Conakry : Début du procès d’un officier supérieur de l’armée guinéenne…
CONAKRY-Le commandant du Bataillon autonome des troupes aéroportées (BATA) a comparu en appel ce lundi 15 décembre 2014, à la cour d’appel de Conakry. Pour assurer sa défense, commandant Mohamed Lamine Diarra, soutient avoir été la victime dans ce dossier d’où il est accusé d’outrage à magistrat, a constaté sur place Africaguinee.com.
L’audience en appel du commandant Diarra aura été très courte ce lundi, puisqu’elle n’a duré qu’une trentaine de minutes avant d’être renvoyée au 29 décembre 2014. A l’entame, le juge audiencier a demandé d’abord à l’accusé les motifs de son appel après sa condamnation à six mois d’emprisonnement dont 3 mois assortis de sursis.
En réponse à la question du président de la cour, l’officier qui dirige la plus forte unité de frappe de l’armée guinéenne soutient : ‘’C’est moi qui ai été victime jour-là au tribunal. C’est moi qui ai été frappé’’, a-t-il affirmé.
Et au juge de revenir à la charge. ‘’Comment vous avez été victime ?’’, question le juge Seydou Keita.
L’officier qui est à la tête de 1.400 hommes explique: ‘’Ce jour-là je suis passé au tribunal avec ma sœur et sa fille qui a été violée. Dans un premier temps, je suis parti voir le procureur étant donné les relations intimes qui existaient entre nous, je lui ai expliqué le problème. Quand j’ai expliqué le problème, il m’a dit commandant Diarra va voir le juge d’instruction, il va te donner des explications sur le violeur. Quand je suis parti voir le juge d’instruction au nom du procureur, il n’était pas à son bureau. J’ai laissé ma sœur et sa fille au tribunal, je suis parti au BQG (Bataillon du Quartier Général, Ndlr) pour régler certains problèmes de mon unité. Entre 14h-15heures, je suis revenu suite à un appel de ma sœur qui m’a dit que le juge était revenu au tribunal. Quand je suis venu, je l’ai trouvé dans son bureau. J’ai voulu rentrer, il m’a dit ‘’non’’ qu’il était occupé. J’ai fait à peu près 45 minutes dehors en train d’attendre. Quand il m’a reçu finalement, je lui ai expliqué le motif de ma présence. Quand il a vu ma sœur et sa fille arrêtées au seuil de sa porte, il s’est énervé. Mais il m’a posé la question de savoir si j’ai pris un avocat. J’ai dit non. Je lui ai dit que je ne suis pas là pour un problème d’avocat. Je lui ai dit de me donner la position du violeur. Ensuite il s’est levé pour sortir en me disant que si je n’ai pas d’avocat, il ne me parlerait pas. J’ai dit non M. le juge s’il vous plait où se trouve le violeur. Il ne m’a pas répondu, il a voulu sortir. Je lui ai dit : Les violeurs sont des criminels. J’ai élevé ma voix. Quand j’ai élevé ma voix, il a crié en disant que c’est ce qu’il attendait. Je me suis vu déborder par les gardes pénitenciers. Tous les gardes pénitenciers qui étaient là-bas ce jour là plus les avocats qui ont enlevé leurs blouses sont venus se jeter sur moi. C’est grâce à mes deux gardes que j’ai échappé au lynchage. Voilà la situation des faits », explique le commandant du BATA.
Une explication que le président de la cour a eu du mal à croire. « Je ne te crois pas », rétorque le président de la cour, avant d’enchainer : ‘’Quand il (le juge) a dit qu’il ne vous parle pas sans la présence d’un avocat qu’est-ce que vous devriez faire en ce moment ? ‘’, Demande le juge au prévenu. Après quelques tâtonnements mêlés d’hésitation, le commandant Diarra répond : ‘’Je ne sais pas’’.
‘’Pourquoi vous avez obstrué le passage du juge ? ‘’, Enfonce M. Keita, ‘’Je n’ai pas barré le passage’’, s’est défendu le commandant du BATA. ‘’Pourquoi ça a dégénéré (entre vous)?’’, assène le juge. ‘’C’est son bruit qui a alerté la garde qui est venue se jeter sur moi’’, soutient le prévenu. ‘’Ça me parait invraisemblable’’ a fait remarquer le juge.
‘’Quel était votre état après 45 minutes d’attente avant de rentrer dans son bureau ? Avant de rentrer au bureau du juge étiez vous au courant que le présumé violeur était libéré par le juge d’instruction ? Vous étiez énervé avant de rentrer dans le bureau du juge? ‘’ Interroge le Procureur Général Baila Diallo. Le prévenu répond par l’affirmatif.
« L’évidence est là », déclare le juge Seydou Keita. ‘’Je ne m’attendais pas à ce que vous dites-là. Cela veut dire que vous n’avez pas regretté ce qui s’est passé dans cette affaire. On attendait une autre forme de défense. Ce qui est sûr vous étiez dans tous vos états ce jour. La réponse du juge Moralye Soumah ne vous a pas satisfait. Le fait de l’attendre pendant 45 minutes avant qu’il y ait un contact entre vous ne vous pas mis à l’aise. Vous êtes venus prédisposés dans son bureau et vous avez entendu ce que vous ne vouliez pas entendre de lui ’’, fait remarquer le juge Keita.
Le commandant du BATA dit regretter d’être allé au bureau du juge, répondant à une autre question du président de la cour.
J’ai 1400 hommes à mon actif…
‘’Est-ce vrai que continuez à menacer les gardes pénitentiaires qui s’étaient interposés entre vous et le juge ? ‘’, Demande le juge Keita.
‘’ Je suis un commandant d’unité. J’ai 1400 hommes à mon actif, chaque matin, je tente de me rassurer de leur bon fonctionnement. Jusqu’au soir je suis assis dans mon bureau à moins que mes chefs ne m’appellent. L’autre jour le chef des régisseurs est venu me saluer à mon bureau. Si je les menaçais, est-ce qu’ils allaient venir me saluer’’, a répondu le prévenu, qui soutient que son rôle est d’assurer la sécurité des citoyens.
Poursuivi pour ‘’Outrage à un Magistrat’’ le commandant Mohamed Lamine Diarra a été condamné à six mois d’emprisonnement dont trois mois assortis de sursis.
Ses deux gardes de corps ont également écopé chacun d’une peine ferme. Caporal-chef Frédéric Zézé Guilavogui a été condamné à deux mois d’emprisonnement ferme, le caporal-chef Moussa Keita a quant à lui écopé de la peine d’un mois d’emprisonnement ferme.
Affaire à suivre…
Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 655 31 11 12
Créé le 16 décembre 2014 10:06
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