beaucoup de personnes qui sont admises dans une structure de prise en charge mais dont nos équipes s’occupaient. On ne pouvait pas les ajouter dans les hospitalisations.
Dans l’initiative Stop Covid en 60 jours, dont l’un volet était l’hospitalisation à domicile selon un certain nombre de critères, on avait revu ce volet, mais on a été contraint par les évènements parce qu’il y a eu également une mésentente par rapport à l’hospitalisation à domicile. Mais vu la limitation du nombre de places dans les sites de prises en charge, la fermeture de Donka pour des raisons de travaux à un moment où on n’avait moins des cas confirmés -à l’époque il y avait 350 cas au maximum comme une moyenne d’hospitalisation hebdomadaire-, ça été revue.
En février, on a commencé à avoir plus de 400, 500 jusqu’à atteindre 1000 cas confirmés par semaine. Donc, avec le manque de places, on était obligé d’accepter le confinement à domicile sous traitement de nos équipes de prises en charge. C’est ce qui expliquerait cette augmentation du nombre des cas guéris ces derniers temps » a-t-il expliqué.
Malgré ces résultats encourageants dans la lutte contre la pandémie, le chargé d’études au département surveillance de l’ANSS estime que le combat est loin d’être gagné. C’est pourquoi il a invité la population guinéenne à continuer à respecter les mesures de prévention contre la pandémie au coronavirus.
« Je voudrais dire à la population que l’augmentation du nombre de personnes guéries ces derniers temps n’est pas un signe de victoire. Qu’est-ce qu’on remarque ? Au cours des trois dernières semaines, il y a légère baisse des cas confirmés. Cependant, quand on regarde de près, on prend chaque 100 personnes, nous voyons que l’indice de positivité reste en plateau. Donc, on a 15 personnes positives sur les 100 testées à la Covid. Malgré les cas guéris, la maladie reste encore active dans la communauté à travers la transmission communautaire. Cela veut dire que nous sommes tous exposés au risque de contamination » prévient le médecin.
Les moyens de lutte efficace contre la maladie, restent le port correct du masque, le lavage régulier et correct des mains, la distanciation physique, le dépistage régulier pour se rassurer qu’on n’est pas infecté et enfin l’arme fatale contre toute épidémie, la vaccination.
"La population doit se mobiliser pour la vaccination dans l’ordre et la discipline. Le respect des gestes barrières doit continuer même si nous sommes vaccinés. Parce que quoi qu’il en soit, on n’a jamais 100% de protection contre un virus. Chaque fois qu’on vaccine 100 personnes, il y a 95 qui ont la possibilité d’acquérir l’immunité, donc il y a toujours 5% qui ne peuvent pas être immunisés. Et on ne sait jamais qui est dans les 5%. Si après la vaccination on abandonne les gestes barrières, ça veut dire qu’on peut s’exposer sans le savoir et également exposer notre entourage et par conséquent continuer à entretenir la transmission communautaire » a averti Dr Sory Condé.
Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
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Créé le 8 avril 2021 11:43