Chérif Bah, vice-président de l’UDFG :  » On fera un coup K-O… »

Ibrahima Chérif Bah, vice-président de l'UFDG

CONAKRY- L'Union des forces démocratiques de Guinée est très optimiste quant à ses chances de victoire à la prochaine élection présidentielle. Le parti de l'ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo croit à ses chances de gagner cette fois-ci face à Alpha Condé qui brigue un troisième mandat. Dans cet entretien, M. Ibrahima Chérif Bah, le vice-président en charge de la communication de l'UFDG, évoque les chances de leur candidat. Il répond aussi à certaines critiques formulées par les détracteurs du parti. Entretien exclusif !!!


L'UFDG a décidé de désigner Cellou Dalein Diallo comme candidat à l'élection présidentielle. Qu'est-ce qui a motivé cette décision ?

IBRAHIMA CHERIF BAH : C’était des consultations qui étaient en cours tant à l’intérieur de la Guinée qu’à l’extérieur. C’est-à-dire les fédérations du parti. Aussi des consultations au niveau de certaines personnes ressources importantes qui sont des conseillers du parti et d’autres personnalités utiles. Le fait d’aller à ces élections-là répond à un devoir de répondre à un appel du peuple. D’abord les consultations ont indiqué que 95% de nos structures, de nos organes et de nos militants veulent qu’on aille aux élections. Ensuite nous avons pensé qu’aller à ces élections, c’est répondre à cet appel parce que les guinéens comptent sur l’UFDG comme espoir de rechange, comme espoir de changement, comme espoir d’alternance en Guinée. Ceux qui pensaient au boycott ne sont pas réalistes parce qu’on ne peut pas boycotter une élection majeure de ce genre.

Une Assemblée Nationale on peut boycotter comme on a fait mais une présidentielle qui peut apporter la victoire à votre parti, cela peut changer tout. Quand vous gagnez la présidentielle, vous pouvez changer d'Assemblée, vous pouvez changer de gouvernement et changer la constitution. Donc, ce pour lequel les gens se battent aujourd’hui, la voie des urnes que nous avons opté est l’une des solutions pour arriver aux résultats. Bien-entendu nous continuons de nous battre sur tous les fronts pas seulement les urnes mais aussi d’autres moyens.

Cette candidature à quand même provoqué des scissions au sein du FNDC. On voit aujourd’hui que l’opposition est divisée, est-ce que cela ne fait pas l’affaire d’Alpha Condé ?

Je ne pense pas. Je pense que ceux qui pensent que c’est une fissure, à mon avis elle n’est que temporaire. Parce que je suis convaincu que les gens qui sont au FNDC ou qui y étaient partagent toujours le même but : lutter contre le 3ème mandat, lutter contre le pouvoir à vie et ils sont adeptes de l’alternance. Je suis certain que cette fissure-là va bientôt se refermer, les gens seront ensemble encore pour lutter. Et d’ailleurs la meilleure solution aujourd’hui, à mon avis c’est réunir toutes les forces dans un bloc commun afin de battre Alpha Condé dans les urnes et donc bloquer le 3ème mandat et réaliser le rôle du FNDC de même.

Tout de même on a suivi la décision qui a carrément exclu tous les partis qui ont décidé d’aller à ces élections. Est-ce que vous avez un pincement au cœur ?

Non pas tellement. Nous pensons que c’est une phase tactique pour le FNDC ce n’est pas stratégique. C’est pourquoi j’ai dit s’il y a fissure celle-là va bientôt se refermer parce tous ces gens, nous avons le même objectif. Mais ils pensent que le chemin que nous avons emprunté n’est pas bon mais nous, nous pensons qu’ils se rendront compte que c’était le bon chemin parce que de toutes les façons la lutte continue sur tous les fronts.

Aujourd’hui vos détracteurs disent qu’en participant à ces élections c’est de reconnaitre de facto cette nouvelle constitution et cette assemblée nationale. Que répondez-vous ?

