Confidences du syndicaliste Abdoulaye Sow : »Pourquoi la FESABAG a boycotté la grève… »
CONAKRY-Pourquoi la FESABAG (Fédération syndicale autonome des banques et assurances de Guinée) n’a-t-elle pas suivi la grève déclenchée par l’inter-centrale CNTG-USTG ? Aboulaye Sow, le secrétaire général de cette organisation syndicale donne les raisons. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, il répond également à son adjointe Marie Yvonne Coumbassa qui l’accuse d’avoir violé les statuts de la FESABAG.
AFRICAGUINEE.COM : On sent un bicéphalisme au sein de la FESABAG depuis le début de la grève déclenchée par l’inter-centrale CNTG-USTG qui s’insurge contre l’augmentation des prix du carburant à la pompe. Pourquoi avez-vous boycotté la grève?
ABDOULAYE SOW : Il n’y a pas de bicéphalisme puisque nous sommes 26 membres au sein du bureau exécutif, il n’y a que deux qui ne sont pas avec nous. Sur les 26 membres, 23 ont signé la décision, on l’a étendu à l’assemblée générale des travailleurs du secteur à la bourse.
Lorsque nous avons analysé la situation, la précédente grève en 2016, quand on devait passer de 10.000 GNF à 8000 GNF le litre, il a été mis en place un comité de négociation composé de fonctionnaires uniquement; Il n’y a aucun élément du secteur privé dans ce comité dont le président est Mamadou Mansaré (…). En 2016, le prix du litre devrait être à 4500 ou 5000. Nous avons été surpris que le comité de négociation vienne nous dire qu’ils se sont entendus, que l’Etat est en difficulté et qu’on accepte le prix à 8000. Pendant ce temps, il n’y avait que la FESABAG qui avait grevé, tous les fonctionnaires étaient à leur bureau. Nous avons été victimes de retenus sur salaire par rapport aux dispositions du code du travail.
Cette fois-ci on devrait se concerter pour voir comment on va grever et qu’est-ce qu’on va faire. Ils ont refusé la concertation. Nous sommes venus voir le comité de négociation qui avait mis une stratégie en place. Cette stratégie consiste à faire des grèves perlées. Le guinéen ne connait pas la grève perlée. Parce qu’elle signifie qu’on grève trois jours, on arrête, après on reprend encore. Le guinéen ne connait pas ça. En plus on parle de service minimum. Un service minimum dans une banque équivaut à l’ouverture de la banque parce que la caisse est ouverte. Et le métier de banquier commence par la caisse. Ça veut dire que le client a la possibilité de venir verser de l’argent, il a la possibilité de retirer de l’argent. Est-ce qu’il va chercher mieux ? NON.
En plus, l’inter-centrale, tous ceux qui la composent, ils n’ont jamais accompagné la FESABAG dans une grève. Donc nous condamnons, mais nous estimons qu’ils n’iront pas jusqu’au bout. Ils vont nous faire le même scénario qu’en 2016. C’est en ce moment que nous avons convoqué le bureau exécutif national de la FESABAG, on s’est réuni, on a discuté, on a apprécié le problème dans tout son environnement, nous avons fini par nous accorder sur une conclusion; Celle qui consiste à ne pas suivre l’inter-centrale, mais condamner et replier vers notre corporation pour regarder après avec nos patrons comment on peut soulager la souffrance des travailleurs. C'est-à-dire corriger la perte du pouvoir d’achat. Voilà les mobiles par rapport auxquels nous avons décidé en bureau exécutif.
Mais on s’est dit que cela était insuffisant. On a dit qu’on va aller vers les travailleurs. Nous avons convoqué une assemblée générale des travailleurs à la bourse. Les travailleurs ont massivement répondu. Nous avons échangé avec eux. Il y a un adage qui dit que « chat échaudé craint l’eau froide ». Ils se sont dit qu’ils ont été trompés la fois dernière, ils ne veulent plus être trompés et donc qu’ils sont d’accord avec la décision prise par le bureau exécutif national de la FESABAG. Lorsque vous êtes en accord avec vos mandants, qu’est-ce que vous devez faire ? C’est d’appliquer la décision. Et c’est ce que nous avons fait. Elle ne dépend ni de lambda ni de beta. Elle dépend du bureau exécutif, ensuite de l’assemblée générale des travailleurs dans son écrasante majorité. Voilà ce qui a amené la FESABAG à prendre une telle décision.
Madame Oliano et le 2ème secrétaire général adjoint que vous avez suspendus vous reprochent d’avoir violé les statuts. Que répondez-vous ?
Il y a le tribunal du travail. Ils n’ont qu’à le prouver. Nous on a agi conformément aux textes. Si quelqu’un estime qu’il est lésé dans cette prise de décision, il agit comme il veut. Ça ne nous laisse ni chaud ni froid. En ce qui nous concerne, nous avons agi conformément aux textes et conformément à la volonté du bureau exécutif et de l’assemblée générale des travailleurs. Je ne vois pas de problème.
Ce que je voudrais rajouter, si quelqu’un porte une accusation contre un individu, qu’il en apporte la preuve. Il ne s’agit pas de dire tel a fait ceci, il a fait cela. Mais il faut que l’intéressé apporte la preuve. C’est facile de dire tel a pris 50 milliards ou 100 milliards, mais où est la preuve? Quand tu allègues, il faut prouver au moins la preuve de ces allégations. C’est tout. Je suis un homme qui agit conformément aux textes et à la décision de l’assemblée générale. Je suis serein. La FESABAG est une et indivisible. Il n’y a pas deux FESABAG ni trois.
Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
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Créé le 12 juillet 2018 13:09Nous vous proposons aussi
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