Conakry: Médecins Sans Frontières organise une caravane de sensibilisation sur le VIH/SIDA
CONAKRY- "Mettre fin aux inégalités, Mettre fin au SIDA et Mettre fin aux pandémies", c’est autour de ce thème que l'humanité a célébré ce 1er décembre 2021, la 33ème journée mondiale de lutte contre le SIDA. En Guinée, l'ONG Médecins Sans Frontières et le Gouvernement ont mis cette journée à profit pour réitérer leur soutien aux personnes vivant avec le VIH/SIDA et de sensibiliser les populations à se faire dépister afin de connaître leur statut sérologique.
Dans la capitale Conakry, MSF a organisé une caravane de sensibilisation contre le VIH/SIDA. Partie de l'hôpital Donka, cette caravane est passée par le grand marché de Madina, le pont de Kenyen, Hamdallaye Concasseur, Bellevue pour finir à l'esplanade du stade du 28 septembre où des discours ont été prononcés par les officiels.
Plusieurs membres du Gouvernement ont pris part à cette cérémonie dont le Ministre de la jeunesse et du Sport, Béa Diallo, la Ministre de l'information et de la communication, Rose Pola Pricemou, la Ministre de la Promotion féminine, de l'Enfance et des personnes vulnérables, Aicha Nénette Conté, la cheffe de cabinet du Ministère de la Santé et de l'hygiène Publique, Kaïté Sall et plusieurs autres personnalités représentants les partenaires techniques et financiers de la Guinée dont MSF. Dans son discours, Khaité Sall, la cheffe de cabinet du Ministère de la Santé, s’est accentuée sur les obstacles qui freinent la lutte contre le SIDA en Guinée.
"Malgré les avancées que nous avons enregistré dans le cadre de la lutte contre le SIDA en Guinée, les inégalités des soins et des traitements ainsi que la survenue des pandémies restent autant d'obstacles sur le chemin d'atteinte des objectifs 95-95-95. Pour réduire ces inégalités, le Ministère de la santé a lancé la promotion de l'accompagnement psychosocial des personnes vivant avec le VIH/SIDA dans les structures de santé ainsi que dans leur environnement de vie quotidienne", a expliqué la cheffe de cabinet du Ministère de la Santé et de l'hygiène Publique.
"A la fin du premier semestre 2021, nous avons mis 65 447 personnes séropositives sous traitement antirétroviral sur les 113 337 estimés existants en Guinée. Dans le souci de rejoindre le cercle restreint des pays qui ont atteint l'objectif 95-95-95, notre pays devra renforcer le dépistage précoce du VIH chez les enfants nés des mères séropositives et poursuivre les dépistages à l'initiative des soignants dans nos structures sanitaires", a indiqué Khaïté Sall.
Selon l'ONUSIDA, 37,7 millions de personnes vivent avec le virus, parmi lesquels seulement 27,5 millions sont sous traitement Anti Rétroviral à travers le monde. En Guinée, 110 Mille personnes sont atteintes du VIH et seulement 48 Mille personnes sont sous traitement ARV.
"L'accès gratuit et égalitaire au dépistage du VIH est une façon de prévenir la maladie. Le fait de se faire dépister empêche la propagation du VIH et permet aux personnes vivant avec le VIH d'avoir une vie normale. En cas de positivité au VIH, le traitement antirétroviral (ARV) existe et est gratuit en Guinée comme le stipule la politique nationale. MSF et le Ministère de la santé offrent à ceux qui le souhaitent, la possibilité de réaliser un test de dépistage du VIH, gratuit, rapide (avec un résultat disponible après 15 minutes) et anonyme", a expliqué David Therond tout précisant que le dépistage du VIH réduit la mortalité car le diagnostic précoce permet de vivre positivement sans arriver au stade avancé de la maladie, aussi appelé SIDA.