Nous n’avons pas réussi à empêcher les élections, l’Assemblée Nationale est là, la constitution est là. Même si elles nous oppressent, nous n’avons pas un autre pays que la Guinée, nous sommes là, ils appliquent les lois là sur nous, ça nous oppressent. Mais nous pensons que le choix que nous avons fait d’aller aux élections permettra de résoudre les problèmes. Quand Cellou sera élu Président, on pourra remettre la Guinée sur les rails. Donc tous ces éléments pour lesquels nous luttons aujourd’hui vont être rapidement corrigés légalement et légitimement. Donc je ne souhaite pas qu’on nous trompe, que les gens qui sont pour le pouvoir à vie d’Alpha Condé jouent pour créer des divisions artificielles au sein du FNDC pour nous tromper.

A mon avis il n’y a pas une division, nous avons les mêmes objectifs. Et Elhadj Cellou a affirmé que nous continuerons à lutter de la manière la plus appropriée du moment pour la victoire. A un certain moment donné si c’est la rue, la rue va jouer. S’il n’y a pas d’autres recours, mais les urnes également c’est plus un recours parce qu’on est un parti démocratique.

Le président de la République a convoqué le corps électoral pour le 18. L'UFDG est-elle prête ?

Nous serons prêts, nous y allons sans hésitation, nous sommes mobilisés, nous sommes motivés pour aller. Et nous y allons pour gagner.

Qu’est-ce qui vous dit que cette fois-ci c’est la bonne pour l’UFDG ?

On croit que le pouvoir est FORT, Alpha Condé est fort, il a le trésor, l’armée, l’argent, la force publique, les institutions domestiquées. Mais ce n’est pas cela. La vraie force c’est le peuple, le choix des guinéens, leur légitimité, leur vision. Le jour qu’on a été déposer les dossiers du Président Cellou Dalein Diallo à la Cour Constitutionnelle, tout Kaloum nous a accueilli pratiquement. Or, on dit que Kaloum c’est le fief du parti au pouvoir, c’est là-bas le siège de la présidence. Ceci nous a déjà donné raison en montrant qu’on a fait le bon choix. Nous sommes sûrs que cette fois-ci 2020 est différent de 2010. Il y a un engouement populaire de rejet de ce régime.

Donc ce qu'on va avoir : on aura le vote ordinaire en faveur de l’UFDG qui est déjà un très grand vote, on aura le vote de rejet d’Alpha qui va nous profiter et les deux combinés nous gagnons. Nous allons surveiller les résultats. Tous les citoyens guinéens disent aujourd'hui qu’ils ne peuvent plus accepter qu’on leur vole les suffrages. Le vol des suffrages d’un citoyen est le plus grand vol (…). Depuis 2010, nous n’avons pas choisi ce régime on nous l’a imposé par la tricherie et par les fraudes. Les gens disent que ce n’est plus possible. Donc la combinaison de cet engouement populaire envers l’UFDG, le vote de rejet d’Alpha, plus le contrôle et la surveillance totale du vote, nous permettront de gagner.

Mais quand même Sidya Touré reste très sceptique quant aux chances de Cellou Dalein Diallo. Il dit qu'il n’a aucune chance de battre Alpha Condé. Qu’en dites-vous ?

Ça, c’est une approche mécanique. C’est-à-dire quand il combine tous les éléments existants tels que la CENI, le fichier, la force armée, l’administration territoriale, les préfets, les gouverneurs, c’est ça qu’il dit. Mais nous avons dit qu’il y a le peuple derrière. Le peuple a déjà rejeté tout cela en disant que c’est une fraude, ces gens-là sont des gens manipulés qui continuent à les oppresser. Donc nous nous comptons sur ça. Mais quand on raisonne mécaniquement on va dire que rien n’est possible, il ne faut pas y aller. C'est ce qu’il a fait lui, mais nous, nous y allons parce que nous avons l’espoir que le peuple veut le le changement maintenant et c'est cette année. Nous comptons sur ça.

Lors de la révision du fichier électoral dans vos fiefs, fondamentalement les gens n’ont pas répondu tellement à l’appel. N’est-ce pas un handicap ?

Nous avons appris que la mission d’experts de la CEDEAO qui est en cours actuellement au niveau de la CENI est en train de travailler sérieusement sur le fichier et qu’il pourrait avoir un fichier acceptable. Mais nous sommes sûrs que si on a un fichier quelque peu assaini, ça pourra être un atout pour nous pour pouvoir gagner et faire le plein. Dans nos fiefs les gens ont leurs cartes et nous allons les encourager à aller prendre leurs cartes. Parce que nous allons exiger un affichage, ils verront et ils vont réclamer leurs cartes, il faut qu’ils les aient. Nous disons à la CENI : conformément à la loi fondamentale, la constitution, tout citoyen reconnu citoyen guinéen en âge de voter, la CENI doit s’organiser pour qu’il puisse voter absolument.

