Salon africain de l’Invention : Aguibou Barry, PDG de Fapel Guinée rafle le trophée « meilleure innovation » dans le domaine de l’énergie
ABIDJAN- C’est une distinction de plus pour l’Enterprise guinéenne de Fabrication de Pompe à Eau de Labé (Fapel Guinée). Lors de la 9ème édition du Salon Africain de l’Invention et de l’Entreprise Innovante tenue le 26 juillet 2023, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, Fapel Guinée a remporté le prix de la meilleure entreprise innovante. Ce n’est pas tout, Aguibou Barry, le gestionnaire de cette entreprise de fabrication de machine à multiple usages a reçu plusieurs autres distinctions dont un diplôme et deux attestations. De retour en Guinée, Africaguinee.com l’a interrogé.
AFRICAGUINEE.COM : Fapel Guinée a été distinguée lors la 9ème édition du Salon Africain de l’Invention et de l’Entreprise Innovante. Une distinction de plus pour votre entreprise. Qu’est-ce qu’il représente pour vous ?
AGUIBOU BARRY : Je voudrais tout d’abord souligner qu’il y a eu l’implication des autorités du ministère de l’Industrie qui ont eu confiance en Fapel. C’est à travers Mme la ministre Louopou Lamah qui a instruit à son conseiller de prendre toutes les dispositions pour que notre participation à ce salon réussisse. Le ministère nous a accompagnés, surtout nos techniciens. D’habitude, nous voyageons avec des invitations sans être accompagnés par l’Etat, donc c’est une première. Cette fois-ci, le ministère de tutelle a pris les dispositions en payant les billets d’avion pour plusieurs personnes, dont les techniciens. Et en plus, il a accompagné Fapel tout ça nous a galvanisés.
Alors, nous sommes arrivés au salon où la Guinée a eu quatre (4) stands alors que d’autres n’avaient deux. Les stands étaient bien présentés parce nous sommes partis avec plusieurs innovations. Fapel, en tant qu’entreprise innovante a présenté le dispositif de pompe à eau manuel hybride et solaire avec nos co-inventeurs ivoiriens et d’autres technologies comme le procédé de transformation de la mangue en farine. Cela a surpris tout le monde de voir la mangue avec ses différentes procédures de transformation où vous avez les couscous de mangue, le pain des mangues, le biscuit, gâteau etc. Avec tout ça, nous avons remporté le trophée de meilleure Innovation dans le domaine de l’énergie.
Je rappelle que Fapel est spécialisé dans la fabrication des pompes à eau. Depuis 2000, j’ai commencé ces recherches et c’est le fruit de toutes ces années de dur labeur qui est récompensé. C’est donc un honneur pour moi et pour toute la Guinée et surtout une occasion pour moi de remercier madame la ministre de l’industrie avec l’instruction du chef de l’Etat, colonel Mamadi Doumbouya pour leur accompagnement à l’équipe de Fapel à cette grande rencontre de l’innovation.
Je rappelle que le salon de l’Innovation se tient tous les deux ans, c’est comme la coupe d’Afrique de football, sauf qu’ici c’est la coupe d’Afrique intellectuelle des innovations dont la Guinée a pris part. A Abidjan, le ministre de l’industrie de la Côte d’ivoire était fasciné de voir de telles innovations surtout la forte demande, étant donné que la Côte d’Ivoire est le deuxième pays producteur de la mangue au niveau de la sous-région et notre innovation l’a vraiment émerveillé.
Parlez-nous un peu de la catégorie dans laquelle vous avez remporté ce prix ?
Fapel Guinée a été distinguée dans le domaine de l’énergie. Comme vous le savez, pour faciliter l’accès à l’eau potable et l’irrigation, nous avons développé plusieurs machines à usage domestique. Nous avons des chariots d’irrigation que l’Etat a accompagné. Ce qui nous a permis de produire 1000 asperseurs montés sur chariot. Aujourd’hui avec cette nouvelle technologie, c’est-à-dire le dispositif de pompage manuel hybride solaire, tout devient facile. Avant dans les villages, vous pouvez avoir une pompe mécanique ou système solaire en panne, je me suis dit pourquoi ne pas essayer les deux systèmes en eau. C’est-à-dire une pompe hybride. Lorsque le système solaire ne marche pas, vous faites recours au manuel et vice-versa. Cette innovation a séduit tout le monde. C’est fini donc la problématique de l’eau, car avec ce système vous avez l’eau H24.
En plus de ce prix, avez-vous remporté d’autres distinctions lors de ce salon. Parlez-nous en !
