Corruption à l’hôpital de Mamou: des femmes témoignent…

Des patients pris en charge à l'hôpital de Mamou
MAMOU-Malgré la gratuité de césarienne annoncée par le Président de la République, dans certains centres hospitaliers du pays, des médecins « indélicats » continuent de racketter des femmes venues accoucher.
 
C’est le cas à l’hôpital régional de Mamou, où plusieurs femmes césarisées affirment avoir payé de l’argent pour leur opération. Un service pourtant gratuit sur toute l’étendue du territoire national. 
 
Dans une enquête réalisée par notre rédaction régional, plusieurs femmes confient avoir été obligées de payer par exemple des kits avant d’être césarisées. Mariama Sadio Barry est l’une des victimes.
 
 « J’avais entendu à la radio que la césarienne est gratuite. Mais moi, mon mari avait payé de l’argent pour cette opération. Il ne le savait pas. C’est quand nous sommes rentrés à la maison qu’il me l’a dit. Quand tu arrives, les médecins vont te dire qu’ils n’ont pas de kits à la pharmacie. Pourtant souvent on dit à la radio que la césarienne est gratuite. Moi je vous informe que ce n’est pas vrai nous souffrons beaucoup ici », a confié cette femme, prise en charge à l’hôpital de Mamou. 
 
Comme elle, une autre femme qui a requis l’anonymat nous explique comment elle a été opérée à l’hôpital régional de Mamou.
 
 « Quand nous sommes venus, ils nous ont dit que je ne peux pas accoucher de moi-même. Il va falloir une intervention chirurgicale. On a accepté. Apres ils ont réclamé de l’argent à mon mari. Je ne m’en souviens plus de la somme exacte. En tout cas c’est beaucoup. Je leur ai demandé si la césarienne n’est pas gratuite. Ils ont répondu que les kits sont finis à la pharmacie. Donc c’est une ordonnance qu’ils vont prescrire pour nous et on va aller l’acheter. On n’avait pas le choix. Finalement mon mari est parti chez les pharmaciens qui se trouvent derrière la cour de l’hôpital pour chercher les kits. A son retour un médecin l’avait même demandé pourquoi il n’a pas donné l’argent afin qu’il commissionne un stagiaire sans qu’il ne se déplace lui-même », a témoigné cette dame sous anonymat.  
 
Interpelé sur ces révélations, le Directeur General de l’hôpital régional a rejeté en bloc ces accusations. Le Dr Kader Camara indique la décision du  Président de la République, rendant gratuite la césarienne doit être respectée. Il a soutenu que personne  n’est venu se plaindre chez lui et que  cette décision du Président est suivie à la règle dans cet hôpital. 
 
« Depuis quelques années, la césarienne est gratuite sur l’ensemble du territoire national par une décision du chef de l’Etat. C’est cette décision que nous mettons en application. Lorsqu’on dit gratuité il faut le mettre entre guillemets. Parce qu’il  y’a toujours quelqu'un qui paye. C’est l’Etat qui donne des subventions. Il est vrai que ces subventions ne sont pas régulières, mais quand même il le fait », a expliqué le médecin, expliquant qu’une bonne partie des recettes de l’hôpital est utilisée pour l’achat des kits d’accouchement.
 
Même l’accouchement simple est prise en charge par l’état, a renseigné le Dr Kader Camara précisant que la direction de l’hôpital contrôle tous les jours ce qui se passe. 
 
« Mais lorsque vous avez 10 agents à gérer, vous avez 10 problèmes à gérer. Mais nous faisons le maximum de nous-mêmes pour que cette gratuité soit respectée. Si des cas nous parviennent, des preuves qu’on a retiré de l’argent à une femme, une césarisée, nous allons vérifier. Si c’est vrai, nous exigerons à celui qui a pris cet argent de rembourser et nous allons le chasser de ce poste. En plus il sera mis à la disposition de la D.R.S (direction régionale de la santé). Car il aurait violé une décision présidentielle qui est en faveur de la population. Nous devons prendre toutes les dispositions pour que cela soit respecté », a déclaré le Directeur de l’hôpital.
 
« Je vous informe que nous avons des kits qui sont là, rien que pour la césarienne. A n’importe quelle heure que vous venez, vous n’avez pas besoin de courir par ci par là. Les kits sont dans l’armoire de la salle d’accouchement. Mais pour une intervention qui n’est pas la césarienne on paye les kits. En 2013, on avait ici un agent de santé qui avait pris de l’argent avec une femme césarisée, c’était une stagiaire. J’ai fait une note de service la mettant dehors. On est rigoureux là-dessus »,  soutient le Dr Camara.  
 
Interrogées, certaines femmes en état d’urgence aggravée, et qui manquent de moyens dénoncent la négligence de certains médecins. Face à ces dénonciations, Dr Camara rétorque : « nous sommes des agents assermentés. On ne peut pas négliger les femmes qui souffrent », a-t-il soutenu. 
 
« il y’a tout juste une semaine, à 2 heures du matin, l’équipe de garde m’avait appelé parce qu’ils ne pouvaient pas mettre main sur des gens qui devraient être opérés. Je suis sorti à cette heure tardive pour venir voir les patients qui étaient là. Moi-même je suis allé chercher les agents. Je suis resté avec eux jusqu’au-delà de 3 heures du matin. C’est quand ils sont rentrés au bloc que je suis parti. Donc on ne peut pas faire ça. Il faut qu’on respecte le serment », indique Dr Kader Camara. 
 
Toutefois, il faut signaler que nombreuses sont ces femmes de Mamou qui continuent de dénoncer des cas de « corruption » à l’hôpital. Il n’y a pas longtemps, par manque de moyens, une femme aurait perdu la vie et une autre a perdu le bébé dans son ventre pour non assistance de l’équipe de garde à l’hôpital régional de Mamou. 
 
Affaire à suivre 
 
Habib Samake 
Correspondant régional africaguine.com 
A Mamou 
Tel. : (00224) 623 093 998
       
Créé le 24 janvier 2017 08:53

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