CNRD, Quatuor, Dialogue, manifestation : Dr Ousmane Doré dit ses vérités…

Dr Ousmane Doré

CONAKRY-Que faut-il pour aider la Guinée à sortir de la crise dans laquelle elle est plongée ? Comment mettre fin aux manifestations meurtrière ? Comment rapprocher les positions pour l’ouverture du dialogue ? Dans la seconde partie de l’interview qu’il nous a accordée, Dr Ousmane Doré, président du MND (Mouvement National pour le Développement) livre son analyse.


AFRICAGUINEE.COM : Ces derniers mois la Guinée est plongée dans une crise sociopolitique, les manifestations de rue interdites sont souvent réprimées dans le sang. Quelle analyse faites-vous de ces évènements ?

DR OUSMANE DORÉ : Personne n’a intérêt que des citoyens perdent leurs vies dans la rue à cause des manifestations surtout dans un contexte où nous cherchons à édifier une nouvelle Guinée. Nous souhaitons que tout le monde puisse bénéficier des fruits de cette nouvelle Guinée. Que des gens perdent la vie pour quelle que raison que ce soit, c’est déplorable et regrettable. Pour nous, nous sommes à la croisée des chemins, notre pays veut amorcer un virage avec cette transition qui ne doit être ni longue, ni trop courte.  Ce qui nous permettra d’éviter un perpétuel recommencement. Il est clair que nous voulons que cette transition soit réussie. Pour ce faire, il faut nous faire violence sur nous-mêmes pour accepter un environnement paisible caractérisé par le dialogue. On ne peut rien résoudre dans l’affrontement. Le sens de responsabilité est attendu de tous les acteurs y compris ceux qui nous gouvernent aujourd’hui.

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 La charte elle-même n’interdit pas les manifestations, c’est un droit qui est consacré par la charte. Il y a l’appel au sens de responsabilité parce que nous sommes dans une situation fragile. Mais à supposer qu’on veuille passer un message pour exprimer un désaccord sur la marche de la transition, sur la gestion unilatérale de la transition, ça peut se faire dans les règles de l’art. Nous ne sommes pas le seul pays où les gens manifestent. Et donc, il faut penser à donner l’opportunité, ne serait-ce qu’une seule fois, de façon pacifique, laisser ce droit s’exercer sur un endroit bien précis. Mais je pense que tout cela peut se résoudre autour de la table du dialogue. Il faut que chacun mette la balle à terre. Ce qui est arrivé est regrettable, maintenant il faut diligenter des enquêtes parce que quelqu’un ne peut pas perdre la vie au cours d’une manifestation et que ça reste impuni. Des efforts ont été faits dans ce sens mais il faut aussi procéder à des interpellations.

Pour décrisper la crise, le premier ministre a pris des initiatives en nommant des facilitatrices et a entamé des tournées dans les sièges des partis politiques, mais le quatuor (ANAD, RPG arc en ciel, FNDC Politique et la CORED) a difficilement adhéré. Qu’en pensez-vous ?

Cette affaire du quatuor, je ne souhaite pas la commenter. Mais j’espère qu’ils reviendront à des meilleurs sentiments. J’étais à Abidjan il n’y a pas longtemps, j’ai eu à échanger avec le doyen Sidya Touré sur la question, on a discuté des positions des uns et des autres. Ce que je peux dire, la démarche du premier ministre est salutaire. Quand la situation est crispée comme nous l’avons en Guinée, ceux qui sont dans les arènes du pouvoir peuvent prendre l’initiative. C’est ce qu’il a fait en allant vers les coalitions politiques. Nous, nous l’avons reçu et avons exprimé notre sentiment par rapport à ce que nous attendons de ce cadre.

Le quatuor a par ailleurs rejeté les trois facilitatrices nommées par le premier ministre Dr Bernard Gomou. Comment comprenez-vous cela ?

On rejette le choix opéré parce qu’il n’y a pas eu consultation, c’est leur droit de penser comme ça mais ce n’est pas aussi fondamentale de dire ‘’on nous met devant des personnes qui ne sont pas à la hauteur’. Si ça avait été l’argumentaire, les acteurs politiques allaient demander par solidarité à ce qu’on change. Mais ce n’est pas des personnes qui ont été mises en cause, ce sont des dames qui ont quand-même une certaine expérience et qui ont été d’ailleurs saluées par l’ensemble des acteurs à part le quatuor. Il faut qu’on comprenne que ce qu’il y a en jeu, c’est quelque chose de plus grand que nous. Car c’est la Guinée. Il faut que notre agir politique reflète qu’on aspire à diriger un pays uni.

Sinon Dr Makalé Traoré vient du monde politique. Moi, j’ai fait une médiation entre la classe politique, j’ai travaillé avec elle et d’autres politiques, à l’époque le courant passait.

