Chérif Bah réplique : « Alpha Condé est encore opposant… » (interview)
CONAKRY-Ibrahima Cherif Bah, vice-président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) n’est pas d’accord avec le Président Alpha Condé qui reproche les anciens ministres d’être à l’origine du retard de la Guinée. Dans cette seconde partie de l’interview que l’ancien Gouverneur de la Banque Centrale nous a accordée, il donne son analyse sur la crise d’électricité qui a frappé le pays. Avec M. Chérif Bah nous avons également évoqué des sujets politiques et économiques : de l’inflation en passant par l’ambitieux projet de l’union monétaire ouest-africain, ce banquier de carrière qui reproche au régime actuel d’avoir déchirer le tissu social du pays, n’a occulté aucune question. Lisez plutôt.
Africaguinee.com : Quelles observations faites-vous de la crise d’électricité qui frappe la capitale Conakry ?
IBRAHIMA CHERIF BAH : Il y a eu tellement de dérapages dans ce domaine-là qu’on a accumulé un fardeau lourd. Si vous commencez déjà depuis Asperbras, depuis les TOMBO, depuis Kaleta maintenant on parle de Souapiti, Garafiri qui n’est pas bien entretenu, il y a eu tellement de crimes économiques commis dans ce domaine-là qu’il faut vraiment un changement de régime pour corriger tout ça.
Ah bon ? Pourquoi ?
Dans le dossier Asperbras, il y a plus de 100 millions de dollars disparus. Où sont partis ces millions ? A Kaleta il y a une surfacturation qui ne dit pas son nom. Certains estiment que le coût global c’est 300 millions de dollars alors qu’on est à 500 et quelques millions de dollars de coût. Tout ceci donne des supputations. Nous avons demandé qu’il y ait un rapport d’exécution du barrage de Kaleta. Mais maintenant on se rend compte que ce n’est pas un vrai barrage, c’est un barrage au fil de l’eau c’est comme si on laissait la rivière continuer son cours normal, on capte une partie, on restreint un peu l’écoulement. Pourtant, pour un vrai barrage on barre l’eau tout en préparant le chemin par où l’eau doit sortir avec force pour alimenter les turbines. Maintenant on dit que c’est Souapiti qui serait le vrai barrage, on dit que lorsque Souapiti sera fait, l’eau turbinée viendra alimenter Kaleta. Donc le barrage de Souapiti viendra alimenter celui de Garafiri, personne ne sait les montants investis pour ces barrages, ou les accords qui sont signés à cet effet.
Pourquoi le prix de l’énergie est-il très haut à la sortie des lieux des productions c’est-à-dire les barrages et les groupes thermiques ? Les américains disent qu’il n’y a pas de repas gratuit, c’est-à-dire que quelqu’un paye toujours pour le repas. Si vous construisez un barrage qui devrait coûter 300 millions et vous le facturez à 550 millions de dollars alors qu’il doit fournir une énergie accessible au consommateur moyen, alors que l’énergie sort à un coût de revient très élevé, il y a là un problème qui surgit. Cette quantité d’énergie doit normalement être accessible au guinéen moyen. Puisque les investissements effectués sont très chers donc très élevés, le prix de kilowattheure sorti des barrages et des sources thermiques se trouve lui aussi être très élevé. Cela veut dire que les montants détournés, volés, les surfacturations, les marchés de gré à gré, constituent un lourd fardeau qui impact sur le prix de l’énergie.
