Confidences de l’artiste Sékouba Kandia : ‘’Quand mon père chantait… ‘’

Sékouba Kandia Kouyaté

CONAKRY- L’artiste guinéen Sékouba Kandia Kouyaté, fils du célèbre chanteur Sory Kandia Kouyaté vient de faire des confidences sur son feu père. Sory Kandia Kouyaté était un artiste hors pairs doté d’une puissante voix. Ses chansons ont traversé les frontières et ont contribué au rayonnement de la musique guinéenne en Afrique et dans le reste du monde.  


Son fils Sékouba Kandia Kouyaté qui vient de rejoindre l’ensemble instrumental de Guinée se rappelle de son père lorsqu’il était adolescent. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le nouveau  leader de l’orchestre Ensemble Instrumental de Guinée s’est exprimé sur plusieurs sujets. Exclusivité Africaguinee.com !!!

 

AFRICAGUINEE.COM : Dans quel état d’esprit avez-vous accueilli le choix de votre personne comme leader de l’Ensemble instrumental de Guinée ? 

SEKOUBA KANDIA KOUYATE : Je remercie le bon Dieu qui nous a donné ce beau jour. Quarante (40) ans après la mort de mon père, je suis venu à sa place à l’Ensemble Instrumental. Un orchestre symphonique, un groupe vraiment génial, exemplaire et unique en Afrique.  C’était une joie pour moi. L’Ensemble  a fait sa carrière depuis 1961. Donc, il  y a eu des successions de génération en génération et de directeur aussi. Quand mon tour est arrivé en décembre dernier j’étais très enchanté. 

Depuis votre installation qu’avez-vous fait ?

Nous évoluons, parce que vous savez la vie c’est un conflit de générations. Surtout qu’aujourd’hui nous sommes en train de mondialiser ces ouvres africaines. Nos aïeuls ont laissé des traces et du bon travail. De nos jours, avec la mondialisation, quand l’occident nous apporte de la technologie, nous aussi nous exportons notre culture.  

Qu’est-ce que vous avez comme projets actuellement ?

Nos ambitions sont énormes, parce que nous voulons donner une image à ce groupe sur le plan international. J’ai fréquenté beaucoup de grandes scènes ailleurs, j’ai assisté à des festivals. J’ai rencontré pas mal de groupes africains et de l’occident. Nous aussi nous avons des potentialités, des valeurs, des talents. On veut vraiment porter cette culture guinéenne très loin. Cette culture qui a été  depuis 1958 le porte flambeau de la musique africaine. Nous avons des ambitions  pour aller jouer avec les orchestres symphonies de Paris et nous avons des connexions pour travailler avec certains membres de la sous-région.  Le Mali et la Guinée c’est la même culture. Nous avons des artistes là-bas aussi qui ont des talents et vraiment nous pouvons faire un mélange culturel, pour vendre l’image de l’Afrique et de l’ensemble instrumental  de Guinée. 

Quels sont les souvenirs que vous gardez de votre défunt père Sory Kandia Kouyaté ?

Nous avons beaucoup de souvenirs, il y a  trois choses dans la vie de l’Homme qu’il trouve à sa naissance. On ne choisit pas un père ni une mère ni un frère. Je suis fier d’avoir un papa comme Sory Kandia qui a été un homme model. Un bon père de famille et qui a vraiment initié ses enfants sur la bonne voie, qui nous a montré que nous sommes des djelys (griots, ndlr), la déontologie du djely qui est une continuité. Il a valorisé ce noble métier. Il a été une icône de la musique africaine de Guinée. J’ai de grands souvenirs de lui en dehors de son travail. A la maison familiale c’était un bon père. Il  reste dans notre cœur et dans notre mémoire pour l’éternité.

Qu’est ce qui vous a beaucoup marqués chez lui ?

Quand il chantait, il chantait avec son cœur.  Ça  me touchait beaucoup, le message qu’il véhiculait. Il a servi la nation, l’humanité, parce qu’il a conçu ses œuvres pour l’éternité. Donc ses hommes de modèle quand ils chantent ils le font avec une conviction. Donc, il chantait avec tout son cœur et plein d’amour, ça me faisait pleurer, ça faisait pitié et ça me touchait. C’est quelqu’un qui a réconcilié des peuples, des familles, des foyers à travers sa voix, ses timbres vocales, sa mélodie, ses paroles. Il nous éduquait et nous enseignait. 

