Conakry: Témoignage choc de Mami Soumah, victime de violence conjugale
FORECARIAH- L’histoire remonte le vendredi 9 avril 2021, à Maférinyah, une sous-préfecture située dans Forécariah. Une jeune femme mariée et mère de trois enfants a été "sauvagement" battue par son beau-frère qui l'accuse d’infidélité.
La victime, Mami Soumah a failli perdre son œil. Sur son corps, il y a des œdèmes un peu partout. Les images de son visage ensanglanté ont abondement été commentées sur les réseaux sociaux. L'auteur de cette violente bastonnade n'est autre que Abdoulaye Conté, jeune frère d’Amara Conté, mari de Mami. Cette mère de famille a de la peine à ouvrir son œil gauche blessé et bandé. Son front est également enveloppé de bandes suites aux blessures. Se tordant de douleurs, Mami Soumah a encore de la peine à décrire les circonstances dans lesquelles elle a été battue par son beau-frère, Abdoulaye Conté. Son témoignage est bouleversant.
« Je revends de l’eau avec mes enfants à la gare voiture. Quand je suis allée au marché, mon époux m’a appelé pour me demander qu’est-ce qui ne va pas entre Abdoulaye et moi ? Je lui ai répondu que je ne savais rien. Il m’a dit que je le saurai bientôt. Je lui ai demandé qu’est-ce qu’Abdoulaye lui a dit. Il m’a dit qu’Abdoulaye lui a rapporté qu’il m’a aperçu en train de parler avec un conducteur de taxi-moto. Je lui ai dit que ce n’est pas vrai. Après, il m’a demandé de rentrer à la maison. J’ai informé mon grand frère de ce qui venait de se passer en lui disant que le nommé Abdoulaye est allé rapporter à son grand frère qu’il m’a pris avec quelqu’un qui serait mon petit ami.
Arrivée à domicile, j’ai commencé à préparer la nourriture. Entretemps, un motard que je ne connais même pas est venu me chercher pour me dire qu’un certain Issa me dit d’aller en ville à la demande du nommé Abdoulaye. Je n'ai pas voulu obtempérer par qu'il était en train de mentir sur moi. Le motard a insisté me demandant d’aller au commissariat parce que le jeune en question a été arrêté par Abdoulaye. Mais je lui ai dit que si je partais là-bas je ne dirais que la vérité car je suis croyante et je ne mentirai sur personne même devant mon mari. C’est ainsi que mon époux est venu nous trouver et m’a intimé de monter sur la moto et de lui remettre mon téléphone. Chose que je n’ai pas acceptée. Je lui ai demandé de me dire ce qui se passe pour que je puisse donner ma version des faits.
Mais il n’a pas voulu m'écouter. Il m’a dit d’arrêter de faire la cuisine et de faire sortir mes bagages de chez lui. Par la suite mon mari, son frère Abdoulaye et un de ses amis ont pris la moto pour retourner en ville. J’ai encore informé mon grand frère. Après, j’ai continué à faire la cuisine et quand j’ai fini, c’était le soir. Je suis rentrée dans ma chambre. Quelques instants après, le nommé Abdoulaye est aussi rentré. Il y a trois chambres qui nous séparent. Il est venu s’assoir devant sa porte en disant : ‘’ maintenant, l’épouse de mon grand frère a commencé à avoir des petits amis, elle fait du concubinage et découche avec ses amants. Elle est comme sa mère, etc. Lorsqu’il a commencé à insulter ma mère, je lui ai dit que je ne le laisserai pas faire. Quiconque insulte ma maman je ne le lui tolèrerais pas. Mais lui, il s’était préparé à me battre, il a fait sortir un gros bâton et a commencé à m’administrer des coups. J’ai appelé à l’aide mais personne n’est intervenu. C’est un monsieur robuste je ne pouvais rien faire contre lui. C’est ainsi qu’il m’a battue sauvagement avec des injures à l’appui. Il m’a frappée jusqu’à ce que j’aie commencé à saigner et à perdre connaissance. Il m’a laissé me croyant morte, c’est ainsi qu’ils m’ont envoyé à l’hôpital. Mon mari n’était pas là mais je peux dire qu’il est complice, tout comme sa maman et celui qui m’a battue", a relaté la jeune maman.
Face à la violence qu’elle a subie, Mami Soumah lance un appel à l’endroit des autorités, particulièrement au gouvernement. « Depuis vendredi, le jour où on m’a frappée, mon œil gauche me fait énormément mal. La douleur que je ressens est énorme, quand ça commence à me faire mal c’est tout mon corps qui en souffre. Je voudrais qu’on m’aide à recouvrer ma santé car je suis malade. Ensuite, le jeune Abdoulaye qui m’a battue, qu’on lui demande pourquoi il m’a traité de la sorte et toutes les personnes impliquées dans cette violence, que la loi soit appliquée contre eux et que le droit soit dit » plaide la victime.
L’activiste, Kadiatou Damaro Camara présidente de l’ONG AFD (Amical des filles pour le développement de l’Afrique) a, au nom de la victime, porté plainte contre le sieur Abdoulaye Conté devant le commissariat de Maférinyah. Elle promet de suivre le dossier jusqu’au bout afin que ce cas serve de leçon.
« La personnalité, la dignité et la liberté de la femme sont des valeurs sacrées et consacrées par les textes juridiques nationaux et internationaux qu’il faut respecter. En tant qu’organisation chargée de défense des droits de la femme et tant que personne humaine nous avons décidé de porter plainte contre la personne qui a fait ça. Parce que nous considérons cela comme un acte inhumain et nous le condamnons avec fermeté. Donc, nous avons décidé de prendre ce dossier en main pour que le bourreau puisse répondre de ses actes devant la loi. Mon équipe et moi nous nous sommes rendues à Maférinyah pour porter plainte devant le commissariat. Mais bien avant cela, nous nous sommes rendues sur le lieu, on a interrogé les voisines témoins oculaires des faits et qui ont confirmé la véracité de ce que la victime nous a expliqués tout en ajoutant que le monsieur en question est un habitué des faits. Il y a beaucoup de femmes qui vivent ces genres de violences, je les invite à prendre le courage et dénoncer car c’est leur droit. Cette affaire, nous n’allons pas l’abandonner tant que justice n’est pas rendue », a lancé Kadiatou Damaro Camara.
Selon l’activiste, le mari de la femme battue a été entendu au commissariat mais il a déclaré n’être au courant de rien.
Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : (0224) 664-72-76-28
Créé le 16 avril 2021 15:22Nous vous proposons aussi
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