De la même manière si vous faites les groupes thermiques, si vous surfacturez, vous faites payer plus que ce qui se doit, ça va se répercuter sur le coût de l’énergie. Aujourd’hui donc, nous, consommateurs nous ne pouvons pas payer le coût de l’énergie à sa sortie des sources de production. Le gouvernement a peur de nous facturer une énergie chère à travers EDG parce que nous allons protester, nous ne serons pas d’accord. La différence donc qui sera réalisée entre le prix de la facturation et le prix de revient auquel EDG a reçu le kilowattheure, c’est la subvention de l’Etat. L’Etat subventionne pour éviter qu’EDG ne ferme, mais en subventionnant c’est votre argent, mon argent, l’argent de l’autre qui est dans les impôts collectés qui s’en va. Cet argent aurait pu aller à des hôpitaux, des routes, des écoles ainsi de suite. Donc le coût de la corruption nous fait subir un retard dans le secteur du développement social par exemple. Tout ceci c’est tellement lourd à corriger que le changement s’impose pour pouvoir corriger tout ça.
Pourtant le président Alpha Condé impute cette responsabilité aux cadres du régime précédent dont vous êtes issus. Que lui répondez-vous ?
(Rires !!!) J’étais très gêné de le regarder à la télé ces derniers jours. Le président Alpha Condé critiquait l’ancien régime sur le chantier de Souapiti, à côté il y avait Kassory, l’un de ses principaux collaborateurs d’aujourd’hui. Hier on était ensemble avec Kassory dans l’ancien régime. J’étais même gêné et j’avais honte pour lui parce que ce que le Président disait n’est pas imputable à nous. Il parlait des réalisations, il a commencé par le premier régime, ensuite le deuxième jusqu’au régime actuel. Oui il est vrai que les régimes doivent faire des grandes œuvres, des barrages, des infrastructures qui frappent l’opinion publique, que le peuple voit et retient mais il faut penser à la manière dont tout cela a pu être réalisé ?
J’ai donné l’exemple de l’énergie: là, plusieurs milliards ont été investis mais l’état est là, il ne s’agit pas de montrer que j’ai fait un grand barrage, c’est très joli, c’est impressionnant, vous allez en faire un autre? Il ne s’agit pas de montrer de grands barrages. Mais aujourd’hui nous voyons que l’énergie pèse sur notre budget donc elle pèse sur notre niveau de vie parce qu’on injecte des centaines de milliards pour compenser l’écart de coût énergétique. Les gaspillages et la corruption impactent sur nous tous. On ne peut pas donc comparer les réalisations du feu général Lansana Conté à celles du professeur Condé, ce n’est pas le même type.
C’est vrai Garafiri était un petit barrage de 75 MW par rapport aux besoins du pays, mais il y a eu les infrastructures routières et de franchissement des rivières importants qui ont été effectués. Je crois l’un dans l’autre l’équilibre global était mieux assuré avec Conté qu’avec Alpha.
Comment ?
C’est diffèrent sur tous les plans. Ce n’est pas sur le plan économique seulement, c’est trop différent. Le régime du RPG arc-en-ciel a commencé par augmenter la déchirure dans notre pays. C’est l’une des raisons pour laquelle j’en veux à ce régime, c’est cela en premier lieu. Nous sommes un petit pays de 12 millions d’habitants, c’est ce qu’on appelle une nation en construction parce que chacun sait ce que le pays a subi depuis des années, depuis 1958 nous savons dans quelles conditions nous sommes sortis des griffes du régime du PDG-RDA. Il a fallu un Lansana Conté pour empêcher la guerre civile en 1984 et en 2008 nous avons frôlé une situation catastrophique. Alors si quelqu‘un vient au pouvoir d’une manière aussi controversée, son devoir était d’abord de mettre les guinéens ensemble. Donc la principale différence entre Conté et Alpha c’est cela.
Conté en 1984 a dit: je sais ce que vous avez subi, je sais chaque famille a été endeuillée par les répressions féroces du régime PDG-RDA, mais calmez-vous, que personne ne se venge, reconstruisons notre pays ce sont des choses qui prennent du temps. Il a fait 24 ans au pouvoir, il était beaucoup avancé, et un autre vient déchirer son œuvre, mettre les gens en mal, stigmatiser les uns et les autres, c’est déjà une différence fondamentale. On peut détailler cela des heures et des heures durant ; mais j’ai résumé.