Cellou Dalein Diallo tend la main à toutes les forces pour aller en bloc contre Alpha Condé. Qu’est-ce qui est envisagé à ce niveau en termes d'alliance ?

C’est vrai nous souhaitons qu’il y ait un mouvement d’ensemble envers ce candidat qui a plus la chance de battre Alpha Condé. Donc cet appel est normal et nous y travaillons. Les gens viennent vers lui parce que l’erreur du RPG arc-en-ciel c’est de croire que Cellou et l’UFDG sont isolés. Il y a beaucoup de partis qui viendront avec lui, à ses côtés et collaborer, travailler avec lui dans un front commun. Parce que ces gens sont convaincus que l’alternance est de ce côté-là et que c’est à travers lui qu’il y a plus de chance d’alternance pour ce pays.

L’UFDG vise quoi ? Est-ce que vous envisagez un coup K-O ?

On fera un coup K-O, on peut le faire. Je vous dis ceci parce que les résultats seront connus par bureau de vote dans tout le pays et dans le monde entier. Donc la CENI ne peut pas faire autre chose que de prendre les résultats des bureaux de vote. Je suis certain que ces résultats-là avec ce que nous connaissons aujourd’hui en Basse côte, en Moyenne Guinée et en Forêt et un peu en Haute Guinée, nous sommes sûrs que ces résultats-là seront en notre faveur et qu’un coup K-o est possible. Un deuxième tour c’est carrément l’écrasement. C’est-à-dire si nous allons au deuxième tour ça sera un rejet total du RPG arc-en-ciel à cause de son bilan entièrement négatif.

On voit depuis un certain temps des manifestations d’ordre social en Haute Guinée. Est-ce que vous allez surfer sur ça pour convaincre les électeurs lors de la campagne ?

Nous, nous défendons des valeurs qui sont importantes mais nous allons centrer sur la vie des guinéens au quotidien. Le paysan ne plus cultiver son champ parce que son champ n’est pas aménagé, il perd deux fois sa semence avant d’arriver à une récolte. Le cultivateur qui n’arrive pas à avoir son riz (…), le petit commerçant qui doit transporter sa marchandise paie deux fois le transport, il perd du temps, le prix augmente donc l’acheteur final qui est le consommateur perd. Donc c’est la misère. Les routes, le camionneur qui dépense des millions pour réparer son camion, la femme qui meurt encore en donnant la vie, la césarienne est encore plus payée qu’avant, il n’y pas de résultats.

Nous allons toucher la vie réelle des citoyens pour leur dire que vous ne pouvez pas accepter que de telle personne continue à vous gouverner. Il y a encore la dégradation totale des valeurs morales, quand on s’attaque à nos doyens, à nos références culturelles. Quand on attaque les khalifes, les imams, les kountigui c’est un manque du respect total pour les guinéens. Bien entendu il y aura toujours des fantoches qui viendraient à sékhoutouréa pour dire qu'ils sont de la coordination de tel ou tel pour essayer de colmater les choses pour impressionner la population. Mais ce n'est pas ça, c'est du faux. Le vrai est sur le terrain. Nous sommes sûrs que ces leaders d'opinions, ces leaders moraux de notre pays lorsqu'ils vont dire au peuple ne votez pas pour quelqu'un qui vous a frappés, qui nous a insultés il ne le fera pas, et ça sera le ras-le-bol.

Quel est votre dernier message ?

Je dirais simplement : guinéens ressaisissons-nous, ouvrons les yeux, voyons où est notre chance d’alternance, cela existe bel et bien, ne soyons pas désespérés, Elhadj Cellou Dalein Diallo est là à travers l’UFDG et les partis qui sont alliés à lui. Venez ensemble conquérir le pouvoir pour changer votre destin. Ne soyez pas fatalistes, vous pouvez le changer et 2020 c’est l’année du changement et on peut le faire.

Interview réalisée par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel: (00224) 655 311 112

Créé le 12 septembre 2020 18:56

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