"Détecter la maladie à temps et la traiter le plus rapidement possible permet d'éviter que les patients atteignent le stade avancé de la maladie. Or, en 2021, 65% des personnes dépistées positives dans le programme MSF avaient déjà atteint le stade du VIH avancé. A l'heure actuelle, l'accès au dépistage gratuit du VIH n'est malheureusement pas encore assuré de manière uniforme pour tous les guinéens et guinéennes et plus particulièrement, pour les populations clés et autres groupes vulnérables comme les adolescents, les femmes enceintes mais aussi celles et ceux qui refusent de connaitre leur statut à cause de la stigmatisation. En plus des barrières financières et géographiques, les barrières culturelles signifient que beaucoup de personnes ne se présentent pas pour des tests de dépistage en raison de la stigmatisation, de la discrimination et du manque de confidentialité. La stigmatisation tue alors que le dépistage précoce permet de continuer à vivre normalement", a précisé le représentant des MSF en Guinée.
Poursuivant, il a expliqué que son ONG et les autorités sanitaires guinéennes ont mis en place des stratégies pour permettre aux citoyens de se faire soigner facilement et gratuitement contre le VIH/SIDA.
"Pour garantir l'accès gratuit de la population guinéenne au dépistage VIH, Médecins Sans Frontières, en collaboration avec le Ministère de la Santé, appuient 8 structures de santé à travers Conakry. Environ 15 000 patients dont 1000 enfants de 0 à 18 ans sont suivis dans les structures appuyées par MSF dans les différents quartiers de Conakry dont Wanindara, Coleah, Gbessia port, Tombolia, Flamboyant, Dabompa, Minière et Matam. De janvier à octobre 2021, les structures de santé appuyées par MSF ont effectué plus de 1,000 dépistages volontaires avec plus de 20% de positivité ainsi que plus de 13,000 dépistages de femmes enceintes en consultation prénatale. Les équipes de MSF accompagnées par des membres d'associations de la société civile, ont effectué près de 5.000 dépistages dans la communauté (avec 3% de positivité)", a conclu David Therond.
A date, la Guinée dispose de 142 centres de dépistage volontaire et de 766 Sites de prévention de la transmission de la mère à l'enfant (PTME).
"Malgré ces efforts fournis, les difficultés persistent pour l'atteinte des trois 90 de l'ONUSIDA à l'horizon 2030, car seulement 62% de la population a accès au dépistage volontaire, 45% sont sous traitement et 23% seulement parviennent à la suppression de la charge virale. Comme vous le constatez avec nous, le 1er 90 est loin d'être atteint car les kits de dépistage sont souvent non disponibles dans les sites. Et les campagnes de dépistage communautaire sont de plus en plus rares tandis que le pays est confronté à 7.200 nouvelles infections par an. Au moment où certains pays se fixent pour objectif, l'élimination de la transmission de la mère à l'enfant, le diagnostic précoce des enfants et la prise en charge pédiatrique, en Guinée le défi est encore entier. Notre constat ressort que certaines femmes enceintes n'ont pas accès au dépistage et par conséquent, donnent naissance à des enfants séropositifs ce qui ne devrait pas être le cas. Aussi des enfants grandissent sans connaitre leur statut sérologique et les rares enfants dépistés positifs ne sont pas toujours mis sous traitement ARV", a expliqué la Présidente du RECAP avant de détailler les problèmes qui bloquent l'atteinte des trois 90.
Selon Aïssatou Bodjé Baldé, l'implication de la communauté et la disponibilité des intrants dans les sites favoriseraient l'atteinte du 1er 90. « J'exhorte les autorités et les partenaires à appuyer la Guinée dans ce sens. La défaillance de la chaine d'approvisionnement, les ruptures des ARV observées çà et là dans les sites de prise en charge notamment les molécules de la deuxième ligne et celles pédiatriques constituent un frein pour l'atteinte du 2ème 90, ce qui affecte dangereusement la vie des personnes vivant avec le VIH/Sida surtout celles de l'intérieur du pays. En ce qui concerne le 3ème 90 beaucoup de patients n'ont pas accès à la charge virale par faute de non-disponibilité des réactifs et de la non-fonctionnalité de certains appareils. La stigmatisation et la discrimination venant de la communauté et de certains personnels soignants, le coût élevé de certains examens (Radiographie pulmonaire, la transaminase, la créatinémie et autres) contribuent à l'abandon du traitement par certains patients", a ajouté Aïssatou Bodjé Baldé.
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel: 00224 666 134 023
Créé le 1 décembre 2021 22:11
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