Maintenant un gouvernement qui veut des résultats pour un pays aussi petit que le nôtre, qui manque de personnels qualifiés, qui manque de cadres, le pouvoir peut mettre tout le monde ensemble et travailler pour avoir un résultat. Tu ne peux pas te permettre de perdre la contribution d’une autre frange de tes cadres que tu stigmatises, que tu élimines d’une manière ou d’une autre. Ceci a fait que les cinq premières années de ce régime, il se cherchait, d’abord le manque d’expérience, la mauvaise gestion était déjà en place, l’administration était à terre. C’est tout ceci qui a fait que nous vivons comme cela aujourd’hui.
J’aimerai revenir sur une autre phrase du président Condé qui dit souvent j’ai trouvé un pays pas un Etat. Je ne suis pas d’accord. Un Etat veut dire quoi ? L’Etat c’est l’administration, les ministères, les directions nationales, les fonctionnaires qui travaillent et qui mettent en œuvre des procédures qui sont décrites pour faire marcher l’administration au service du développement. Aujourd’hui bien au contraire l’Etat est à terre (…) En 2008 quand Conté quittait jusqu’en 2010 au moment où le pouvoir revenait à Alpha, il y avait l’Etat. Un exemple au temps de Conté quand on nommait un ambassadeur, il prend le décret et il attend son départ. Ce sont les professionnels des affaires étrangères qui faisaient le travail. C’est ça l’Etat. Ils prennent son billet, ceux de sa famille, le conteneur des bagages de sa famille est préparé. C’est en ce moment qu’on vient à la maison pour dire Monsieur l’ambassadeur votre dossier est prêt, votre voyage est confirmé pour tel jour.
Au temps d’Alpha, si vous êtes nommés, c’est vous qui devez-vous lever aller faire la cour à tout le monde pour arriver à ce résultat. Alors où est l’Etat ? Il n’y a pas d’Etat. L’Etat veut dire que le fonctionnaire fait son travail selon les procédures décrites. Donc Monsieur le Président je regrette, il y avait un Etat avant qui n’était pas performant à 100% mais aujourd’hui cet Etat est à terre. Aujourd’hui il n’y a pas d’Etat, pas de procédures, tout est laissé à la volonté des gens parce qu’il y a des militants fonctionnaires, c’est le Parti-Etat tentaculaire et inefficace.
Alpha Condé est encore opposant, il critique les autres, il oublie que depuis 8 ans il est au pouvoir alors qu’il n’a rien pu changer. Le changement n’est pas effectif, il faut changer le changement alors. Nous, nous allons changer le changement puisque lui ne veut pas changer. Je l’avais entendu un jour, j’avais eu honte ce jour-là. C’était à la tribune mondiale des nations-unies se vanter pour dire qu’en Guinée on a réussi à uniformiser les comptes du trésor national, c’est-à-dire le compte unique du trésor. J’ai dit si ceux qui l’écoutent et comprennent cette notion qu’ils vont se moquer de la Guinée. Nous l’avions fait au temps du gouvernement de Sidya Touré. Le guichet unique des entreprises c’était en 1997 que nous avions fait aussi. L’autre point également où j’avais eu honte pour la Guinée c’est lorsque mon président a dit, qu’il a appris à l’étranger ceci: Monsieur le président dans votre pays, les montants affectés au projet ne sont jamais décaissés, c’est-à-dire la capacité d’absorption des montants est très faible, 30% seulement. Il vient et il répète cela en Guinée. J’avais honte parce qu’il devrait apprendre ce chiffre en Guinée, pas ailleurs. C’est son ministre du plan qui gère les projets financés par l’étranger qui aurait pu lui dire Monsieur le Président il y a des lenteurs. Ce qui explique cela aussi c’est l’absence de l’Etat et de procédures.