Nous avons toujours œuvré pour cet esprit de rassemblement. Il est clair, quand je parle de la transition, là où je dis il y a des signes inquiétants, j’ai noté beaucoup d’actes positifs, j’estime que ce CNRD a quand-même posé des actes très louables. Mais là où je suis un peu sur ma faim, c’est cette mission de Rassemblement. Si ce mot crucial de Rassemblement n’est pas au rendez-vous, je me dis qu’il y a problème. Le Rassemblement est le principal défi qui reste. Parce qu’ils ont dit Rassemblement pour le Développement, mais on peut oublier le développement si on n’est pas rassemblés.

Donc, je pactiserai avec le diable, si c’est pour aller vers cet objectif de rassemblement. Je l’ai fait lorsque j’étais tout nouvellement rentré aux premières heures du CNRD, lorsque nous avons rassemblé ces coalitions politiques à l’époque et nous étions comme un seul ensemble, nous avons fait un mémorandum adressé au CNRD que tout le monde a signé.  Si nous avons réussi ça, je ne sais pas ce qui peut amener à ne pas s’accepter, et faire en sorte que quelque soit celui est dans les démarches de la médiation que lui donne des bénéfices de doute, et qu’on soit juste de bonne foi et attendre que la procédure arrive à bon escient.     

Alors qu’on parle dialogue et rapprochement des positions, des leaders de l’opposition sont poursuivis par la justice, certains placés sous contrôle judiciaire et d’autres en détention. N’est-ce pas un frein ?

C’est pourquoi je dis que ça demande des efforts de part et d’autre. Le gouvernement est quand-même dans sa mission régalienne (…) Il faut interpeller, situer les responsabilités ou créer une situation où les gens savent les limites. Mais, l’autre version de la médaille, c’est que ce sont des gens dont vous avez besoin pour lancer le dialogue, un dialogue crucial pour la bonne marche de la transition. Donc, il y a un équilibrage à faire, ce n’est pas facile mais je pense que si ces interpellations ont eu lieu et ont conduit à des contrôles judiciaires, je suppose que ça peut permettre aux gens de savoir que l’heure n’est pas à la confrontation. Je sais qu’ils n’ont pas eux-mêmes organisées marches, ils ont apporté leur soutien à une entité qui aurait été dissoute mais, il y a quand même des voies et moyens pour qu’on se parle et éviter de tomber dans ça.

Je n’ai pas de blâme à distribuer, ni à l’un ni à l’autre des camps, mais ce qui est maintenant à espérer qu’on mette bal à terre. Nous avons intérêt à ce qu’il y ait le calme, la tranquillité pour qu’on déroule notre programme. C’est le CNRD qui a un programme à dérouler. C’est eux qui doivent délivrer ce qui est nécessaire pour que notre pays continue de rayonner en dépit du contexte particulier. Ils n’ont pas intérêt qu’il y ait ce trouble dans la cité. Ils ont plutôt intérêt à ce que nous allions ensemble. Je crois qu’avec de dialogue, ça nous laisse espérer de ce côté aussi qu’il y a des efforts de réflexion allant dans l’esprit de flexibilité.

De l’autre, ceux qui sont sous contrôle judiciaire dont les actions pourraient ne pas aller loin jusqu’à des condamnations, qu’ils comprennent qu’il y a un Etat, nous ne sommes pas dans un monde où on se lève pour faire ce qu’on veut surtout que des vies humaines tombent, je ne les attribue pas cela. Je vais dire l’action cautionnée qui était là a conduit à ça. Maintenant qui a fait ça ? Les enquêtes doivent le déterminer.

Les ex premiers ministres Cellou Dalein et Sidya Touré vivent en exil depuis plusieurs mois. Est-ce que leur absence peut favoriser un dialogue sincère ?

J’ai parlé avec le doyen Sidya lorsque j’étais récemment à Abidjan. Je pense qu’on peut s’imposer un exil. Mais on se l’imposer en disant si je viens chez moi mes parents sont braqués sur moi, on va m’appauvrir (…) et on décide d’être en exil. Je pense que si on prend dans ce sens, chacun peut être en exil, sinon je peux vous dire qu’il n’y a rien. Moi, je l’ai encouragé de revenir pour le dialogue. Et si c’est le dialogue, je pense qu’ils vont venir pour aider le pays à s’en sortir. Donc, ils peuvent venir, s’impliquer dans ce dialogue. Il y a eu des réformes, on les a saluées tous. Mais est-ce que la mise en œuvre est parfaite ? Peut-être pas. Quand on est là, on peut, mais on ne peut pas être à l’extérieur et tirer sur les choses dont on ne veut pas faire face. J’ai de la sympathie pour eux dans certains cas. Encore que pour la Nation, on peut accepter de venir faire face ses problèmes et contribuer à la sortie de crise.

Interview réalisée par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 76 28 

 

Créé le 8 novembre 2022 11:59

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