En ce moment vous aviez quel âge ? 

 J’avais entre 14 à 16 ans. C’est un père que j’ai beaucoup aimé,  auquel j’étais beaucoup m’attaché.  

Est-ce que c’est ce qui a vous a poussé à être artiste ?

Oui, ça a été une passion, mais avant la passion je suis griot. Père griot et mère griotte donc c’est dans mon sang. Malgré qu’on peut être griot sans exercer le métier. Mais pour l’exercer il faut avoir le don et l’amour.   

Votre épouse  Sona Tata est  aussi artiste. Quel est votre  secret ? 

C’est très simple, toute chose de la vie c’est l’éducation et la conviction de l’homme.  L’éducation c’est la base. Dieu merci j’ai épousé une femme qui a été bien éduquée et qui vient d’une grande famille comme moi. Donc on a formé un couple avec notre conviction pour avoir des enfants qui peuvent être plus que nous et plus que leurs grands-parents. Ça ne se fait qu’à travers l’éducation, cela crée la complicité, l’amour dans le couple.  

Quels sont vos  moments de succès qui vous ont fortement marqués dans votre carrière ?

Il y en a eu beaucoup, parce que nous avons fait des tournées mondiales jusqu’à Londres, Australie et la Nouvelle Calédonie. Ça me fait plaisir de voir des anglais qui dansaient et qui étaient contents à travers ce que nous chantons dans notre langue locale. Seule la musique peut faire vibrer comme ça des centaines et des centaines e personnes. A travers le rythme, le feeling de la musique, ça crée le sentiment et le goût et ça fait exciter l’Homme. Vraiment j’ai beaucoup aimé les tournées que nous avons faites.

Quels messages véhiculez-vous dans vos chansons ?

Je suis griot avant d’être artiste nous sommes les témoins oculaires de l’histoire du manding. Nous avons des valeurs sociales et culturelles en Afrique dont on ne peut le trouver nul par ailleurs. C’est une fierté pour nous. Donc l’Afrique c’est le berceau de l’humanité. Le continent de l’avenir, c’est une valeur sociale pour nous. Il faut chanter pour l’amour et la paix, la solidarité et conseiller les futures générations pour leur dire que l’Afrique à ces talents. Nous avons notre culture, donc nous les africains nous devons nous donner la main. Quand l’Afrique sera unie ça sera très beau. Donc la déontologie d’un griot c’est la paix, l’amour et l’éducation des enfants et du monde. Tout  est basé sur ça.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de vos activités culturelles ?

Il y a des difficultés partout dans la vie. J’en ai vécus beaucoup. Que tu le veuilles ou pas, il y a toujours des difficultés, des coupeurs de route mais ce ne sont que des kérogènes pour moi. On ne peut pas être aimé et accepté par tout le monde. Mais l’homme doit se battre pour que tout le monde t’accepte. Tu dois pardonner, écouter c’est ça l’homme idéal.

Avez-vous des projets particuliers pour la culture guinéenne ?

Mes projets pour la culture guinéenne nous voulons mettre  l’expérience que nous avons accumulée  de part et d’autres et ce que nous avons reçu de nos aïeuls, de nos parents, à la disposition de la Guinée. Le monde évolue, les gens disent que le monde a changé mais non c’est les gens qui changent. Aujourd’hui, la mondialisation fait que nous devons s’adapter, la culture est une pièce d’identité d’une nation, la culture c’est un passeport d’un pays. Sans la culture d’un pays il n’y a pas d’histoire pour ce pays ni d’avenir. La culture guinéenne est très mosaïque, il faut les exploiter  et nous avons des talents dans l’ombre. Il faut les faire découvrir, faire connaitre et exploiter leur savoir à travers la culture. On peut le faire et on peut vivre dans la paix et l’amour.

 

Interview réalisée par Bah Aissatou

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 655  31 11 14

Créé le 14 octobre 2018 12:11

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