Si vous entendez un non décaissement pour les projets ça veut dire que les fonctionnaires dans les ministères chargés de suivre tel ou tel projet n’ont pas travaillé correctement. Parce que chaque bailleur de fonds a ses procédures pour décaisser l’argent qu’il affecte au projet. La Banque Mondiale, la BID, toutes ces institutions et les japonais chacun a ses procédures. Alors si vous venez dans un ministère, vous dégagez tous ceux qui étaient là parce qu’ils sont soupçonnés d’être membres de l’opposition, vous mettez vos militants RPG comme des fonctionnaires, tout sera à reprendre. Ces gens-là n’ont pas eu la formation. Ceux que vous avez chassé avaient été formés par l’argent du peuple, ils travaillaient là, c’est ça l’Etat. Ces gens nouveaux ont mis du temps à apprendre parce qu’ils n’ont pas la base pour maitriser ces procédures compliquées.
Évidemment le bailleur de fonds attend, si vous n’êtes pas en mesure de signer correctement le décompte, le projet reste là et si l’argent reste longtemps sans être décaissé, il y a toutes les chances que ces financements retournent et soient affectés à d’autres pays plus performants tels que le Sénégal ou le Rwanda par exemple. Puisque là-bas, l’Etat existe à travers des fonctionnaires qui travaillaient correctement sur les projets, qui produisent un taux de décaissement sur des projets importants. Ici en Guinée l’Etat est tombé, les procédures, les fonctionnaires et leurs compétences, leur probité tout ceci est tombé. Aujourd’hui il n’y a ni pays ni Etat. Le pays il l’a déchiré, il y des crises sociales partout. L’Etat est Tombé, que Dieu nous sauve !
Le président Alpha Condé vient de déclarer qu’il ambitionne de ramener le taux d’inflation à 2% à l’horizon 2020. Pensez-vous que ça soit possible ?
Ce sont des illusions. D'abord les taux calculés l'année dernière, sont faux, on l'a déjà démontré, on l'a expliqué déjà. Et le taux d'inflation de 2018 est prévu à 8,2% et la croissance 5,8%. La croissance de 5,8% est médiocre pour un pays qui veut être émergeant. Un pays qui se dit émergeant tel que le Maroc par exemple, ou les asiatiques à l'époque la Malaisie, les Corées et autres, il faut un taux de croissance d’au moins de deux chiffres pendant plusieurs années consécutives afin de bâtir la base de croissance. Même la Côte d'Ivoire est loin d'avoir fini de mettre les bases de la croissance. Mais non, on s'amuse là avec 5,8% de croissance. C'est médiocre, c'est honteux pour la Guinée. Et je vous informe que les taux calculés en 2017 à savoir les 6,6%, est faux. Pourquoi, parce qu'ils ont dit il y a dans les services un certain accroissement par exemple les compagnies téléphoniques, les compagnies d’hydrocarbures. Ils ont dit aussi que c'est principalement l'agriculture. Or là, moi j'ai des preuves palpables que c’est faux, puisque moi-même je suis agriculteur.
Je peux dire que mes parents paysans de Koba, une zone agricole par excellence, ont perdu leur niveau de vie de 40% à 50%. Moi je cultive mon riz toujours dans cette zone, c'est ce que je consomme, pas le riz importé. Dans les années passées ma récolte restait jusqu'à la nouvelle récolte. En 2017, ma récolte est finie bien avant la prochaine récolte et les cultures qu'on a faites dernièrement, nous avons perdu non seulement en semence mais aussi en temps de travail. Vous lancez votre semence dans la plaine l'eau n'est pas maîtrisée ou l'eau manque ou l'eau est de trop. Au moment où vous avez lancé la saison sèche approche, votre rendement est presque coupé en deux. Les paysans de mon village souffrent. Et quand je me réfère à la Guinée, ça c'est un exemple. Et je sais également qu’il n’y a pas eu d’aménagements agricoles importants dans notre pays pour dire que les paysans ont pu augmenter leurs rendements ou leurs surfaces cultivés; non il n'y a rien eu de tout cela. Seulement ce dans le bassin de koundian qu’il y a eu un début d’aménagement sans production importante connue à ce jour.