Ah oui, Aguibou Barry, en tant qu’inventeur a reçu le diplôme de brevet d’invention, non seulement en tant que meilleur inventeur africain et aussi nous avons eu deux attestations dont une en tant qu’inventeur et l’autre en tant qu’entreprise innovante. A travers ces innovations comme le procédé de la transformation de la mangue, aussi les déshydrateurs multifonctionnels. C’est une machine qui peut sécher tous ce qui est fruits et légumes. Elle a quatre sources d’énergie car elle est à la fois électrique, gaz, solaire et de charbon bio. C’est-à-dire les débris de charbon qu’on jette nous c’est ce que nous utilisons pour alimenter la machine afin de sécher les fruits et légumes. J’avoue qu’aujourd’hui, nous avons assez de demandes autour de ça non seulement en Côte d’Ivoire, en Mauritanie, ainsi que d’autres pays comme le Mali. D’ailleurs un des prototypes qu’on a envoyé au salon c’est un malien qui l’a acheté.
Que représente ce prix pour vous ?
C’est un honneur pour moi, un sentiment de joie, fierté et surtout ceci est un plus pour Fapel, la Guinée, car c’est un prix qui a hissé haut le rouge-jaune-vert. C’est donc une aventure qui n’a pas été facile pour nous mais après toutes ces récompenses, c’est un grand honneur.
Tantôt vous avez souligné l’appui de l’Etat dans cette aventure. Pouvez-vous en dire un peu plus ?
La ministre de l’Industrie Mme Louopou Lamah, sincèrement je dois avouer moralement, financièrement, elle nous a accompagnés. Elle était à notre écoute, c’est ce qui est très important d’ailleurs. Ça fait 20 ans je suis dans ce domaine, il y a eu beaucoup de salon auxquels j’ai participé, je dirai que c’est la seule ministre qui m’a écouté, elle a eu le temps même de faire des suggestions avec ce sentiment moral, et aujourd’hui grâce à tout çà nous revenons avec ce prix. C’est ce qu’il faut pour ce pays, et, je sens qu’il y a un changement positif maintenant, si la Guinée continue dans cette direction, vous allez voir plusieurs inventeurs dans le domaine de l’industrie. Mon souhait aujourd’hui, c’est que à travers des innovations faire une vitrine à Conakry, des dispositifs de pompage manuel et aussi une unité de transformation de la mangue en farine pour faire le pain, couscous, et beaucoup dérivés. Et, voire-même une pâtisserie dédiée à la mangue. Mme la ministre est prête à accompagner l’idée, nous sommes en train de voir au niveau des centres pilotes de Conakry, à Enta, si nous pouvons installer cette unité avec l’appui de l’Etat guinéen. C’est donc une première pour moi, c’est un sentiment de fierté.
Quel sera votre prochain défi ?
C’est l’industrialisation des dispositifs des pompages, manuels, hybride et solaire. Assoir une unité de transformation de la mangue en farine qui va créer assez d’emplois, parce que pour la première année on peut créer jusqu’à 2 000 emplois pour des femmes et jeunes, j’en suis sûr. Déjà à travers ce salon nous avons eu beaucoup de partenaires qui veulent des représentations dans plusieurs pays. Imaginez aujourd’hui vous avez les couscous de mangue, c’est sûr que les partenaires ont aimé multiplier ces innovations, même le ministre de l’Industrie de la Côte d’Ivoire veut accompagner ce projet dans son pays. En côte d’Ivoire d’ailleurs nous avons des partenaires avec lesquels on a signé des conventions. C’est le cas de Bouaké où ils vont planter plus de 5000 plans de mangue l’année prochaine. Parce que chez eux, ils ont une mangue qu’on appelle la quinte, c’est une mangue très prisée en Côte d’Ivoire, ils voudraient donc travailler pour transformer cette mangue en farine. Mais je voudrais que ça commence par mon pays, que l’avantage commence à se sentir à travers la population guinéenne. C’est pourquoi d’ailleurs je sollicite l’appui du chef de l’Etat, le colonel Mamadi Doumbouya pour que ce projet aboutisse et que la saison de mangue prochaine, qu’on ait ces unités de transformation complétement installées, l’expertise technique est là (…).
Nous avons la fabrication des déshydrateurs pour sécher les fruits et légumes, les machines de la transformation de la mangue en poudre, des tambours pour faire le couscous, toutes ces techniques sont là, il suffit juste d’accompagner l’idée. Il faut être sûr qu’avec la fabrication de la farine de mangue, nous serons indépendants du blé qu’on importe chez les occidentaux. Aujourd’hui dans le monde entier, depuis le début de la guerre de Russie-Ukraine il y a une crainte de rupture des céréales du blé et autres. Alors pourquoi ne pas créer quelque chose de nutritif ?
Au cours du salon, on a fait gouter aux visiteurs cette poudre, le taux d’humidité c’est comme la farine, mais à la différence, la farine, on ne peut pas la manger comme ça avant préparation alors que la farine de mangue, vous pouvez la manger, faire des crèmes couscous et plusieurs autres dérivés…
Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 664 72 76 28
Créé le 29 juillet 2023 11:53Nous vous proposons aussi
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