Conakry: les “troublantes” révélations d’un militaire à la barre…

Camp Alpha Yaya de Conakry

CONAKRY-Le procès de quatre militaires accusés de révolte, vol d'armes et détention d'armes de guerre, incitation à commettre des actes contraire au devoir et à la discipline s'est ouvert ce jeudi 9 février 2017 au Tribunal militaire. 


Trois des quatre prévenus ont répondu présents à la barre, l'autre étant en fuite. Les Adjudant-chefs Ibrahima Sylla, Amara Kalaban et Oumar Condé,  sont arrivés au Tribunal très en forme, habillés sobrement en civil, portant des repose-pieds. 

Adjudant-chef Ibrahima Sylla ayant comparu en premier a reconnu tous les chefs d'accusations sauf un. le vol d'armes. Recruté en 2002 et marié à deux femmes, cet sous-officier du Bataillon Spécial au camp Alpha Yaya Diallo, explique qu'ils ont tiré pour réclamer de meilleures conditions de vie des militaires. 

"Reconnaissez-vous faits ?", interroge le juge militaire, Elhadj Sékou Keita. "Oui. Mais je ne reconnais pas pour le vol d'armes", répond l'adjudant-chef Sylla, expliquant qu'ils ont agi pour attirer l'attention de la hiérarchie militaire sur les conditions miséreuses de la vie des militaires.  "il faut qu'on paie les tenues, les chaussures dont une paire coûte jusqu'à 700.000 GNF. Les tenues on les  achète dans les mains de particuliers", a soutenu le jeune sous-officier. 

"Dans quelles circonstances avez-vous tiré et pourquoi la nuit ?", continue le juge. "On a tiré à 00heure pour ne pas que nos chefs nous repèrent", a-t-il dit. Plus loin il a laissé entendre qu'il a d'abord été appelé par son ami Ibrahima Sory (en fuite) qui lui a parlé des conditions de vie difficiles des militaires." Je l’ai dit que je ne vais jamais rentrer dans une affaire de coup d'Etat. Puisque j'ai juré de ne pas faire ça. Mais si c'est pour nos conditions de vie je suis prêt", soutient-il. 

Adjudant-chef Ibrahima Sylla souligne qu'ils ont  tiré pendant 30 minutes dans la nuit du jeudi au vendredi. Lui en personne s'est servi d'un PMAK, une arme qui appartenait à son père qui est décédé. 

A la question de savoir pourquoi il n'a pas rendu l'arme de son feu père, il a répondu qu'il l'a gardé pour sa propre sécurité. "Combien de balles avez-vous tiré ?", demande le Président du tribunal. "J'ai tiré 30 cartouches", renseigne-t-il. 

Et le juge d'enfoncer " à quels résultats vous attendiez-vous ?" A rien sinon pour attirer l'attention de nos chefs sur nos conditions de vie, réitère à nouveau. A la demande du juge de savoir le motif du choix du camp Alpha Yaya Diallo, Adjudant-chef Sylla a soutenu:" C'est là-bas que je sers", a-t-il avancé laissant croire que leur acte a porté fruit et que désormais leurs chefs seront beaucoup plus attentifs face aux conditions de vie des soldats. 

Dans son interrogatoire, le ministère public demande : "Est-ce que la réclamation collective est permise dans l'armée ?", interroge le procureur. "Non" a répondu le prévenu." Reconnaissez-vous avoir réclamer collectivement ?", poursuit le parquet. "Oui" a reconnu le jeune soldat.  

"Quelles étaient vos attentes en tirant en sommation ?" demande à nouveau le ministère public. "On s'attendait à la sortie des amis", déclare Adjudant-chef Sylla, soulignant plus loin qu'il ne regrette pas son acte. 

"Pensez-vous que c'est en tirant qu'on peut réclamer des droits ?, questionne le procureur." Pour ce cas là c'était la seule manière. Parce qu'après notre acte on a reçu les 20% d'augmentation de salaire. On est passé par la voie pacifique, on n'a pas eu gain de cause", déclare le prévenu. 

Quant à la défense, elle a soulevé des nullités de procédure.  Maître Rafiou Rajjah a demandé au Tribunal de suspendre l'audience en vertu de la violation des articles 72, 73 du code de justice militaire. 

Des nullités aussitôt rejetées par le Ministère public qui a accusé la défense d'être en manque d'éléments pour défende ses clients. "Il sait que les faits sont têtus, c'est pourquoi il veut nous amener dans des manoeuvres tendant à retarder le procès", a rétorqué le substitut du procureur Leno. 

Après cet incident qui s'est soldé par le retrait des avocats de la défense, le tribunal a renvoyé l'audience en huitaine. 

 

Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com 

Tel.: (00224) 655 311 112

Créé le 9 février 2017 15:33

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