Et j'ai la preuve que dans les gros villages de la Forêt qui ne connaissaient jamais du riz importé aujourd'hui ils mangent du riz importé. Donc l'agriculture n'a pas du tout progressé. Et si on vante la croissance sur ça c'est faux. Les gens se sont fondés sur les estimations fausses du gouvernement. Donc c'est faux. Il y a aussi deux incohérences, on dit que la Guinée a gagné 10 points en matière de doing-business. Ça veut dire que moi homme d'affaires quand je viens en Guinée c'est facile de monter mon affaire et de travailler. Donc vraiment c'est bon. Mais au même moment la Guinée a perdu 5 points dans la corruption. On était 142éme on est descendu 147éme pays corrompu. On est dans les 29 pays les plus corrompu du monde. Comment voulez-vous avoir un pays plus corrompu et un pays qui à la fois prospère dans les affaires ? C'est incohérent. Et c'est pour cela qu’il n’y a pas des créations d'entreprises nouvelles et la jeunesse est au chômage. Donc les budgets ne sont pas très différents par rapport à 2017-2018 c'est un statu quo. Encore dans les mines on continue à nous piller. Nous préparons des chiffres pour cela. Nous préparons bientôt une émission sur les mines; les chiffres seront ajustés à fin décembre 2017. On va vous les donner.
Vous estimez que faire chuter l’inflation au chiffre de 2% est une illusion ?
Oui c'est une illusion. C'est prévu 8,2% en 2018.
Quel est votre avis sur le projet de l'union monétaire ouest-africain à l'horizon 2020 ?
Là je parle en tant qu’ancien gouverneur de la Banque Centrale. Oui c'est faisable, oui c'est favorable. Là, on est d'accord avec lui mais il n'est pas seul, nous sommes 6 pays la Guinée, la Gambie, le Ghana, la Sierra Léon, Liberia et le Nigeria. 6 pays de l'Afrique de l'ouest qui ont actuellement des monnaies nationales autonomes. Bon, face aux grands ensembles, nos pays sont trop petits pour gérer des monnaies autonomes et être bons et efficaces. C'est pour cela que durant toute ma carrière de Gouverneur de la BCRG, j'ai lutté pour qu'il y ait cette zone monétaire pour l'Afrique de l'ouest. Non seulement les pays à monnaies autonomes aujourd'hui, mais aussi les pays de la zone CFA pour qu'on se tienne un ensemble unique, un marché unique. Et c'est faisable ! Il suffit simplement d’une forte volonté politique des dirigeants. A mon avis, si 3 pays décidaient aujourd'hui, le Nigeria le géant africain, le Ghana un pays bien géré ou un État qui fonctionne et la Guinée qui a un prestige du point de vue souveraineté africaine, s'ils décidaient d'aller commencer ils peuvent le faire. A condition d'une bonne gestion économique monétaire et financière parce que il y a des critères de convergences. Il y a des critères à respecter.
Des critères de base monétaire, de déficit budgétaire, le taux d'inflation, l'endettement de l'Etat ainsi de suite. Et là il faut un bon gouvernement pour tenir cela. Je sais que monsieur le Président est pour l’intégration en tant qu'africaniste dit-il mais, la gestion interne du pays, il n'est pas prêt. Il n'est pas prêt; on n’est pas prêt à remplir les critères de convergence. Il y a une forte volonté qui existe mais il faut réaliser cela de pays en pays afin de faire la convergence plus tard. Je partage l'opinion qu'on peut très bien faire la monnaie ouest africaine.
Comment l’UFDG est en train d’aborder les élections communales ?
