Covid-19 : « La riposte est très timide… », selon Bah Oury

CONAKRY-Alors que l’épidémie de coronavirus continue de prendre de l’ampleur en Guinée, l’opposant Bah Oury dénonce. Mettant à nue les défaillances et la fragilité des mesures de riposte mises en place, le leader de l’UDD interpelle la conscience de chaque citoyen. Il s’est confié à un journaliste d’Africaguinee.com.
« Il faut que tout le monde se rende compte que la responsabilité bien entendue est partagée (…), les citoyens doivent s’inscrire dans une logique d’autodiscipline et de précautions indispensables pour faire en sorte de ne pas favoriser la propagation de cette maladie, ni pour soi-même ni pour ses proches. Donc il faut prendre des mesures conservatoires pour se protéger et protéger ses proches. C’est un aspect qui est extrêmement important. Parce que sans cela rien n’est possible.
Par contre au niveau de la responsabilité publique, il y a des choses qui sont à déplorer parce que la Guinée a connu la fièvre Ebola, on a vu ce que cela peut causer comme dégâts tant sur le plan économique que sur le plan humain. Donc la Guinée devrait dans une certaine mesure avoir une attitude plus proactive, plus anticipatrice pour protéger ses concitoyens. Mais on a trainé les pieds et les mesures qui sont en train d’être mises en place sont des mesures très timides qui ne correspondent pas à l’ampleur de la situation.
En plus de l’aspect purement de la pandémie, les conséquences économiques et sociales ont une plus grande profondeur, l’extrême fragilité de nos institutions administratives, la pauvreté ambiante, l’indispensable nécessité d’avoir à la fois, le confinement et la distanciation sociale amènent à des mesures qui ont un impact évident sur l’économie réelle. Ce sont là des activités qui sont abandonnées.
Dans ce contexte, la pauvreté va s’amplifier. Et à ce niveau-là, la réponse gouvernementale est presqu’inexistante. Comment faire pour secourir les gens qui sombrent dans la pauvreté, où demain il aura des problèmes de nourriture. Des pénuries vont surgir un peu partout, ça c’est extrêmement grave et malheureusement la gestion macro-économique dans la durée du pays ne donne les capacités suffisantes à l’Etat guinéen d’être en mesure de remplir ses obligations vis-à-vis des populations.
Ce qui n’est pas le cas de la Côte-d’Ivoire qui parvient à mobiliser 1700 milliards de FCFA soit cette somme X 16 pour avoir l’équivalent en Francs Guinéens pour soutenir son économie et les populations les plus fragiles. Il est de même au Sénégal où ils mobilisent 1000 milliards de FCFA, nous en Guinée on nous parle de six milliards de francs guinéens. Voilà en d’autres termes comme je vous l’ai déjà dit, le COVID-19 a un effet grossissant sur la réalité de l’absence de gouvernance sérieuse depuis très longtemps de la Guinée.
Et nous allons payer un prix extrêmement élevé (….), seul Dieu peut nous aider à limiter les dégâts et ça. C’est la responsabilité de la puissance publique qui n’a pas dans la durée penser à mettre en place les dynamiques pour permettre à la société guinéenne, à l’Etat guinéen d’avoir la possibilité de renforcer cette capacité de résilience. Ça c’est abandonner le pays en lui-même et la population avec dans le contexte actuel ».
A suivre…
Diallo Boubacar
Pour Africaguinee.com
Créé le 4 avril 2020 12:43