J’ai circulé dans la zone de Basse Guinée, et j'ai senti un vrai engouement des citoyens pour les élections. Parce que ces élections-là auront matérialisé la décentralisation du pouvoir au niveau de la population à la base. Elles sont concernées ça les intéresse et il y a aussi un engouement envers notre parti l'UFDG. La population voit, sent l’UFDG comme la seule alternance possible qui peut les sortir de la misère. Je ne vous cache pas que l'un de nos meilleures allié sur le terrain c'est la mauvaise gestion par ce régime de nos affaires publiques et la misère qui frappe la population. (…) Dans les villages les gens n'en veulent plus de ce régime, ils veulent le changement. Et donc l'UFDG est prête.
C'est pour cela qu'elle a présenté 100% des listes dans les 38 communes urbaines du pays et dans les 287 communes rurales, elle a seulement omis de présenter dans 17 communes rurales. Les listes n'étaient pas prêtes à la date de clôture du 26 Décembre 2017. Alors comme notre Président est légaliste: il a dit écoutez c'est fini, c'est fini vous n’êtes pas prêt d'envoyer nos listes à la date du 26 malgré la prolongation des 6 jours, moi j'arrête. C'est pour cela qu'on a critiqué la CENI qui a laissé dans certaines circonscriptions le RPG et le GPT sortir leurs premières listes déposées pour faire une alliance et déposer une nouvelle liste où ils sont alliés. Là, la CENI on les a mis en garde. Ça c'est déjà des débuts de fraudes. Nous avons dit que ces élections locales sont et seront le début de la fin de fraude en Guinée. Puisque les électeurs, les élus sont concernés directement. Ce n'est pas Cellou ou Alpha ou tel député c’est eux qui sont élus comme maires, comme conseillers municipaux, comme chefs de quartiers; comme chefs de districts. Ils sont concernés ils ne veulent pas qu'on les triche. Ils veulent bien que la voix qui est destinée à Soumah ne soit pas envoyée à Keïta.
On a vu des alliances qui pourraient causer des ennuis à l'UFDG. Il s’agit en l'occurrence dans la commune de Dixinn. Ne craignez-vous pas de perdre cette commune ?
On ne craint absolument rien ! Parce qu'on sait que la population est avec nous. C'est-à-dire qu’aujourd’hui ces élections montrent comment le gouvernement gère nos fonds. Cette malgouvernance financière, aujourd'hui toutes les régies : impôts, trésor, port autonome, douane partout où l'Etat peut tirer de l'argent sans le mettre dans les caisses de l'Etat il le fait pour acheter les consciences. Les guinéens sont habitués à ça depuis que le régime d'Alpha Condé est là. Il a injecté beaucoup d'argent par hélicoptère, par voiture, par des moyens multiples… mais ça ne nous effraye pas. Vraiment à Dixinn nous sentons effectivement qu'il y a une cristallisation là. Tous ceux qui sont opposés à l'UFDG sont cristallisés dans un groupe. Et ce monsieur qui dit qu'il va donner Dixinn au RPG, mais il se trompe puisque Dixinn ne lui appartient pas. Dixinn appartient aux Dixinkas, ceux qui habitent là, ceux qui vont choisir leurs dirigeants. Donc le RPG avec ce monsieur seront punis à Dixinn. Les citoyens vont faire leur choix. Ils vont utiliser leur bulletin de vote comme arme pour les punir. On n’a aucune crainte à Dixinn et ni ailleurs.
Votre dernier message ?
Un dernier mot global ! Pour le moment nous disons que ces élections locales qu'on n’a pas pu tenir depuis plus de 10 ans, vont être un symbole pour montrer que la Guinée va vers la démocratie, vers la décentralisation qui amène le peuple à gérer ses propres affaires locales. Nous souhaitons que le processus continue. Nous souhaitons que ce régime enfin termine la transition. En finissant ce processus là et en installant la Haute Cour de justice. Nous souhaitons que le peuple de Guinée en choisissant l'UFDG à ces élections locales prochaines indique bien au régime d’Alpha Condé qu'il veut le changement et qu'il va le changer en 2020.
M. Bah merci
Merci monsieur Diallo
Interview réalisée par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 655 311 112
Créé le 30 janvier 2018 10:17Nous vous proposons aussi
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